tapez un ou deux mots :

le truc des artistes

 

l’artiste qui a trouvé un truc

à la recherche de l’astuce ou du truc artistico-marketing qui fera sortir l’artiste de la masse de ses concurrents ;

mais prudence dans notre jugement : parfois le procédé relève d’une véritable recherche conceptuelle ou esthétique ;

à vous de faire la différence :
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Chéri Samba
Je suis un rebelle 1999
(courtoisie Musée Maillol)
clic=zoom

 

 

 

 

> accueil d’Almanart

leurs trucs illustrés par une exposition :

> Chéri Samba a deux trucs : il complète ses tableaux de textes pour, dit-il, "que les gens s’arrêtent plus longtemps devant ses oeuvres" (!), et il se représente systématiquement dans des mises en scène du monde cahotique, avec son visage rajeuni plutôt sympathique qui pourtant masque la réalité
> ici dans Je suis un Rebelle, assis sur l’engrenage du monde qui va, il est soit innocent, désabusé, cadenassé comme son cœur l’est, soit ça va péter bientôt et il se servira de son coupe-coupe et de sa catapulte… ainsi, on ne sait s’il vous met en garde contre le risque d’une révolution ou au contraire il va la mener lui-même… Méfiez-vous de l’eau qui dort (texte du tableau : « Je suis un rebelle insensible aux difficultés ou malheurs des autres ; souvenez-vous de la Turquie, le Chili, le Rwanda… »)
> petite mais première et belle rétrospective de Chéri Samba au Musée Maillol jusqu’au 7 avril 2024

 Chéri Samba artiste

focus : artiste plasticien de l’art actuel et art contemporain, marketing et marché de l’art

 

Aujourd’hui un artiste qui veut se distinguer de la masse, y parvient parfois en inventant "un truc esthétique" jamais vu ; soit parce qu’il a réellement trouvé son style, son langage, une façon naturelle de faire, soit par esprit marketing pour trouver une place sur le marché de l’art ; tout nouveau tout beau : si cela fonctionne bien au début, est-ce que ça va perdurer ? pas si sûr…

 

 

 

trucs et astuces :

> le truc simple et frappant de Yue Minjun lui a assuré un succès rapide : ses chinois roses qui hurlent de rire à toute situation sont une façon subtile de se moquer de l’administration et de l’obligation d’approbation béate contrainte ; bien ; mais il fait cela depuis... 1990 ! vous et moi avons fini par nous lasser, pis : les collectionneurs aussi ; résultat, sa cote a dégringolé

 

Yue Minjun, Strong-wind-and-big-waves
(courtoisie Gal. Templon) ... clic=zoom 

 
d’autres artistes ont trouvé rapidement une notoriété par l’emploi d’un style très particulier, une astuce esthétique qui vient se superposer à leur travail de fond et qui leur a façonné une identité facile à reconnaître ; mais vont-ils en sortir un jour ?

> quand donc Subodh Gupta va-t-il sortir de sa quincaillerie ? Antoni Segui de son petit personnage chapeauté ? Alain Séchas de ses chats (sic) ? et comment vont-ils faire, ces nombreux graffitistes des rues, pour quitter leurs expressions typées mais fermées (Haring est un cas typique, mais il était un pionnier) ?

savoir sortir du truc

certains artistes sont conscients de s’enferrer dans ce qui risque de ne devenir qu’un truc superficiel, ils redressent la barre :

> Robert Combas, s’il ne sort de ses scènes surchargées qui est sa signature, a montré par son exposition à Chamarande sa capacité à renouveler son style tout en restant bien identifiable
> Yan Fabre a fini par quitter ses scarabées dorés, avec un humour belge qui nous ravit, etc, etc
> Claude Rutault a enfin fait une infidélité à ses monochromes lors de son exposition à Versailles
> JoneOne a quitté la rue pour les cimaises en évoluant progressivement vers l’expressionnisme abstrait

 

distinguer le fond et la forme

 
cela étant il faut aussi savoir distinguer les trucs superficiels, ceux qui concernent la seule forme, des démarches artistiques qui ont un sens et, par là, conduisent à une forme typée

> par exemple le travail obsessionnel et poétique de Pierrette Bloch (1928-2017) est une quête profonde, pas seulement un truc esthétique

 
Pierrette Bloch,
exposition 2018 chez Karsten Greve
(courtoisie Gal.Karsten-Greve) 

 

> inversément, cette belle image de Martin Klimas est techniquent parfaite et attire le regard ; mais elle ne relève d’aucune intention autre qu’esthétique et ludique... elle résulte d’un truc ;
elle est produite par dépôt de peinture sur une membrane de haut-parleur qui, actionné, la projette en l’air ! ça marche commercialement, de plus il nomme ses "oeuvres" par le nom du chanteur célèbre dont les vibrations font tressauter les pigments : ça buzz bien sur les réseaux sociaux... malin !

 

Martin Klimas, photo, 2016
Miles Runs the Voodoo Down
(courtoisie l’artiste)

 

prendre des risques

dessin Elisabeth Vitou

peintre Gérard Fromanger

 

 

la difficulté est de savoir se renouveller tout en restant visuellement identifiable :

> un artiste qui a bien réussi également à ce point de vue, est Gérard Fromanger(1939-2021), dont la peinture a beaucoup évolué (en 65 ans !) dans la forme, sur les sujets traités, comme dans le fond (la Figuration Narrative, qui éclaire sa vision du monde) ; mais il est toujours resté dans un même panel de couleurs et une même façon de les faire cohabiter, qui est sa "patte" picturale

 

Gérard Fromanger, Pleut série Questions, 1976, 97x130
mini-rétrospective à la Galerie Bucher-Jeager, juillet 2018
(courtoisie Gal Bucher-Jeager) / clic=zoom

 
L’artiste qui se renouvelle de manière franche est courageux car il prend des risques vis à vis de ses collectionneurs, déconcertés par sa nouvelle direction : ne plus être reconnu par ses fans, voir sa cote descendre, mécontenter son galeriste ; mais s’il ne le fait pas, le piège est de se faire marginaliser par trop plein d’oeuvres semblables ; se renouveler est aussi un acte de courage.
La continuité, à force de se répéter, ne doit pas tourner à la routine ; bien des artistes célèbres mais vieillissants ne font plus que du remake, auquel cas les collectionneurs attentifs sélectionnent les "meilleures années" de leur production.

 

 

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