je t’aime,
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voir aussi :> la photo plasticienne, qu’est-ce ?
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> accueil d’Almanart> sommaire de comprendre |
la photographie plasticienne percute l’histoire de la peinture : |
"l’appareil ne pense pas, c’est le cerveau du photographe qui pense" (Willy Ronis) |
les débuts de la photo remontent au sténopé (fonctionnement du sténopé), ancêtre de la Camera Obscura (litt. chambre noire)... Des artistes utilisent encore aujourd’hui des sténopés pour créer des effets spéciaux naturellement, sans ordinateur.
Dans les années 1900, c’est la chambre noire à soufflet sur pieds, la vedette ; elle permet le développement des studios de prise de vue pour portraits, nus....
> si cette boîte sur pattes a presque disparu chez les artistes occidentaux, elle reste longtemps populaire en Afrique où par exemple le maître malien du portrait Seydou Keita (1921-2001) utilisait une chambre 13x18 en son studio rudimentaire à Bamako ; son travail a été exposé dans une rétrospective au Grand Palais en 2016 !
Seydou Keïta, -ST, vers1950
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Mais c’est l’appareil photo numérique (inventé en 1975 par Kodak, popularisé dans les années 80 par les japonais Sony, Nikon et Canon), qui permet à tout plasticien de mélanger photos et créations informatiques dans une grande liberté de manipulation post-prise de vue.
Et la couleur ? Amusant : c’est un peintre français, Louis Ducos du Hauron, qui applique la trichromie (superposition de 3 prises de vues dans les trois couleurs primaires) à la photographie en 1868 (juste après l’anglais Thomas Sutton en 1861) ; Louis Lumière la développe industriellement en 1904, mais il faut attendre le véritable bond populaire multicolore dans les années 40 lorsque déferlent l’Agfacolor (1935), le Kodachrome (1942), puis le Kodacolor des années 1950, pour que les photographes artistes puissent concurrencer les peintres en appuyant sur un bouton !
en fin du 19è siècle, début du 20è, la photographie est avant tout un outil industriel ; on n’envisage pas un cliché comme une oeuvre d’art, mais son apparition a une influence forte sur l’art : elle remet en question la vérité de l’image peinte, elle perturbe la pratique du portrait ; le photographe devient le seul traducteur de la réalité objective.
Malgré l’engouement du portrait photographié et celui du nu, certains peintres se prononcent pourtant pour que la photographie ne soit pas une concurrente mais une alliée, un outil d’expression supplémentaire : > "Eugène Delacroix, loin de la considérer comme une rivale de la peinture, suit avec intérêt l’émergence et le développement de la photographie" et s’en inspire en peinture [DP expo Delacroix et la photographie, fin 2008, Musée Delacroix]
de l’influence de la peinture sur la photo :
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Le peintre se tourne alors vers les réalités subjectives avec l’impressionnisme et le pointillisme, mouvements qui lui permettent d’exprimer les émotions que la photographie ne permet pas -encore-
entre 1910-20 le pictorialisme, qui privilégie l’impression sur la précision documentaire, veut faire entrer la photographie dans les beaux-arts ; il n’est pas le seul, en fait les recherches esthétiques sont multiples :
> par exemple l’américain Paul Strand (1890-1976) se démarque du pictorialisme et se place dans la "Straight Photography" (photo pure), notamment en milieu urbain : la ligne blanche au 1er plan donne une interprétation artistique du paysage en jouant sur la profondeur et les effets de lumière ; Strand a été encensé par Alfred Stieglitz (autre pionnier de la photo moderniste) qui lui disait : "vous avez fait quelque chose de neuf"
Paul Strand, The White Fence, 1916
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Entre les deux guerres, l’appareil photo peu transportable limite le photographe aux vues fixes : portraits, nus, paysages ; mais leur fibre artistique s’exprime par toutes sortes de trucages et montages où la photo rejoint la peinture par utilisation du collage et de la surimpression ; cela donne naissance à des expériences novatrices et décalées par des artistes qui sont à la fois des peintres et des photographes, notamment dans ces trois mouvements artistiques révolutionnaires : Dada (avec Raoul Hausmann), le constructivisme (Moholy-Nagy, Alexander Rodtchenko...) et le surréalisme (Man Ray...)
après la 2ème Guerre mondiale de petits appareils maniables et populaires permettent des prises de vues "de plein air et sur le motif" (une libération semblable à celle qu’ont connue les peintres cent ans plus tôt...) ; mais aussi de jouer avec des prises de vues volontairement artistiques qui rapprochent la photographie du domaine de l’art
A cette époque la photographie pure se distingue de la peinture avec des célébrités telles que Robert Doisneau... qui s’attachent à une représentation lyrique et magnifiée de la nature humaine.
