tapez un ou deux mots :

qu’apporte le titre de l’oeuvre ?

du bon usage du titre :

lors d’une exposition, vous allez parfois lire le cartel à côté du tableau :
le titre ou le nom qui y figure donne-t-il une indication utile à sa compréhension ?
Dans cette page :

 

 

* : Pau-Brasil (bois de braise) désigne un arbre autrefois surexploité et exporté, qui a ainsi donné son nom au pays et est devenu symbole du déboisement sauvage

 

 

 

> au Musée du Luxembourg
jusqu’au 2 février 2025,
cette remarquable rétrospective nous révèle Tarsila do Amaral (1886-1973), célèbre au Brésil des années 20, peut-être ici occultée par son militantisme communiste

 

 

Tarsila do Amaral
Distancia 1928 66x75
(courtoisie Fund Nemirovsky Sao Paulo)
clic=zoom

 

Tarsila do Amaral
Distancia 1928 66x75
(courtoisie Fund Nemirovsky Sao Paulo)
clic=zoom

le titrage illustré par une exposition : (par Claude Léger)

> ici, ne vous fiez pas au titre ! dans le courant artistique Anthropophage les artistes brésiliens ne dégustent pas leurs congénères mais "se nourrissent du travail d’autres cultures pour en assimiler les qualités [DP]"
> dans ces années modernistes se développent au Brésil des courants artistiques imprégnés de culture d’Amérique latine, par opposition aux modèles artistiques importés ; il s’y construit "un imaginaire national fondé sur le métissage typique du peuple brésilien" ; voir l’article de Carine Chichereau dans Diacritik
> ce que fait Tarsila do Amaral : lors de longs séjours à Paris, élève de Albert Gleizes et de Fernand Léger, elle s’imprègne des courants avant-gardistes européens et les transcrit dans son univers brésilien coloré, exubérant et métissé ; revenue au Brésil en 1924, elle développe sa phase Pau-Brasil* (1924-1925) favorisant les tons roses et bleus -des couleurs "caipiras" (ordinaires, populaires)- en un style géométrique appliqué aux thèmes tropicaux, puis contribue au courant artistique Anthropophage (1928-1929)
< ce taureau (Boi na floresta) de 1928 fait déjà partie de sa période Anthropophage mais reste imprégné de Pau-Brasil dans des "paysages aux couleurs vives et aux lignes claires qui alternent avec des visions oniriques, mystérieuses et fascinantes" [DP]
< comme cet autre tableau ci-dessous

 Tarsila do Amaral peintre
 Tarsila do Amaral peintre
> accueil d’Almanart
> sommaire de comprendre

focus :nom ou titre du tableau, nom nomination titre d’une oeuvre d’art, cartel étiquette écriteau, nom titre tableau, sans titre=ST

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un titre, pourquoi ?

c’est une habitude ancestrale ; un texte incrusté dans l’image n’est pas l’apanage de la BD ou de la caricature : "dans la peinture du Moyen-Age, l’écriture sainte ou profane, sa présence est naturelle comme pont entre le spirituel et le terrestre" [DP Espace Topographie de l’art, sur l’écriture et l’image].

Chez les modernes il est d’usage de préciser le lieu et les circonstances par le titre du tableau, comme une prise de vue ; cela n’apporte pas grand chose sauf aux historiens, aux géographes (et aux touristes)

   

> ainsi cette huile de Camille Pissarro est-elle titrée : Effet de Neige à Eragny ; l’effet est évident, par contre citer Eragny n’est pas inutile ainsi que la date 1894 car c’est la dernière période de Pissarro, apaisée, d’une technique plus modérée -juste ce qu’il faut d’impression-, ces années mûres où il "retrouve la nature" pour attendre la fin de sa vie
> si Pissarro fut un co-fondateur de l’impressionnisme, son style est mixte car influencé par le pointilliste Georges Seurat : "la grande affaire est d’émouvoir, que ce soit par des touches rondes ou carrées, des virgules ou des glacis" remarquait Mirabeau [journal Le Gil Blas 15/05/1887]

Camille Pissarro, Effet de Neige à Eragny, huile, 1894
(courtoisie Musée d’Orsay) / clic=zoom

 
Les artistes contemporains ont montré leur intérêt à mettre en symbiose l’écriture et l’image, comme est la parole au cinéma ; et les artistes actuels utilisent souvent un titre (parfois très long) dans cet esprit, pour donner un éclairage sur la signification de leur oeuvre parfois incompréhensible sans lui

