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l’artiste professionnel et son argent

artiste, vis-tu de ton art ?

les succès démesurés des artistes-stars et maintenant des designers-stars est un leurre : hors des circuits VIP et de l’art-finance, les rémunérations des artistes deviennent plus modestes si ce n’est faibles, aussi quantité d’artistes ne vivent pas de leur art ; peut-on alors les considérer comme des "artistes professionnels" ?
Cette situation existe depuis toujours ; ce qui est nouveau est l’écart croissant entre la masse et le monde VIP, lequel magnétise l’attention et occulte les réalités
Dans cette page :

 

 

 

 

 

 

 

 

Alicia Penalba, originaire d’Argentine
Hommage à César Vallejo 1960 bronze
Eduardo Arroyo, originaire d’Espagne
Réflexion sur l’Exil 1976 huile
(courtoisie MNHI)
clic=zoom

 

 

> à voir au Palais de la Porte Dorée
(Musée de l’Immigration)
jusqu’au 22 janvier 2023
> attention : handicapés ou peu
mobiles s’abstenir, grands escaliers
et pas d’ascenseur pour le public…

 

(reportage par Mme Claude Léger)

 

 

 

 

 

Ahmed Cherkaoui, originaire du Maroc
Le couronnement 1964
(courtoisie CNAP)
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l’argent des artistes illustré par une exposition :

> lorsqu’ils ont migré à Paris après la guerre, si certains ont bien réussi, la plupart de ces artistes n’avaient pas un sou, nous l’avons oublié ! qui sont-ils ?
> nous sommes entre 1945 et 1975 : la France perd le leadership de la création plastique au profit des Américains ; mais si "l’école de Paris" n’est plus, son aura internationale reste forte
> alors bien des artistes étrangers rêvent de Paris comme centre d’innovation, brassage de cultures, liberté de pensée, foyer d’avant-gardes où l‘ouverture d’esprit bénéficie du support de nombreux ateliers, musées et galeries. Effectivement la création y est souvent encouragée et féconde, les expositions nombreuses et la possibilité de recherches picturales et d’idées nouvelles promue. Des centaines d’artistes étrangers s’installent donc à Paris, soit pour fuir les contraintes, soit s’imprégner des grandes oeuvres de l’histoire, soit se mêler au foisonnement créatif venu du monde entier avec des cultures variées

 

> ceux là ont innové et ont fait de Paris un point de rencontre et de fécondité, traduite par des styles très différents, une créativité métissée d’individualités où se confrontent aussi bien la Chine avec Zao Wou-Ki, la Hongrie avec Vasarely, l’Amérique latine avec Soto, le Portugal avec Vera da Silva, et cette vingtaine d’autres célébrités choisies pour cette exposition, synthèse exceptionnelle dans un lieu qui l’est tout autant

 Ahmed Cherkaoui artiste

 

artiste, vis-tu de ton art ?

 
cette question : "peut-on encore vivre de son art ?" ne concerne pas seulement les artistes, elle intéresse aussi les amateurs d’art qui estiment que même si l’oeuvre d’art est chère, elle ne fait pas forcément vivre son auteur, alors va-t-il continuer son métier d’artiste ou disparaître progressivement de la scène, ainsi que son oeuvre (et l’investissement du collectionneur) ?
 

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Statistiquement le plasticien professionnel moyen français n’est pas riche : sa rémunération nette en régime libéral est de l’ordre de 1900€ [source : 2012, UNASA : Union Nationale des Associations Agréées] : insuffisant pour vivre en famille. Or pour qu’il garde sa liberté de création, l’idéal est qu’il ne vive que de son art.

