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art, design : qu’est-ce que le mauvais goût ?

qu’est-ce que... le mauvais goût ?

"quel mauvais goût !" éructe-t-elle, nez pincé oeil réprobateur…
Cette expression courante, péjorative, s’applique à tout : art, décoration, habillement ; elle est pourtant floue, subjective, changeante selon les époques et les sociétés ; il n’existe donc aucune définition, pas plus que "moche" ou "beau" ; seule certitude : le mauvais goût est celui des autres !
"l’art est tué par le goût" aurait dit Degas !
Alors, qu’est-ce qu’avoir "mauvais goût" en art ou décoration, aujourd’hui ? car si tous les goûts sont dans la nature, certains feraient bien de se cacher ! Tentons juste d’éviter la chose... :

 

affiche pour Artbasel Paris 2024
Dalida peint par Nina Childress
clic=zoom

 

 

> pourquoi Artbasel Paris
a-t-elle choisi cette affiche ?
qui force l’idée qu’un portrait
agressif, peu novateur, d’une
personnalité vintage ait une réelle
valeur artistique ?
pour faire "peuple" ? ceci pour une foire
élitiste (45€ minimum l’entrée)
une sorte de mauvais goût conceptuel

le bon-mauvais goût illustré par l’actualité :

 > ArtBasel Paris, outre de belles pièces rares voire muséales, nous a aussi révélé du "bad painting", des tableaux bâclés ou sans signification, du bling, d’inutiles tailles XXL... ; pourtant les prix, eux, sont restés élevés même pour ce type d’art digne parfois de la déco de certains hôtel... ainsi donc, le mauvais goût se vend tout de même
> alors que faire ? le goût peut-il s’affiner, s’éduquer ? comment le faire sans vexer ceux qui sans le savoir achètent sans bagage pour juger de la pertinence en tant qu’oeuvre d’art ? 
> c’est d’autant plus difficile que l’art contemporain s’est affranchi du critère esthétique, a bouleversé les conventions et désormais frôle la décoration ; cette popularité va-t-elle inévitablement vers ce populisme ignare -et fier de l’être- qui inonde notre société ?
> pourtant pour progresser nous avons le choix : conférences, formations, Moocs... les institutions parsèment les expositions de panneaux explicatifs... Almanart depuis 20 ans fait de même : encore faut-il faire l’effort de consulter ces ressources
> l’art est synonyme de liberté, joie, émotions, mais est aussi une façon de s’élever ; cela demande un petit effort ("atchoum" : dirait Gaston Lagaffe)

 
> accueil d’Almanart > le design artistique

focus : mauvais goût et bon goût en mode, design et art contemporain : beau, moche et affreux
 

 > achat-ventes de particulier à particulier

 

> Almanart annonce des oeuvres, pièces de design ou décoration, à vendre de gré à gré directement sans intermédiaire

> vous êtes vendeur ? vous êtes acheteur ou curieux ?

 

comment s’affranchir du mauvais goût ?

 
Boris Vian : "je ne sais pas ce qui est beau mais je sais ce que j’aime et je trouve ça suffisant"… voici une réflexion égocentrique qui ne facilite pas la vie en société… car le goût est forcément un thème polémique et risqué ; tant pis, Almanart se doit de l’évoquer.

Etaler un mauvais goût provoque chez les autres une sorte de malaise : quelque chose cloche, mais quoi ? comment donc vous préserver de ce jugement déqualifiant : avoir mauvais goût  ?

