l’art conceptuel est-il bidon ?comment présenter un art qui montre moins qu’il n’évoque ?
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> sommaire thèmes |
le contexte socio-politique de la naissance de l’art conceptuel n’est pas neutre : l’explosive période de 1965 à 75 est celle de la prospérité par la consommation de masse américaine et les Trente glorieuses européennes, de la libération de la femme, de la sexualité, de l’information ; celle aussi du design d’avant-garde et des groupes de rock ; mais aussi de la contestation politique, notamment de la Guerre du Vietnam, de l’apparition du gauchisme maoïste et ses utopies ; l’activisme étudiant pacifiste (Peace & Love) accompagne ces luttes pour les droits civiques.
Bref un chaudron, amplifié par l’avénement des technologies de duplication et de communication
> achat-ventes de particulier à particulier
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Andy Warhol ouvre la Factory à New York en 1964, un atelier où débute l’art de la multiplication et diffusion d’oeuvres en masse. Une époque où toute la culture est bousculée par un nombre extraordinaire de mouvements d’art plastique qui émergent : voir à partir d’ici (et dérouler la liste) et aussi là (puis la décennie suivante). On en vint naturellement à contester la représentation physique, l’objet, en tant qu’art, d’où la première idée fondatrice de l’art conceptuel : une oeuvre n’a pas besoin d’être effectivement produite pour exister !
Troisième face : l’art en tant qu’idée a surtout étédéveloppé par des collectifs d’artistes, une démarche productive qui s’oppose à l’art traditionnel centré sur l’individu et son habileté technique
50 ans après les définitions de Marcel Duchamp, naît au Canada un "nouvel" art conceptue ; l’exposition Get Hold of This Space au Centre Culturel Canadien en 2014 montrait 50 artistes et collectifs de la période 1960-1980, à savoir :
> le creuset de l’art conceptuel se situe dès 1968 à Halifax, au Nova Scotia College of Art and Design, plaque tournante internationale impliquant aussi des artistes étrangers tels que Daniel Buren, Lawrence Weiner, Jan Dibbets, John Baldessari et David Askevold : voyez ce qu’ils sont devenus !
> ainsi qu’à Toronto où Marshall McLuhan a défini le concept de Village Global (The Medium is the Message, 1967) sur la base -déjà !- de la mondialisation et de la communication Dans les 70’s le principe de grande diffusion amène la création de revues de contre-culture telles que Médiart, Avalanche, Parachute et surtout File Magazine qui est une parodie de Life Magazine destinée à promouvoir la scène artistique canadienne
File Magazine (ici, décembre 1973) :
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Typique de cette contre-culture, une forte influence des collectifs d’artistes associatifs ou collaboratifs, notamment General Idea, N.E. Thing Co. et Image Bank ; ils se manifestent dans des centres d’exposition autogérés, sur la place publique et même dans le monde des affaires :
> cette installation de Jean-Marie Delavalle a de quoi surprendre : il enregistre une demi-heure de balade en vélo (d’où la photo sur la pochette), et les sons de l’environnement qu’il traverse -c’est-à-dire la plupart du temps, rien- et vous invite à les "écouter" Cette installation passerait pour une fumisterie, si elle n’était pas replacée dans son époque révolutionnaire ; d’où la nécessité de bien situer l’art conceptuel dans son contexte temporel et environnemental, même remarque pour les oeuvres conceptuelles actuelles Jean-Marie Delavalle, Une demi-heure, 1973, vinyle 33T, pochette,
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Au Canada, des artistes ont traité sa grande dimension géographique et son éloignement de la scène artistique mondiale, laquelle est influencée à l’époque par la Californie et New York City et par des genres loin d’être conceptuels, comme le montre cette carte de l’amérique de Greg Curnoe.
Dans ce cadre, ils ont induit un courant original : l’art documentaire, si l’on peut encore parler d’art comme le montrent certaines "oeuvres" :
Allan Harding MacKay, 36 Halifax corner grocery stores, 1972, livre broché
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<< cette collecte systématique de photos de magasins de quartier par Allan Harding MacKay, est peut-être influencée par celles de Bernd et Hila Becher, qui ont commencé ce genre dans les années 50 >> le voyage peut être imaginaire : les cartes postales que John Geer s’envoyait lui servaient à fixer les lieux sur une carte et lui a délimité le dessin d’un avion en papier |
John Geer, 6 points of a shadow, 1970, map, dessin, cartes postales
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Surtout n’imaginez pas que l’art conceptuel à cette époque n’émane que de marginaux ayant disparu du radar, citons par exemple : Jeff Wall, Daniel Buren, Dennis Oppenheim, John Baldessari, Jan Dibbets, David Askevold...
le Mai 68 français influence l’art conceptuel canadien plus qu’il ne le fait en France même, où les mouvements artistiques empruntent d’autres chemins comme la Figuration Narrative pour la peinture, et la performance pour les arts vivants ; ici, la société de consommation et de communication n’est pas assez développée pour être invasive ; et puis la plupart des mouvements plastiques révolutionnaires sont nés bien avant, entre les deux guerres (voir à partir d’ici et dérouler la liste) : Marcel Duchamp a déjà posé un principe conceptuel avec ses Ready made en 1917 (bien que ce soient des objets bien concrets)
l’Art Postal ou Mail Art utilise le courrier comme médium artistique, précurseur dans les 60’s de l’art sur internet ; il est bien dans l’esprit de l’art conceptuel :
- la démarche participative prime : l’artiste comme individu reste au second rang, l’oeuvre est issue d’une collectivité
- il est proche du processus d’écriture automatique des dada-surréalistes où l’artiste (ou le poète) fait un petit dessin à la suite d’une partie cachée déjà réalisée, etc.
le collectif General Idea est fondé en 1969 à Toronto par AA Bronson, Felix Partz et Jorge Zontal, un trio adepte de l’autodérision et de la parodie, qui se dote de ce nom générique pour se "libérer de la tyrannie du génie individuel" ; leurs thèmes sont le glamour, les médias, la culture de masse, la sexualité (comme symbole d’une organisation sociale à subvertir) ; ils produisent des oeuvres conceptuelles et éphémères, installations, performances, Mail Art, films et la revue File
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> General Idea invente aussi la fictive Miss General Idea Pageant, bien avant Ann Lee de Pareno et Huyghe : en 1975 la Miss se présente même à un très médiatisé mais totalement imaginaire concours de beauté, caricature des conventions de l’art glamour ; le trio veut par cet événement fictif devenir un parasite plagiaire...
General Idea
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General Idea s’intéresse au fléau du sida qui lui sert de modèle de virus infiltrant le réel ; il détourne ainsi quelques oeuvres célèbres pour montrer que rien n’est à l’abri de cette infection :
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<< un geste frappant par cette oeuvre célèbre de Robert Indiana General Idea, Aids, 1987, acrylique, 183x183
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Sur le thème de la sexualité, General Idea ne s’intéresse pas seulement à l’homosexualité (grand débat de l’époque) mais explore la forme du triangle comme modèle anti-patriarcal. Il forme lui-même un trio artistique, qui s’arrête en 1994 au décès de deux d’entre eux.
plus d’infos : |
> l’exposition Haute Culture : General Idea au MAMVP en 2011 > l’exposition Get Hold of This Space, l’art conceptuel au Canada, par Eric Simon > art minimal ou conceptuel ? |
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