tapez un ou deux mots :

gare aux modes !

faut-il suivre la mode ?

suivre les modes, une façon de s’initier en art actuel ? risqué car, par définition, elles se... démodent !
C’est nouveau : tout le monde en parle mais on ne sait quel marketing l’a suscité ; les pipoles l’enflent comme une troupe de canards, les goupils en profitent et gonflent les prix : en serez-vous les pigeons ?
Si la mécanique est connue, en art elle se reproduit régulièrement ; à vous de détecter tôt les vraies valeurs des éphémères qui, parfois, vont éclater comme des bulles ; sachez soit zapper à temps, soit les exploiter.
Dans cette page :

 

 

 

>jusqu’au 6 janvier 2025
au Musée d’Orsay

 

 

 

Harriet Backer
Femme cousant a la lueur de la lampe
1890 huile 37×44
(courtoisie Oslo National museum)
clic=zoom

illustration par un exemple : [Claude Léger]

> c’est la mode des peintres modernes nordiques, surtout femmes ! Harriet Backer ( 1845-1932) est la dernière découverte d’Orsay, célèbre norvégienne dont le travail est d’inspiration naturaliste
> elle a un don, celui de valoriser la lumière à la manière d’un Vermeer, qui l’a influencée ; la clarté mystérieuse de ses tableaux n’est pas sacrée, bien qu’elle peigne nombre d’églises et d’intérieurs aussi bretons que parisiens, où elle vécut ; dans ses scènes intimes les personnages ne sont pas les acteurs principaux et leurs visages souvent floutés car c’est l’ambiance et la luminosité qui prévalent : influence des impressionnistes ; un bon titre de l’exposition serait : Les lumières intérieures de Harriet Backer
> l’évolution de son style surprend, due à une longue carrière elle n’altère pas son intérêt pour la lumière qui ne cesse d’enrichir une palette où tout est calme et harmonieux
> plusieurs femmes artistes scandinaves qui complètent leur formation en Europe, forment avec elle un collectif dynamique (plus libres qu’en France, en ces pays protestants) ; sa vie était sa peinture, fonder une famille ? pas le temps, aurait-elle dit !

 Harriet Backer  paintre

> accueil d’Almanart

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focus : la les modes, tendance en art contemporain, tendance et engouement, vogue et mode
 

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> vous êtes vendeur ? vous êtes acheteur ou curieux ?

 

amateur d’art : attention aux bulles !

 
comme en économie, l’art crée des bulles qui, comme le chewing-gum, vous éclatent au nez !

Il y a les bulles d’origine extérieure à l’art (la crise financière de 2008...) et celles internes au monde de l’art, dues à la spéculation entretenue par le lobby marchand ; gare à l’engouement artistiquement irrationnel, lié à une ignorance et un manque de méfiance du public : un genre artistique, un artiste belle-gueule devient à la mode, dont on ne sait pas trop l’origine mais dont on sait sûrement qui en profite... pas vous, collectionneur, sauf si vous êtes averti et savez en jouer.

Si l’art est une affaire de sentiment, ce n’est pas une raison de vous faire tirer le portefeuille bien qu’il soit situé près du coeur ! Sachez quel sont les "justes prix" de vos élans, sachez vous détacher des modes, elles ne sont pas formatrices en art

 
le bling-bling chinois

dans les années 2000 c’était l’exemple caricatural de l’art actuel lancé comme une lessive puis retombé complètement ; crocodile en plastique rouge, voyez le genre... ; cet art gadget tape à l’oeil et monté en maillonnaise profitait de l’engouement envers la Chine ; qu’en reste-t-il ? rien, sauf le meilleur...

 

 
la photographie

 

cette longue mode s’est développée dès les années 1990 suivie d’une surexposition (!) dans les années 2010 : la photographie est populaire car tout le monde peut la comprendre. L’exagération qui perdure 10 ans après se traduit par des prix nettement trop hauts ; on a beau rappeler que la photo produit des oeuvres multiples qui ne devraient pas être plus chères que des estampes (une lithographie d’un grand nom comme Monory ne vaut que quelques centaines d’Euros), la hauteur des prix n’est pas logique ; alors pour votre décoration, autant acheter chez Lumas ou YellowKorner où le rapport qualité-prix est plus raisonnable.