> à gauche cette photo peinte de Arnaud Labelle-Rojoux peut être jugée d’un goût douteux pour un "tableau", mais passe bien pour une caricature, ce qu’elle est ; ce genre proche de celui de George Condo est le trait de cet artiste ; à ne pas mettre sur tous les murs

> à droite Peter Saul est-il un emblème de mauvais goût ? ses tableaux peuvent-ils "orner" votre salle à manger ? car ce chantre du pop art punk semble ici digérer une belle gueule de bois ; mais rien à voir avec le goût : cette caricature léchée tire un portrait de la société dénuée de bon sentiment : "quand j’ai commencé à introduire une imagerie insensée ou stupide dans mes tableaux, j’en riais d’excitation"

  Arnaud Labelle-Rojoux artiste  
 
Arnaud Labelle-Rojoux,
Cheval Americain, 2009
(courtoisie l’artiste) / clic=zoom
 
Pete Saul, He-forgot-something
2019, acrylic, 110x100
(courtosie Gal Rech) clic=zoom

 

Le goût étant affaire personnelle, difficile de poser des critères de "bon goût" ; pourtant quelques clés permettent de s’affranchir de la funeste remarque, à partir de causes qui amènent la sentence, notamment : un mélange crispant des genres, une cohabitation malheureuse d’époques, un kitsch inconscient, un ton sur ton qui crisse les dents…

 

osez mélanger les genres !

 
mélanger les genres était, classiquement, un truisme du mauvais goût, mais aujourd’hui le brassage est courant, donc passé hors du champs du mauvais goût ? non, car vous pouvez faire des mélanges, mais pas n’importe comment ! toujours osé, le panachage peut donner d’excellents résultats ; exemples et contre-exemples :

> dans le domaine de la mode : un gros sac en plastique délavé avec une robe Chanel printanière va la détruire, c’est une faute… mais chausser des baskets plates avec une tenue de soirée est passé d’une faute de goût du dernier chic ! actuellement le mixage fait la joie des stylistes (comme Nicolas Ghesquière) qui brassent genres et couleurs dans un style kitsch bobo ;

mais ce mixage est subtil : le sac sera proportionné, les baskets de marque bien profilées

> les chaussures épaisses voire rigides de Vuitton (collection hiver 2017-18) qui pourraient passer pour "je pars à la montagne" se marient à cette tenue fluide toute en finesse : dentelle et plume futuriste, sac carré en contre-pied (mais petit), le tout homogène en tonalité : subtilité est le mot-clé passeur

 

Vuitton, collection femmes
hiver 2017-2018 par Nicolas Ghesquière
(courtoisie Louis Vuitton) / clic=zoom
  Vuitton mode femmes

> côté design : le mélange des styles et des époques est devenu courant mais certaines époques ou certains styles s’y prêtent mieux que d’autres : ne vous ruinez pas pour de délicates chaises SM05 de Cees Braakman si c’est pour les dévaloriser autour d’une grosse table de campagne, un déséquilibre mortel entre délicatesse et rusticité ; pas mieux entre une console Louis XVI collée à un meuble Ikea…

Une cohabitation se réfléchit, se dose, questionne l’équilibre des masses, des couleurs, des ambiances, des perspectives, de l’éclairage : en scénographie le mot d’ordre est équilibre

> que vous aimiez ou pas (ce n’est pas la question), cet ensemble composé par la Galerie Kreo est parfaitement homogène : tableau de Penk Glaichgutligkeit1 1983, table Swatch de Hella Jongerius 2015, chaise Embryo de Marc Newson 2015

 

scénographie par la Galerie Kreo, 2015
(courtoisie Galerie Kreo) / clic=zoom
  galerie Kreo design

> en art : une oeuvre contemporaine peut très bien côtoyer un tableau ancien mais c’est au premier regard, de loin, que vous saurez si l’ensemble que vous percevez est harmonieux, ou pas ! d’où l’expression "les oeuvres se répondent"… plus ou moins bien :

leur proximité va-t-elle magnifier l’existence de chacune ou au contraire la contrarier ? comment l’une agit-elle sur l’autre en couleurs, dimensions, signification ? dans les expositions l’accrochage est une étape majeure, certains tableaux font le tour des cimaises avant de trouver "leur" place : le terme-clé est la réponse réciproque

> et si vous n’y arrivez pas, achetez des tableaux de Claude Rutault, peintre minimaliste qui étudie les agencements de couleurs, et peignez votre pièce de la même couleur !

