le design saute dans la modernité
Charles Eames expérimente le polyester dès 1949 pour les sièges d’Herman Miller (il lui restera fidèle jusqu’en 1971 !) ; ergonomie et qualité seront les maitres-mots de leurs créations plus de 50 ans plus tard !
En design : les anglais, déjà précurseurs, fondent dès 1942 le Committee for Utility Furniture qui impose de fabriquer un nombre limité de modèles de meubles compatible avec les difficultés de production massive. Ainsi la chaise BA d’Ernest Race est-elle créée en 1945 à partir d’une structure de fonte d’aluminium issue d’avions récupérés !
En 1944 le Council on Industrial Design va promouvoir la qualité technique et le design des produits de série, en organisant à Londres dès 1946 l’exposition " Britain can make it" dont la section "War to peace" affiche clairement les retombées positives de la recherche militaire notamment dans le mobilier, suivi en 1951 du "festival of Britain" qui commémore le centenaire de la première exposition universelle de Londres.
Ce n’est que plus tard que l’Allemagne, sous l’influence d’Albert Speer (le "Premier architecte du Reich" a été libéré de prison en 1966), reprend ses idées de construction aérée, fonctionnelle et rationnelle, en utilisant de fines ossatures métalliques et panneaux de verre, comme par exemple entre 1960 et 1963 la salle de l’orchestre symphonique de Berlin.
En Europe, l’après guerre se vit à l’heure américaine. Tout ce qu’apportent les GI étonne : les uniformes fonctionnels multipoches, la jeep imaginée par Willy, les boites de Lucky Strike déjà dessinées par Raymond Loewy (ci-contre), les robots ménagers streamline… objets évidemment sans concurrence locale. Ici le design est avant tout industriel ; l’utilisation du métal reste prépondérante, ce qui est une tradition aux USA à cette époque, le secteur industriel se tourne vers les produits de la chimie organique, à commencer par la bakélite. Le US Industrial Design de 1949-1950 affiche la discipline rationaliste des objets, où étude ergonomique et impératifs techniques vont guider leur conception. C’est |
dans l’esprit de ce que préconisait le designer Henry Dreyfuss dans les années 30, mais c’est maintenant que la recherche militaire lui permet d’appliquer ses principes au quotidien. En 1953 Raymond Loewy sort la 1ère édition de son best seller La laideur se vend mal, traduit chez Gallimard.
Tous les apports de la chimie seront convoqués pour des objets et décors de couleur suave, imitant tous les matériaux, lumineux voire clinquants, brillants de plastique.
C’est donc la grande époque du stylisme et du rêve américain, aussi bien au cinéma qu’à travers les cuisines, les salons, les bureaux, les milk-bars, les somptueuses voitures à ailerons et des stations-services boursouflées, synonymes de confort et opulence. L’ "american way of life" à la sauce West Coast est merveilleusement tournée en bourrique par ce collage de Richard Hamilton, bien sûr anglais, dont le titre est quelque chose comme : "les raisons pour lesquelles votre habitat est aussi différent" ! (zoom sur l’image) Richard Hamitlon, collage, 1956
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Cette liberté du geste n’est pas sans influence sur l’art : geste que des artistes vont magnifier notamment par l’Abstraction Lyrique américaine dont le plus bel exemple est l’Action Painting de Jackson Pollock !
dans toute l’Europe des années 50, les décorateurs utilisent les ressources de la technique du "lamellé collé", qui débouche sur les lamifiés "Formica" imitant pour pas cher les bois précieux, et d’autres revêtements mêlés aux plastiques, verres colorés, néons ondulants et autres lampadaires squelettiques. Vous avez dit Kitsch ?
Les influences sont fortes entre architecture, décoration et peinture, sculpture : les artistes libèrent leur mode d’expression comme la "forme libre" où le rond et la courbe deviennent abstraites avec Fernand Léger, Brancusi, Henri Moore ou Calder. Ces formes curvilignes, telles que celles développées par Jean Arp, vont marquer le style des meubles et des éléments de décor (murs, plafonds) de cette époque.
Ainsi le tissu d’ameublement voit de nouvelles formes et couleurs, qui ne sont pas sans rappeler les recherches abstraites des peintres français.
Oscar Gauthier >>
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A l’opposé de processus artisanaux, l’italien Mollino, inventeur et ingénieur épris de technique et de vitesse, cherche à utiliser les techniques d’optimisation des matériaux comme l’usage du contreplaqué éprouvé dans l’aviation.
Antoni Gaudi décline cette forme dans de nombreuses architectures qui bannissent la ligne droite, comme le montre son oeuvre maîtresse, la basilique Sagrada Família à Barcelone (qui n’est toujours pas terminée !).
En Allemagne, l’enseignement du Bauhaus n’a pas été oublié : la nouvelle Hochschule für Gestaltung (école supérieure de Design) d’Ulm en reprend l’esprit en 1954 et collabore avec l’industrie, source notamment des fameux rasoirs Braun.