Pourquoi cela dure : la foire Paris-Photo, née en 1996, entretient la confusion en accueillant aussi bien des photos d’art contemporaines, des tirages vintage et des clichés de reportage ; de sorte que l’amateur a du mal à faire le tri

> ne pas confondre, il y a de vrais artistes qui utilisent le média photo ! par exemple cette oeuvre de Cédric Delsaux inspirée de Stars War n’est évidemment pas du reportage ! cette magnifique composition imaginaire est limité à 5 exemplaire en grand format, conformément aux bons usages en art plastique :

Cédric Delsaux, At-Cw1base, série Back-to-the-stars, 2018
(courtoisie Galerie Gutknecht) / clic=zoom
 

L’amateur d’art s’intéressant à la photo, a une meilleure approche :
> il identifie la démarche du créateur, ce qui permet de différencier le plasticien du simple photographe
> il veille au tirage ; un objet de collection voit sa valeur liée à sa rareté, or les tirages photo exagérés sont fréquents.
Pour se distinguer des photographes, les plasticiens-photographes usent de normes artistiques et plafonnent leurs tirages à 3, 5 ou maxi 7 exemplaires

sachez distinguer une photo artistique d’une photo tout court

 

la bande dessinée

en 2006 la BD a explosé avec les records fulgurants de Bilal  ; depuis 2010 les marchands cherchent à en tirer le max en sortant des planches originales de tous les bons dessinateurs les uns après les autres... voire les moins bons ; problème : il y a un stock énorme de ces planches puisqu’on peut multiplier pour chaque auteur les pages par les cases : attention à l’atterrissage !

En 2021 vient la mode des mangas (merci de financer le Japon par nos impôts avec les chèques culture jeunes...) ; problème : rarement de bonne qualité, ce n’est pas de l’art, d’ailleurs au Japon c’est de la BD fast-food ; mais une bulle se prépare à l’avance...

 

le street art

en 2009 lorsque le graffitisme a vraiment décollé sur le marché de l’art, boosté par l’exposition au Grand Palais, une bulle était crainte par de nombreux professionnels ; voici un édito d’Almanart en 2011 :

"le street art est-il en train de nous faire une bulle ?
> l’art des rues ressemble à l’impressionnisme d’autrefois : comme lui il est né hors des salons, dénigré, insulté, puis est entré dans les galeries d’avant-garde et maintenant il est dans les livings bourgeois et les musées
> cet art a déjà ses artistes historiques, des mairies proposent des murs ; les prix des oeuvres sont mis en orbite et quantité de seconds couteaux émergent
> alors des indices bullesques pointent : certains artistes ne se retiennent plus et bombent à tour de bras, d’où une inondation d’oeuvres qui se font vite ; tout le monde en veut, même les galeries classiques en-ont-un-ou-deux-sait-on jamais ; les maisons de vente ouvrent des départements spécialisés
> résultat : des oeuvres trop dupliquées, trop vues, parfois de qualité moyenne, des prix excessifs, une pléthore d’artistes suiveurs ou copieurs...

Depuis on a pris du recul ; on sait maintenant distinguer les bons artistes des suiveurs et imitateurs : la bulle s’est dégonflée en 2020 car le domaine est devenu sélectif

> distinguez aussi les artistes qui font du street pour galerie "sans se mouiller" et ceux qui gardent leur vocation des rues et opèrent aussi en galerie ; la différence est la spontanéité, parfois l’humour comme le montre Petite Poissone :

Petite-Poissone, Ainsi-parla-Zara,
rue Françoise Dolto Paris, 2016
(courtoisie l’artiste) / clic=zoom

petit panorama de l’évolution du street art

 

le dessin

depuis 2010, c’est le dessin contemporain qui se gonfle comme le crapaud de La Fontaine. Il était venu au premier plan en 2008 grâce à la crise (c’est une oeuvre unique présumée abordable) puis, par la multiplication déraisonnable des foires de dessin ; leur nombre a nettement diminué avec la crise du Covid en 2020-21 ;
on lui pardonne car, au moins, ce sont des pièces uniques ; à suivre...