 

le titre explique l’oeuvre

pour la plupart des artistes le titre l’explique ou précise son contexte, il fait partie intégrante de l’oeuvre ; donné avant ou dès son achèvement, comme un prénom est associé à un individu à sa naissance et y reste de manière intime, il peut même (selon certains) influencer son caractère

 
Pierre Alechinsky :
"titrer, c’est écrire un peu ! Klee, Magritte, Dubuffet, Jorn ont titré des milliers d’images énigmatiques ;
c’est presque un genre littéraire
"
[interview Le Point 15/12/11

 

Barthélémy Toguo donne des titres généralement assez explicites à ses oeuvres ou fournissant un complément pour leur compréhension, comme c’est le cas de la plupart des artistes figuratifs

> ainsi sur cette gravure sur bois vous voyez une immense lampe débitant une lumière si crue que l’homme en semble terrassé ; le titre The Long Night suggère qu’elle fonctionne pendant toute une nuit ; et pour cause : ce que le titre ne dit pas, c’est que la scène se situe à la prison de Guantanamo (d’où la teinte orange)

Barthélémy Toguo,
The Long Night, 2010, bois gravé, 31x21, 40ex
(courtoisie Galerie Lelong / clic=zoom
Barthélémy Toguo, artiste

Antony Gormley, plus qu’un titre, nomme ses oeuvres "car le nom lui donne une dimension ... comme une clé avec laquelle la perception et la réflexion vont commencer" [interview Art Actuel n°1086].

> cette sculpture nommée "Settlement" (rassemblement, construction, mise en ordre) est un assemblage réunissant des blocs d’acier inox organisés pour figurer un homme couché, comme en cours de création ; son nom est donc bien une clé de compréhension, bien qu’un effort soit utile pour conclure : pour la clé... il faut trouver la bonne serrure !

Antony Gormley, Settlement, 2005
(courtoisie Galerie Ropac) / clic=zoom
Antony Gormley

 

 

et même, partie intégrante de l’oeuvre

et puis il y a les poètes qui accompagnent leur création plastique d’une prose qui lui est inséparable, l’oeuvre étant l’ensemble des deux :

impossible ici d’éviter René Magritte dont les titres jouent avec les tableaux, comme la célèbre pipe annotée "ceci n’est pas une pipe" qu’il a commentée : "l’image n’est pas à confondre avec la chose représentée".
Jeu typique des surréalistes entre le caché et le visible, entre l’illusion et la réalité, par exemple donner un nouveau sens à la pomme

> ainsi ce tableau comporte-t-il deux énigmes :
 - est-ce la pomme qui est énorme ou la salle minuscule ? ceci pour le jeu illusion-réalité
 - son titre La salle d’Ecoute est paradoxal car rien ici ne suggère une telle salle, cela pour le titrage non explicatif mais qui amplifie le mystère :
Magritte disait [Ecrits Complets, Flammarion, chap.68] : "les titres ne sont pas des explications, les tableaux ne sont pas des illustrations des titres, leur relation est poétique ; un titre doit être compatible avec l’émotion" que suscite le tableau et le titre poétique doit nous surprendre et nous enchanter".

 
René Magritte, La-Chambre-d’Ecoute
1952, 45x55
(courtoisie MenilColl.Houston)

 

exposition en 2005 au Mamco de Genève
(courtoisie MAMCO)
 

Reconnaissons que Mike Nelson a raison de proposer des titres longs pour commenter ses installations qui, comme dans un film privé de parole, resteraient d’autant plus incompréhensibles qu’elles se réfèrent à des oeuvres littéraires ; toutefois si vous ne connaissez pas le livre, vous resterez sur votre faim...

