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Pour le cinquantenaire de la mort de Jean Lurçat (1892-1966), une généreuse rétrospective à la Galerie des Gobelins à Paris.
Peintre, illustrateur, poète, Lurçat était le grand rénovateur de la tapisserie, qu’il a fait entrer dans la modernité. Voyageur, ses créations ont subi les influences de contrées colorées et joyeuses et ont donné à ses tapisseries une flamboyance qui n’avait jamais été atteinte ; sa création est pensée pour la tapisserie, contrairement aux peintres qui ont souvent fait réaliser des tapisseries à partir de leurs tableaux
la tapisserie est un médium d’autant plus intéressant qu’il se situe entre l’art et la décoration : l’art puisque le "peintre" Jean Lurçat crée des cartons originaux (près d’un millier) qui sont repris par les ateliers tapissiers, et décoration car traditionnellement ces réalisations y étaient dévolues ; aujourd’hui la perception du textile en général, donc de la tapisserie, évolue vers l’art pur et Lurçat y a contribué :
> cette tapisserie est exceptionnelle par sa structure libre (alors que ses autres réalisations jouent sur la symétrie), sa folle exubérance et les animaux exotiques qui s’y ébattent ; inspirée de son voyage au Brésil en 1954, elle décrit des papillons qui planent au lieu de voler : "je peux les mettre dans tous les sens inimaginables et ils tiennent" |
Jean Lurcat, Tropiques, 1957, basse lisse, laine, Atelier Picaud d’Aubuisson (courtoisie Fond. Lurça et Mus. Gobelins) |
Ses premiers pas dans le domaine du textile portent sur la décoration : canapé-causeuse, canevas et
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Jean Lurçat, poète lui-même, côtoie les grands poètes de son temps : Rainer Maria Rilke, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Louis Aragon, Paul Eluard, Pierre Seghers… ; il est surtout fasciné par Eluard, Tzara, Aragon et Apollinaire auxquels il emprunte des vers qui viennent enrichir ses tapisseries
Jean Lurçat est très constant : son style a peu évolué au cours de sa carrière ; bien qu’il se soit progressivement libéré, trois motifs reviennent constamment dans ses oeuvres, quelles que soient les circonstances :
> le soleil, figure centrale de plusieurs réalisations dès ses débuts, est peut-être un peu trop répétitif ; à propos d’un superbe coq enrobé de soleil il dit : "quelle gloire, quelle superbe ! un roi, le Grand Roi, le Roi Soleil !" et en fait une tapisserie !
> un bestiaire d’animaux fantastiques issu de l’imaginaire médiéval que Jean Lurçat a admiré dans la tapisserie de l’Apocalypse d’Angers ; en fait il conçoit ce bestiaire comme de véritables poèmes tissés > les feuillages d’une nature, qu’il transcende en paradis :
Le Jardin du Reveur, poème de Pierre Seghers
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pour réaliser une tapisserie, l’artiste crée le motif sur un "carton", c’est-à-dire un modèle -pas forcément à l’échelle- qu’il dessine et/ou peint souvent sur un carton car il n’est pas destiné à être exposé ou vendu en qualité d’oeuvre ; puis l’atelier réalise la tapisserie sur cette base
Jean Lurçat qui est avant tout un peintre, conçoit ses cartons comme des tableaux, avec un soin minutieux et abouti, comme le montrent ces deux exemples :
Carton de Esope, 1947, gouache et crayon |
carton de La rose et le colibri , 1955, gouache |
A partir des cartons, la plupart des réalisations sont faites par les ateliers des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie, qui dépendent tous du Mobilier national, ou d’ateliers d’Aubusson ; toutes les tapisseries sont authentifiées par un bolduc : sorte de cartel en tissu cousu au dos et en bas mentionnant l’atelier, la date de réalisation, l’auteur du carton et signature, la technique du tissage.
Pour atteindre les très grands formats qui sont une de ses spécialités, Lurçat fait utiliser la technique du canevas de laine, plus rapide d’exécution et moins chère que la tapisserie traditionnelle de lice faite sur un métier à tisser.
plus d’infos : |
> l’exposition à la Galerie des Gobelins (le musée) > la Fondation Jean et Simone Lurçat > reportage : le Mobilier national et la Galerie des Gobelins |
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