Claude Rutault, DM304 Leter to Dr Barnes, 2010
(courtoisie Galerie Perrotin) / clic=zoom
  claude rutault peintre

 

en pratique :
évaluez l’ensemble, pas les objets individuellement ; organiser une pièce, y accrocher des oeuvres d’art, nécessitent des regards croisés de l’ensemble et quelques tâtonnements ; faites des essais de positionnement, d’éclairage, déplacez-vous et jugez l’ensemble avec recul
> pour l’habillement : devant le miroir jugez votre tenue de la tête aux pieds, longueurs, couleurs, ceinture ou pas… jusqu’à la sensation d’un équilibre satisfaisant
> en design intérieur : évaluez la globalité de la pièce selon les angles de vues les plus fréquents
> en art : questionnez les interférences entre vos oeuvres et entre celles-ci et le mobilier

  .
Sylvain Tesson, Dans les forêtes de Sibérie :
"en Russie, soixante-dix ans de matérialisme historique ont anéanti tout sens esthétique ... Pourquoi y a-t-il du linoneum (sur une table rustique) plutôt que rien ? ... La ruée vers le laid fut le prncipal phénomène de la mondialisation, il suffit d’observer la tenue des touristes ... Le mauvais goût est le dénominateur commun de l’humanité"
.

 

faites cohabiter les époques

 
oui mais pas n’importe lesquelles... il y a des époques qui cohabitent facilement et d’autres pas, notamment le moyen-âge et le moderne ne s’aiment pas ne serait-ce qu’en matière de proportions, sauf exceptions bien sûr :

Barnes collection Museum

 

que vais-je faire de l’intouchable et authentique buffet normand de grand-maman et mon goût pour le design scandinave des années 60, l’un encombrant, travaillé et sombre, l’autre bas, simple, fluide et blond ?

> la collection Barnes à Philadelphie est célèbre pour ses oeuvres impressionnistes mais aussi pour l’harmonisation au millimètre de sa scénographie mélangeant époques, meubles et tableaux ; l’agencement de toutes les pièces de l’habitation-musée originale (un nouveau musée la côtoie) est contractuellement figée pour toujours

 

le Barnes collection Museum
à Philadelphie
(courtoisie) / clic=zoom

en pratique :
> cla ne marche pas très bien ? éloignez-les ! si ces meubles restent dans la même pièce, cherchez à les dissocier visuellement en jouant sur les angles de vue : ne pas les voir ensemble depuis la porte d’entrée ni depuis votre canapé préféré
> interposez : comme ils sont dans la tonalité brune-blonde tous deux, créez une rupture de couleur en plaçant entre eux une oeuvre actuelle de grand format et de couleur vive ; un tableau d’un graffeur, une oeuvre abstraite ou monochrome…

 

risquez le kitsch !

 
"je mélange tout n’importe comment et si on me le reproche, j’appelle ça du kitsch !" Non.

  .
le kitsch ?
cette expression désigne aussi bien une grosse production d’objets "artistique" bon marché, qu’un objet affligé de décors superflus, que de mauvaises copies d’oeuvres ; il vient de la Belle Epoque où débute la production industrielle artistique ; kitsch et mauvais goût sont cousins, mais depuis un kitsch-chic est admis ; question d’époque et de mode...
.

 

Le kitsch est une démarche esthétique réfléchie perçue comme telle si elle réussit, sinon tombe dans le ridicule ou l’entassement du marché aux puces ;

 

> à titre d’exemple les "cabinets de curiosité" d’autrefois résultaient d’une approche de collectionneur érudit et non pas d’un rassemblement hétéroclite de pièces

 

 

 

Domenico Remps, peinture
en trompe l’oeil d’une collection, vers 1699
(courtoisie -firenze-museo) / clic=zoom

 

en pratique :

comment faire, avec votre mélange d’objets curieux mais hétéroclites ?
> gardez l’esprit de votre collection en la scindant en parties cohérentes, afin qu’elle soit comprise comme telle et non pas comme étant soumise au hasard, groupez par genre ou provenance
> dans les cabinets de curiosité les amoncellements étaient répartis et séparés avec science et goût ; vous trouvez d’abondants exemples au Musée de la Chasse à Paris