Jean Royère, influencé par Hollywood, crée des meubles et sièges extravagants de couleurs, agrémentés de matériaux qui vont de la tôle à la peluche ; l’objet doit faire effet et peu importe la technique et les matériaux. Ses esquisses vont très loin mais les réalisations restent plus classiques ; il ne fallait pas effrayer le bourgeois, client majeur.
un ensemble de Jean Royère
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L’acier étant dévolu à l’industrie lourde laisse peu de possibilités aux producteurs d’objets, bien que la demande de nouvelles formes et nouveau cadre de vie soit très forte. Les artisans reprennent donc le travail du bois et créent leur propre style en inventant des formes lyriques, un geste libéré du travail industriel.
Charlotte Perriand, revenue de son séjour au Japon, utilise le bois pour sa chaleur dans des fabrications artisanales mais rationnelles, dans un style maintenant encore plus épuré.
Ainsi c’est tout l’habitat qui évolue vers une modernité cohérente par l’apparition du métier de décorateurs, comme Marcel Gascoin. Sa chambre d’enfants, ci-contre, réunit des éléments typiques de l’époque (et qui perdureront 20 ans) comme les tables triangulaires en Formica, la moquette vive, les tapis de poils de laine (pourtant nids à poussière...), les petites chaises bois-métal, la lampe accrochable, l’autocollant mural, le tableau noir mural (ou peint)... |
Jean Prouvé, lui, n’abandonne pas l’idée de la production en série ; il marie merveilleusement les fabrications classiques en bois de forme libre, mais avec des ajouts rigoureux de fabrication industrielle.
En architecture, Le Corbusier construit la chapelle de Notre Dame de Ronchamp qui porte la forme libre à son apogée.
<< la mode française n’a jamais abandonné la création : elle repart avec éclat dès l’après-guerre avec le New Look de Christian Dior (< ci-contre) et le tailleur de Coco Chanel.
En témoigne l’icônique journal Elle créé par Françoise Giroud en 1946 ; le photographe Peter Knapp en fut son directeur artistique dès 1959 >> |
tout ce qui vient du Nord de l’Europe est englobé dans cette expression, toutes créations confondues.
Mais c’est seulement à l’exposition Universelle de 1958 section Arts décoratifs que les pays scandinaves proposent une vision globale de leur création qui allie les techniques nouvelles du bois (contreplaqué et lamellé collé) à la pureté des lignes, la rigueur et la souplesse des formes.
Le Danemark crée les sièges de Hans Wegner en teck sculpté, la chaise "Fourmi", les fauteuils Swan et Egg de Arne Jacobsen (encore célébrés de nos jours) produits par les firmes Johannes Hansen et Fritz Hansen. La Suède présente un travail très sobre du bois qui devient sa marque de fabrique.
Hans Wegner
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les artisans Italiens, toujours créatifs, reconnus pour la beauté et l’élégance de leurs créations, offrirent des oeuvres superbes et exubérantes dans le domaine de la verrerie (Venini) et de l’argenterie (Lino Sabattini).
Gio Ponti et Lino Sabattini, théière Aéro
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L’architecte Luciano Baldassari, qui collabore avec Lucio Fontana sur des pavillons des Foires de Milan de 1953 et 1954, réalise des décors totalement novateurs (néon travaillé un libre spirale) dans des bâtiments à l’architecture tout aussi échevelée.
Les designers de luminaires vont détourner les matériaux industriels au profit de lampes colorées au bout de longues tiges ramassées en bouquets qui viendront éclairer tous les cafés de la terre, pendant que les aplats curvilignes de bois décorent leurs murs !
La grande richesse de l’imagination italienne s’applique au mobilier ; Gio Ponti créer des meubles de formes improbables décorées par Fornasetti, qui donnent une impression de modernité ancrée dans la Renaissance, comme cet étonnant paravent (ci-contre) fin des 50’s.
voir la rétrospective Fornasetti au MAD |
en guise de conclusion, ce qui distingue peut-être le délire américain et l’inventivité européenne est que l’un a de gros moyens financiers et est souvent clinquant (qui débouchera sur le pop au tournant des 50-60’s), et que l’autre est encore dans une tradition artisanale (usage du bois, mode de vie...), plus pauvre en moyens.
Mais les deux tendances s’exportent, influençant la création mondiale ; par exemple ces formes rondes ou douces sont reprises par le japonais Isamu Nogushi (qui n’a pas connu ses lampes de papier ?) et inspirent même le brésilien Oscar Niemeyer dans la construction de Brasilia (inaugurée en 1960) où il mêle formes organiques et tracés rigides :
Isamu Nogushi, série des lampes Akari, courant 1950 |
Oscar Niemeyer, le Congrès de Brasilia, achevé en 1959 |
> achat-ventes de particulier à particulier
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plus d’infos : |
> les Années 50 d’Anne Bony (Ed du Regard) |
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et aussi de l’art à petits prix
< encre et lavis de René Leidner |
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