 

le design

les amateurs de belles choses ont diversifié leurs sources d’acquisition et le design en fait partie :
> les collectionneurs d’art et de design sont souvent les mêmes
> les artistes et les designers sont aussi confondus, ne serait-ce que par moments, voyez cette analyse

En 2017-2018 c’est l’explosion : après la Paris Design Week une quantité de foires ou ventes soi-disant "de puces" ont déboulé ; les vraies Puces elles-mêmes se sont mises au goût du jour, au point qu’on se demande parfois d’où vient la marchandise... Les prix deviennent exagérés, alors méfiance, sachez distinguer les "vraies" vintage aux retirages contemporains non signés ni numérotés et vendus en grand tirage ; mais il y a de "vrais" retirages au nombre restreints

> ce fauteuil icône conçu par Charles & Ray Eames en 1956, est vendu 7000€ pour des exemplaires non numérotés retirés en 2005... :

mieux comprendre le design

 

 

le féminisme

dans l’actuel délire excommunicateur à tendance woke, le féminisme radical tient le fusil jusqu’à confondre féminisme et féminité (voir cette page) : il faut absolument mettre au 1er plan les artistes femmes, quels que soient leurs talents, et virer les hommes ; comme Hidalgo à Paris : interdiction d’abord, ensuite on verra, peut-être... une bulle à caractère soviéto-culturel qui fait plus de mal car concerne tout le monde, pas seulement les collectionneurs

 

> témoin, l’exposition Pionnières Artistes dans le Paris des Années folles -titre accrocheur- au Musée du Luxembourg 2022 où, malgré quelques merveilles, la qualité artistique est moyenne et -c’est un comble- ne montre presque que des portraits de femmes et des nues ! Narcissisme ou exploitation ?

Personne n’a une épingle ?

 

Amrita Sher-Gil
Autoportrait en Tahitienne 1934 90x56
(courtoisie Kiran Nadar Museum)
clic=zoom
 

vrilles et rebonds :

il y a aussi des modes inverses, suscitant des mises au placard, et qui parfois rebondissent ; deux exemples :

> le célèbre artiste Georges Mathieu, autrefois mal coté et invisible car boycoté pour des raisons politiques ! mais à qui le Jeu de Paume a su en 2002 démontrer l’injustice faite ; il a dès lors remonté son audience et sa cote ; "après trente ans d’absence, retour triomphal de Georges Mathieu à New York" (à la galerie Nahmad) titrait le Figaro de janvier 2019

> idem pour la Figuration narrative, peu connue à l’étranger, qui a été réhabilitée en 2008 par l’exposition au Grand Palais ; et Gérard Fromanger a eu une rétrospecrtive à Pompidou en 2016 (bravo à ceux qui ont été patients)

Lorsque des artistes de très bonne qualité voient leur visiblité diminuer car ils ne sont plus dans le coup et que, partant, leur cote diminue, voila une occasion pour l’amateur éclairé et patient d’acheter (s’il aime l’artiste) ; à condition d’être en bonne santé et pas trop vieux... car il est possible d’attendre quelques dizaines d’années pour voir une remontée !

un truc de pro : veiller aux grandes expositions internationales avant qu’elles soient dans les agendas publiques, elle sont capables de faire remonter les cotes

 

comment détecter une bulle ?

une bulle se manifeste par des prix en hausse forte par rapport à la moyenne du marché ; elle est bornée par un commencement et une fin, de sorte que sa détection précoce est difficile puisque la preuve de son existence s’établit à... sa mort ! La bulle forme des cotes en montagnes russes et, à terme, des investissements périlleux ; elle entraîne un risque de faux  ; en fin de compte elle place les amateurs d’art en victimes.

 pour détecter l’émergence d’une mode, posez-vous ces quelques questions :

> parmi tous les sujets, genres, techniques, médiums d’art, l’un d’entre eux est-il en train d’occulter les autres ?
> toutes les revues parlent de ce jeune artiste-star : mais quel est son parcours, sa démarche, ses idées... son style est-il réellement novateur et surtout, surtout, par qui est-il soutenu ?
> telle oeuvre déjantée vous tente, mais quel sera votre regard dans 2, 5 ans ?

Gardons bon sens : l’important n’est pas le médium, c’est ce qu’en fait l’artiste ; son travail, sa qualité, la constance de sa démarche, sa sincérité, sont des bases qui prévalent à long-terme. Ne soyez pas timides : parler avec l’artiste ou lire les articles le concernant permet d’apprécier son histoire, s’il a quelque chose à dire, bref : voyez s’il n’est pas bidon.

L’histoire de l’art moderne est une bonne antidote aux excès : savoir que Malevitch a conçu l’oeuvre abstraite ultime en 1915 (le carré noir sur fond blanc) peut relativiser votre ardeur sur une peinture minimaliste récente et soit disant innovante ; connaître le mouvement pop vous permet de mieux peser une découverte qui peut être plutôt une simple réadaptation (on dit "réinterprétation" dans le langage poli de l’art).

 



 

 

 

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