  Musée de la Chasse et de la nature
Musée de la Chasse et de la Nature à Paris
(courtoisie) / clic=zoom

> évitez les débordements pour que l’apparence kitsch ne soit pas généralisée, qu’elle ne tourne pas à l’encombrement bigarré de l’espace et éveille l’idée de pagaille et saleté ; par exemple isolez vos collections dans des vitrines, étagères, meubles détournés en présentoirs, et placez ces éléments à distance les uns des autres pour établir des espaces de respiration : bref, soyez scénographe !

> évitez la surcharge : une collection kitsch plus qu’une autre nécessite d’être triée sur un critère de qualité, quitte à sortir une partie en archive ; l’ensemble n’en sera que plus valorisé.

 

vitrine Delarue-Picard, vers 1900
(courtoisie Almanart) / clic=zoom
  vitrine Delarue-Picard
 
  .
le Mur d’André Breton :
en cette période d’anniversaire du surréalisme (automne 2024), le mur d’André Breton est un exemple remarquable d’une mise en scène de type "cabinets de curiosité" : érudition, choix subtil des pièces, disposition ; l’ensemble est conservé au Centre Pompidou
(courtoisie Association Atelier André Breton)
.

 

protestez contre la misère publique

 

les Maires ne sont pas élus pour leur bon ou mauvais goût esthétique, c’est dommage car, s’ils passent, leurs interventions sur les espaces publiques restent...

 

 

Mairie de Paris avril 2024 clic=zoom

le pire est à Paris où depuis des années y sévit une équipe au goût de chiottes : mobilier ridicule et inconfortable, bateaux-mouches hideux, parvis transformé en luna-parc, grandes places minéralisées (pour faciliter les manifestations...), envahissement des panneaux, indifférence aux affichettes sur les murs, laisser-aller des rickshaw ou tuk-tuk, invisibilité de la police, saleté générale...

< heureusement éphémère, lors des JO la Mairie de Paris a étalé à l’international son parfait mauvais goût, tare inculte qui, après l’équipe chargée de la culture, a contaminé celle du sport et du tourisme ; outre l’affiche officielle, cette "décoration JO" bas de gamme déshonore le bâtiment (pourtant classé) ;
comme écrit Marc Lambron (de l’Académie française), pour ceux qui ont regretté sur l’affiche l’absence de croix sur les Invalides : "la vraie croix des Parisiens, leur Golgotha pathétique, le symbole de leur martyrologe quotidien c’est la calamité que leur inflige chantiers et surmulots, sermons moralisateurs et embouteillages récurrents ... se nomme Anne Hidalgo", dite "Notre-Drame-de-Paris" par Nadia Le Brun et Airy Routier 
> tout cela sur le dos du contribuable...

 

  Et désolés d’avoir eu le mauvais goût d’avoir abordé ce thème risqué ! qu’en pensez-vous ? Exprimez-vous sur le Facebook d’Almanart !   Nietzsche, philosophe :
"l’art, la beauté, c’est ce qui désespère et console"

 

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un dessin surréaliste de Virmaux

 

 

cette "Femme surréaliste à l’oiseau" de Alain Virmaux est dans la tradition surréaliste influencée par l’art brut et l’art africain

une belle pièce abordable
proposée par Les Atamanes
 

 


 

à vendre : petit tableau surréaliste

cette aquarelle post-surréaliste de Janine Zimbler est typique ; une oeuvre délicate d’une artiste inspirée, dont une oeuvre a été achetée par le Centre Pompidou

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 un chat post-surréaliste

le Réalisme fantastique est une expression plus récente du surréalisme

ce Chat Bleu de Raimondo Cardelli (1938-2008) exprime que le rêve serait aussi réel que le quotidien

explication et vidéo ici


 

tableau en vente chez les Atamanes


 

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