Vous est-il arrivé d’entrevoir, à l’entrée d’un lieu indéterminé, une petite affluence jeune se presser, ayant l’air de se connaître, montrant patte blanche à un videur (pardon : un gardien, ce n’est pas une boîte) ?Ah, vous n’y étiez pas, curiosité aiguisée et un peu déçu ?Allons, Almanart vous y emmène (virtuellement) !
Dan Witz, Mosh Pit 1, 2001
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du trottoir, des couples s’engouffrent sous le porche au numéro 40 du CAAC (Centre Avancé d’Art Contemporain) ; petite bousculade sous l’oeil du garde, on monte… Au comptoir d’accueil, embouteillage : on picore de la doc, une matuvue réclame quelque chose (n’importe quoi, là n’est pas la question). Tous sourires dehors, tous décolletés plongeants, l’on se bise, l’on se congratule, bref l’on se reconnaît ou l’on feint de se rencontrer (hypocrite, va !), les yeux glissants pour s’assurer qu’on est vus ou guetter qui est là.
Un plateau passe, on pique une coupe, geste rituel signifiant qu’on connaît, qu’on est dedans. Je tends l’oreille, de quoi parle-t-on ? "Qu’est-ce que tu deviens, t’as vu l’expo machin, tu sais j’ai fait…" (sans risquer un commentaire pointu, ne fâchons personne), bref on parle de tout sauf de l’exposition ; mais on est bien, là, dans le réseau qu’on tisse, on est entre soi. Entre soi dans la foule compacte mais anonyme : jeunes artistes mal rasés fringués type-étudiant, curateurs très bien mal fringués, collectionneurs bobos fringués type-sophistiqué, cadres fringués décravatés (donc mal)… l’on regarde à gauche, à droite, sans en avoir l’air, on regarde tout sauf les oeuvres, on est pas là pour ça. |
Pierre Malphette, 2007
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Au fait, y en a-t-il, des oeuvres ? Elles doivent être très minimalistes ou ressembler à rien d’artistique, c’est la mode… Ah oui, là, par terre, repérée alors que j’écrasais une serviette en papier : s’écoule le long du mur dans une gouttière du ciment liquide. AOI : amusant-original-invendable. En face une machine à faire de l’art crapahute sur le mur blanc ; l’artiste est devant, chic, profitons-en : "quelle signification ce… ?" oh le maladroit que je suis, le pôvre petit, le voilà bien embarrassé devant telle incongruité… car normalement c’est le critique d’art ou le curateur qui sait, mais d’où sortez-vous ?
Bon, j’ai fait trois fois le tour, fait trop chaud (évidemment pas de vestiaire), salué quelques relations, bu quelques coupes entre jolis minois qui le savent et yeux cillés aux aguets ; ça bavarde, ça bavarde... Soudain, un horrible doute m’assaille : la serviette en papier sous mon pied, faisait-elle partie de l’oeuvre ?? Couvert de sueur, je bats retraite, l’air de rien... Sauvé, voila la sortie avec son air frais d’hiver ! Tout de même j’ai passé un très bon moment, je ne manquerai pas d’y être la prochaine fois car c’est indispensable pour exister, à condition de savoir où-quand-pourquoi (accessoirement) : le sésame de Paris ou d’ailleurs. |
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