Alors l’artiste doit souvent faire un autre métier, même temporairement ou partiellement, à moins d’être soutenu par un tiers ; l’exemple de John Salter est frappant : voir sa bibliographie, lien en bas de page ;

 

ce n’est pas du tout l’opinion de David Hockney, qui dit sur Francis Bacon à ses débuts : "quand j’ai l’ai rencontré la première fois, de tous les peintres dont j’avais entendu parler, c’était le seul qui n’enseignait pas : c’était donc un véritable artiste !" [Yasmine Youssi, Télérama du 02/06/2012] ; propos extrême...

> on peut être artiste et aussi leur conseillère : telles étaient les activités complémentaires et oh combien compatibles de Brigitte Camus

 
Brigitte Camus, Amour fou 3, 2012
(courtoisie l’artiste) / clic=zoom

 

> François Boisrond représente un cas fréquent : enseigner, métier peu chronophage : peintre prometteur dès sa sortie des Arts-Décos en 1981, il est la même année co-fondateur de la Figuration Libre ; 18 ans après il devient professeur aux Beaux-Arts de Paris.
Sa cote est correcte (entre 1’000 et 10’000€), il expose en Europe parfois dans des lieux prestigieux, est représenté par la Galerie Louis Carré : une carrière stable lui permet de développer lentement un style original, bien réfléchi et sûrement évolutif. Bel exemple d’un professionnel talentueux qui réussit

> cette oeuvre de 1996 est représentative de son style intermédiaire entre celui des débuts, volontairement simpliste, et l’actuel plus élaboré

  François Boisrond
François Boisrond, La mort de Narcisse, 1996,
acrylique sur papier, 34x48 (courtoisie Galerie Couturier)

 

qu’est-ce qu’un artiste professionnel ?

 
souvent se pose cette question, par exemple :
 - lors d’une sélection d’artistes pour un concours, une subvention, une résidence
 - lors d’un achat par un collectionneur, qui veut s’assurer de la pérennité de l’oeuvre qui le tente

> vivre de son art implique de vendre ses oeuvres, c’est plus qu’une vérité : un axiome...

Cependant bien des écoles non seulement n’enseignent rien ou presque de la vie concrète qui attend l’artiste promu, mais se plaisent à leur faire réaliser des installations invendables, alors même que la conjoncture n’est plus à subventionner des artistes pour le plaisir des seules institutions

 
> ces instruments ont certainement une
signification passionnante, au moins
caustique, mais qui achètera cela ?

 nous taisons par charité l’auteur
et l’école qui en sont l’origine
  François Boisrond

en France, où l’on aime le tampon du fonctionnaire, est reconnu "officiellement" :
> celui ou celle qui s’inscrit à un organisme de couverture sociale (Maison des Artistes...) ou/et un organisme de protection des droits (liste ici)
> ou/et qui prouve sa compétence en ayant suivi une formation d’art et obtenu un diplôme reconnu
> ...et qui paie ses impôts, cotisations et taxes dans ce cadre professionnel

 chez les anglo-saxons le statut compte moins, c’est la réussite qui détermine la compétence et le talent ; c’est donc le marché privé et public qui prouve la "valeur" de l’artiste, reconnu si :
> sa cote est établie, celle aux enchères comme celle constatée sur le marché libre
> son cursus matérialisé par son Curriculum Vitae est bien garni en expositions en galeries, musées, etc, et en collectionneurs (ceux-ci sont moins réticents à se faire nominativement connaître qu’en France, où l’on se méfie du fisc).
On rejoint ici le thème de l’argent : celui qui est un vrai professionnel est celui qui peut faire de son art sa profession, sous-entendu en vivre.

Cela cerne la question mais n’est pas suffisant ; on oublie les nombreux vrais artistes, diplômés ou autodidactes, qui n’ont pas (encore) un revenu leur permettant d’exercer leur art pour en vivre, même si de nombreux ne passeront jamais "artiste professionnel à plein temps"

ainsi à l’activité il faut adjoindre la motivation (et le talent) : le véritable artiste est celui qui ne peut rien faire d’autre, sinon une activité d’appoint : cet artiste professionnel vit pour son art.

 

 

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