> voici un bel exemple de titre, mis par l’auteur en majuscules ; un peu prétentieux tout-de-même :

"STUDIO APPARATUS FOR MAMCO – AN INTERMEDIATE STRUCTURE FOR A MUSEUM : INTRODUCTION ; BUILDING TRANSPLANT IN THREE SECTIONS ; TOWARDS A REVISITING OF FUTUROBJECTICS (AS VOODOO SHRINE) ; MYSTERIOUS ISLAND"

 

plus d’explications ici ; l’affaire se complique avec le sous-titre de l’installation : Humpty Dumpty (explication)

 

désigner une série

lorsqu’un artiste décline des oeuvres sur un thème, les regroupe en famille et généralement les réalise dans une même période, on parle de série ;

> c’est ainsi que souvent travaillait Jacques Monory, par exemple sa série Monophonie de 2003-2006 comporte une dizaine de tableaux représentant des épisodes musicaux, comme Monophonie n°6

 

Jacques Monory
Monophonie6, 2004, 150x156
(courtoisie Mac/Val) / clic=zoom
 

 

un complément esthétique

certains artistes jouent avec un titre sans que celui-ci ait un véritable rapport avec le contenu de l’oeuvre, notamment chez les abstraits ; ces artistes laissent volontairement au spectateur la libre interprétation de ce qu’il voit et laissent chacun développer ses propres sensations devant l’oeuvre ;

  Amaranth Ehrenhalt artiste  

c’est le cas d’Amaranth Ehrenhalt, une artiste du mouvement de l’abstraction lyrique (ou de l’expressionisme abstrait américain) : nommer ses oeuvres est un jeu d’esthétisme vocal qui correspond bien à l’état d’esprit, ou au lieu, ou à l’événement associé à l’oeuvre ; ainsi et bien qu’indirectement, il aide à la perception de l’oeuvre.

> ce tableau s’appelle "Capatina" car il a été créé en Italie, et aussi parce que ce mot a une jolie consonance : reconnaissons que cette esthétique enjouée lui va très bien !

 

Amaranth Ehrenhalt, Capatina, 2008
(courtoisie A.Ehrenhalt)
clic=zoom

 

 

Sans titre, Untitled, Ohne Titel...

au contraire certains artistes ne donnent pas de titre à leurs oeuvres, un simple numéro suffit, affublé d’un bref "Sans Titre" ou "ST" ; c’est une façon aussi d’ouvrir l’imagination du regardeur ; par exemple :

Daniel Pflumm
Cindy Sherman
Daniel Pflumm, Ohne Titel, 2005
(courtoisie D.Pflumm)
Cindy Sherman, Untitled #469, 2008
(courtoisie Metro Picture) / clic=zoom
> cette oeuvre drôle est typique de l’esprit ludique de Daniel Pflumm, graphiste passé à l’art sous diverses formes : photos, logos, vidéos, musique... ; c’est un art de divertissement, certes, mais imaginatif et généreux, bref qui ne "se prend pas la tête".
Cet humoriste d’ailleurs n’hésite pas à affirmer : "il n’y a pas d’assurance pour la certitude, c’est certain’" ! [ArtNow 02].
Alors, un titre, mais pour quoi dire ?
> comme toutes les oeuvres de Cindy Sherman, ce portrait est celui d’elle-même, grimée pour un rôle de théâtre qu’elle s’est donné : chaque cliché révèle une nouvelle condition humaine ; son oeuvre est double : formée de chaque photo, et aussi par leur progression sur 40 ans.
Un titre ne peut que troubler sa démarche.
Sa démarche et son numérotage sont expliqués ici, lors de sa rétrospective au Jeu de Paume en 2006

 

 

ça n’a pas d’importance...

mais certains ne se posent pas la question, utilisant les titres soit par habitude soit par simple désignation d’une évidence car souvent l’image proposée n’a pas besoin d’explication

> ainsi lorsque Sylvie Fleury nomme Razor Blade son énorme lame de rasoir ou Ford Cosword DFV le clone en bronze chromé du moteur de cette voiture, cette dérision sympathique d’objets-cultes n’a pas besoin de titre pour nous faire sourire ! ici montée sur socle, l’allusion au ready-made de Duchamp se complète à une déification de l’objet à la manière antique

Sylvie Fleury, Ford Cosword DFV
2000, 56x54x66, bronze
(courtoisie S.Fleury) / clic=zoom
 

Sylvie Fleury artiste

pire : on brouille les pistes !

 

> comme cette sculpture de Nicolas Guiet dont le titre vous intrigue : "sjcipmz" !
Ne cherchez pas : c’est le résultat d’une frappe aléatoire sur le clavier, une façon de renforcer le côté "alien" de cette oeuvre

 

 

Nicolas Guiet, sjcipmz, 2011
(courtoisie gal. Fournier et l’artiste)
clic=zoom
  Nicolas Guiet

 

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