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Marcel Duchamp, la peinture de l’escalier même

 

Cette page s’appuye sur l’exposition sur Marcel Duchamp au Centre Pompidou, fin 2014. Elle est titrée "Marcel Duchamp La Peinture même" car au départ il est peintre, le "même" se réfèrant à son grand oeuvre "Le Grand Verre" ou "La mariée mise à nu par ses célibataires, même" (image et explications), commencé en 1910 et déclaré inachevé par l’artiste en 1923.

 

Le Grand Verre
1915-1923
(image réduite en
raison des droits d’auteur ;
voir la réplique du Centre Pompidou)
   
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images du Nu de Marcel Duchamp : courtoisie Philadelphia Museum of Art / clic=zoom

 

 

l’artiste : Marcel Duchamp (1887-1968)

Marc Chagall peintre 

Marcel Duchamp vers1930

 

> plus d’info sur Marcel Duchamp

en sa Normandie puis à Paris, Marcel Duchamp apprend le dessin et la peinture auprès de son grand père et de ses frères, tous artistes ; après un Bac artistique mais un échec à être admis aux Beaux Arts, il décide d’être peintre autodidacte, plutôt médiocre, mais fréquente la communauté intellectuelle de l’époque et devient joueur émérite... de billard avec Juan Gris !
Toutes les tendances de l’époque le tentent mais aucune ne lui convient ; alors dans les années 1910 il produit des oeuvres complexes, hermétiques, dans un agencement d’objets divers ; il expérimente les effets de la chromophotographie à laquelle on devra ce "Nu descendant l’Escalier" qui lui ouvre les portes du succès aux USA en 1913 (dont il prendra la nationalité en 1955).
Il s’écarte de la peinture pour réaliser les premiers "ready-mades" en rupture avec la tradition artistique et révolutionne la notion académique de l’art ; il est reconnu comme dadaïste (années 20) puis surréaliste (années 30) ; dans les années 40 il expérimente les premières "installations", objet de performances artistiques éphémères autour d’expérimentations cinétiques.
Dans toute son oeuvre il est préocccupé par le temps, la vitesse, la décomportion des mouvements ; le cinéma lui ouvre un nouveau champ d’expériences.
Une première gande rétrospective de ses oeuvres en 1963 à Pasadena consacre son rôle précurseur de l’art contemporain.

 

l’oeuvre : Nu descendant escalier

 
Marcel Duchamp, l’escalier même !

une des étapes de la progression vers le Grand Verre est le fameux Nu Descendant l’Escalier ; le contexte de l’époque s’y prêtait particulièrement :

> le cinématisme en ce début du 20è siècle a été autant inspiré par les chronophotographies de la fin du siècle d’avant que par le mécanisme ; la question était de savoir comment représenter le mouvement en peinture

 

nu montant (sic) un escalier,
attribué à Etienne-Jules Marey,
chronophotographie, v1882
 

 

Marcel Duchamp s’est toujours démarqué

en 1910 Marcel Duchamp est donc peintre (souvent assez moyen) ; confronté aux styles de ses collègues maintenant célèbres (les fauves, etc), il s’intéresse au symbolisme, puis au cubisme, puis au futurisme ; chaque fois il fait ses propres recherches pour comprendre la perception optique et sa représentation.
Très vite il dépasse tous ses collègues en inventant une expression tournée vers le mélange du mécanique et de l’organique, frisant le surréalisme (avant l’heure) et l’ésotérisme dont le Grand Verre est le summum ; à ce stade il n’est plus question de peinture au sens habituel

 

l’élaboration du Nu descendant l’escalier

ce Nu est le marqueur du Duchamp d’avant la grande guerre (d’ailleurs voyez comme l’oeuvre est vénérée(à gauche). Quand, comment est-elle venue ? assez vite puisque l’ensemble du processus qui y mène a pris moins de 2 ans ; quant à la démarche de recherche :

> elle part d’une timide mais ravissante interprétation du cubisme par ce "A propos de jeune soeur", 1911, qui ne tente pas encore de représenter les faces cachées (le droit aux images nous empêche de vous montrer certaines oeuvres)

 

 

 

> mais ces faces multiples apparaissent dans La Dulcinée, 1911, sous une forme plutôt originale : ce portrait d’une seule femme est dupliqué en cinq parties partiellement superposées.
Toutefois le tableau ne représente pas encore le mouvement : "un bouquet de fleurs" commente la commissaire ; pourtant déjà Duchamp y avait songé : "au lieu de montrer simultanément les parties j’ai répété le sujet comme s’il était en mouvement" ; l’intention y est mais le résultat peu explicite si l’on ne sait qu’il s’agit d’une même personne

 

Marcel Duchamp,
Dulcinée, 1911, 146x114
(courtoisie MOAPhiladelphie)

> une peinture annonce une suite déterminante : le Jeune homme triste dans un train (l’image réelle est moins sombre), 1911-12, qui aborde le mouvement différemment.
Mais là encore, le résultat est partiel : c’est le train qui bouge, l’homme semble endormi, du coup le tableau manque de dynamisme...

 

 

 

> parallèlement en 1911 Marcel Duchamp s’attèle à la première version du Nu descendant un escalier :
la représentation franche du mouvement apparaît, comme une sorte de captation de la photo stroboscopique Marche de l’homme de Etienne-Jules Marey, vers 1886 (haut de cette page) ; dans cette version Duchamp prend bien soin de s’expliquer en écrivant le titre sur la toile et en montrant clairement l’escalier

 

 

Marcel Duchamp,
Nu descendant escalier n°1, 1911
(courtoisie MOAPhiladelphie)
   

> il n’explique plus rien sur la 2è version -1912, la vraie- où même l’arrière-plan disparaît presque ; le gros plan est porté sur la mécanique du sujet ; sans les préparations antérieures, on aurait du mal à comprendre immédiatement ce tableau, s’il n’était si célèbre !

<< le Nu descendant l’escalier, 1912, en version finale :

 

 

> une troisième version (à droite) a été récemment découverte dans le Château de Moulinsart, mais elle n’est pas encore certifiée !

 

Marcel Duchamp,
Nu descendant l’escalier, 1912, 146x89
(courtoisie MOAPhiladelphie)

 

 

 

plus d’infos :

> l’exposition au Centre Pompidou
> le Philadelphia Museum of Art
> la communauté Marcel Duchamp
> que reste-t-il du surréalisme chez les artistes actuels ?

 



 

 

 

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