En Allemagne deux écoles spécialisées en photographie vont devenir célèbres :
> à Essen (Otto Steinert), pour un style de photographie qui finira proche de l’abstraction
> à Düsseldorf, pour représenter une stricte réalité mise en scène par des effets de lumière et de formats (Bernd et Hilla Becher) ;
celle-ci verra dans les années 70 des descendants prestigieux comme Andreas Gursky, Candida Höfer,… qui développent une photographie plasticienne se distinguant clairement de la photo documentaire, de mode, de publicité ou d’information
désormais le médium photographique intéresse quantité de plasticiens qui s’en servent comme support d’oeuvres mixtes : photos peintes, photos numériques travaillées sur ordinateur, etc :
> le plasticien Darren Almond utilise beaucoup la photo, mais aussi le film, le dessin, la peinture, etc, pour exprimer sa passion : le temps, la mémoire, l’espace... ; il a présenté entre 2007 et 2013 une splendide série de photographies Fullmoon, des paysages qui se confondent avec de la peinture, où " le paysage devient visible grâce à un temps d’exposition prolongé, et passe le temps d’une nuit noire à une scène lumineuse, souvent fantomatique" [DP Galerie Xippas]
Darren Almond, série Fullmoon,
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et plusieurs artistes passent d’un médium à l’autre : > les oeuvres de Tony Soulié se reconnaissent par leur base photographique issue de ses nombreux voyages : elles deviennnent des sérigraphies retravaillée à l’acrylique, la laque, la colle, la poudre de carborandum, etc, donnant aux prises de vues un aspect onirique
Tony Soulié, , Afrique, 2003, mixte
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le succès de la photo auprès des collectionneurs d’art est devenu déraisonnable comparativement à celui de la peinture, dévoilant une nouvelle bataille de concurrence ; et celà perdure en 2022... que s’est-il passé ?
En 1969, ouverture de la 1ère galerie spécialisée en photo par Lee Witkin à New York ; qui est suivie largement aux USA, à Londres et à Paris (avec la galerie Agathe Gaillard en 1975) : c’est l’explosion du marché de la photographie. Puis dans les 80’s, les galeries d’art contemporain commencent à mixer de la photo dans leurs expositions, sous la poussée du pop art. L’officialisation date de 1972 par la première exposition de photos à la Documenta de Kassel ; mais tout cela est encore expérimental, la propagation institutionnelle est lente : Art Basel ne crée sa section photographie qu’en 1989 !
> les enchères suivent : la première vente spéculative se tient en 1979 à New York, mais celle-ci ne couvre qu’un marché de niche ; puis la photo est boostée aux USA en 1984 par l’acquisition de photos vintages par le Getty Museum ; > le tournant du siècle voit l’explosion des enchères photographiques, boostée en 1999 par la vente historique de la collection Jammes, qui triple ses estimations ; le différenciel entre les tirages contemporains et anciens montre qu’il s’agit bien d’un engoument en partie manipulé... l’explosion historique du marché de la photo
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En 2014 Artprice remarquait déjà "qu’en moins de quinze ans la photographie a acquis ses lettres de noblesse" avec des records dépassant le million de dollars aux enchères pour des oeuvres de Gilbert & George, Mike Kelley, Cindy Sherman, Richard Prince et Andreas Gursky ; tempérons : la photo pure ne représente en 2010 que 2% du marché contemporain en terme de médium (la peinture 87%...).
Pourquoi ? le collectionneur d’art est méfiant : le tirage d’un cliché est un multiple... parfois trop démultiplié : un malheureux décret de 1991 qui définit la notion "d’originalité" affuble la photo du terme "original" jusqu’à 30 exemplaires ! Bien trop pour un collectionneur sérieux... De plus désormais les fichiers numériques sont trop facilement piratables et dupliquables...
Et il y a eu des abus : dans les année 1990 et 2000 les prix ont été exagérés, les tirages excessifs, de sorte que l’engouement sans garde-fous de la photographie a formé une bulle spéculative.
La correction a toutefois commencé dans les 2010’s par des artistes photographes qui ont appliqué une auto-diminution de leurs tirages en se ralliant à la pratique des estampes et sculptures : pas plus que le fameux 8+4 exemplaires et pas de diffusion commerciale de formats différents d’une même oeuvre. Une règle d’or pour le collectionneur.
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