estimer la valeur d’une oeuvre

vous avez dit "estimer" ?

l’achat ou la vente d’une oeuvre nécessitent d’en évaluer le prix juste actuel ; l’estimation est la pierre angulaire d’une transaction correcte.

Voici les éléments à prendre en compte pour estimer le prix d’une oeuvre d’art et où, comment, obtenir une estimation servant de base à la valeur de l’oeuvre.

Dans cette page :

Voir aussi :

• la hiérarchie des techniques,
  combien acheter ?

l’estimation illustrée par une exposition :

> Vera Molnar (1924-2023) est célèbre, pionnière de l’art construit (ou concret), cofondatrice du GRAV, une des pierres angulaires du réputé EAC (Espace de l’Art Concret de Mouans-Sartoux), présente à la Biennale de Venise 2022... pourtant ses oeuvres, bien que nombreuses, sont encore relativement abordables : huiles 10 à 30’000€, gouaches 3 à 10’000, estampes 300 à 1000...
> peut-être car peu spectaculaires, bien que si belles ; et ses expositions sont assez rares, celle-ci était à la galerie Berthet-Aittouarès en juin 2022
> toute sa vie elle a développé un vocabulaire de lignes, cercles et carrés dans des couleurs élémentaires rouge et bleu, base de ses constructions rigoureuses et en même temps tellement poétiques ; elle joue sur les séries, les évolutions, par des collage manuel ou informatique : ce typique Renouvellement de Rectangles méritse d’être observé attentivement :

 

 > achat-ventes de particulier à particulier

> Almanart annonce des oeuvres, pièces de design ou décoration, à vendre de gré à gré directement sans intermédiaire > vous êtes vendeur ? vous êtes acheteur ou curieux ?

l’artiste, sa renommée et sa cote sur le marché au moment donné (connu, coté, ou non, "petit maître", etc)
le type d’oeuvre, son mode de fabrication (huile, sculpture, estampe, etc : voir ici) et aussi de sa dimension ; très important : son tirage (pièce unique, multiple : voir là) ; ces trois éléments sont liés (notamment en photo et vidéo)
la position de l’oeuvre dans l’histoire de l’art, son appartenance dans un mouvement (voir ici), une "école"
la qualité et l’intérêt de l’oeuvre au sein de la production de l’artiste, la date relative de sa création (maturité de l’artiste, son rôle dans un mouvement, son âge
de l’état de l’oeuvre, sa difficulté de conservation, restauration à faire
l’époque de la transaction (en raison de la mode, du focus culturel, d’une exposition où elle est)
le pays de la transaction (exemple : des artistes français peu connus en Europe sont au top en Asie et inversément)
de la difficulté logistique : transport, maintenance, assurance (c’est le problème des installations, des oeuvres fragiles ou grandes)

la cote, facteur de valorisation

la cote est la seule référence chiffrée et objective, voir officielle, de la valeur de l’oeuvre d’un artiste par rapport à ses ventes, dans une technique et une période précises ; la cote suit un cours variable selon l’économie générale, la trajectoire de l’artiste, le dynamisme de ses représentants et le sens du vent (la mode, son décès, la région, etc)

de quoi dépend une cote ? une historienne de l’art l’explique

> estimée à l’origine entre 3 et 4000€, cette lithographie
de Pierre Soulages est partie à plus de 6000€ en 2018,
tirée à 100 exemplaires ; pourquoi aussi cher ?
car ce célèbre artiste, haut coté, n’a fait que très peu d’estampes ; la BnF en a fait une très rare exposition exhaustive en 2003

Pierre Soulages
lithographie, vers1970, 100ex
(clic=zoom)

> le jeu même des enchères est de vendre au plus haut, en suscitant l’engouement de la salle pour faire dépasser la fourchette haute d’estimation
> s’ajoute la tactique de vente : parfois le commissaire tente un coup en sur-estimant, parfois il attire l’amateur en sous-estimant
> mais outre les erreurs, il y a parfois des abus ; une sur-estimation peut engendrer une mévente qui mécontentera vendeur comme acheteurs ; une sous-estimation prend moins de risque de mévente, elle est prudence ou méconnaissance
> s’il y a manifestement manipulation, ces estimations peuvent être contestées et aboutir à annuler la vente

> pour les artistes qui ont marqué l’histoire de l’art
comme Gérard Fromanger, les oeuvres anciennes
peuvent valoir 3 fois les récentes ;
celle-ci s’est vendue 60’000€ en 2012

Gérard Fromanger, série l’Artiste et le Modèle,
Violet De Bayeux, 1972, 150x200
(courtoisie l’artiste) ... clic=zoom

consultez les cotes en ligne :

consultez les bases de données de résultats d’enchères ; mais elles ne sont pas toutes complètes ; c’est ArtPrice qui est la 1ère banque mondiale, faisant largement autorité ; elle est payante avec des formules bon marché pour les clients occasionnels : vous avez tout à fait intérêt à la consulter plutôt que d’opérer en aveugle ;
attention : il y a les bases de données objectives et les subjectives qui toutes, prétendent déterminer une cote : voir explications et leur liste dans la cote d’une oeuvre d’art ;
ChatGPT est peu performant faute d’accès aux fichiert payants

consultez les grandes maisons de vente, elles mettent en ligne les résultats de leurs ventes sur quelques années sur leurs propres sites ; mais les petites maisons ne le font pas ; la démarche de devoir consulter toutes les ventes et toutes les sociétés est évidemment trop fastidieuse pour permettre de dresser vous-mêmes un profil sérieux d’une cot

Aucune base n’est gratuite, vu l’énorme recueil des données des ventes mondiales ; la n°1 mondiale est la française ArtPrice, la plus sûre et la plus complète
> vous pouvez demander une estimation en ligne

consultez les galeries ou les marchands

il vous est facile de leur demander leur prix d’une oeuvre en vente dans une galerie, moins aisé de demander l’estimation d’une oeuvre d’un artiste qu’ils ne représentent pas ; assurez-vous au moins que l’objet soit dans leur domaine de compétence ; et la conversation risque d’être biaisée par nécessité commerciale ;

prudence avec les objets proposés en librairie des grandes galeries

certaines productions, même de grands artistes, ne sont que des gadgets sans valeur
(ici : objets dérivés de Murakami)