la Belle Epoque pose la beauté moderne
l’exposition universelle de Londres en 1851 consacre la formidable puissance de la révolution industrielle. Mais deux artistes -John Ruskin, écrivain, peintre et réformateur social et William Morris, peintre et homme politique social- sont consternés : en cette démonstration du progrès par la maîtrise technique, la qualité artistique du mobilier exposé fait piètre figure… la machine aurait-elle perverti le goût artistique des hommes ?
Ils réagissent, se fixent pour but de réhabiliter l’artisanat, seul capable à leurs yeux de produire beau et bien. |
papier peint
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Dès lors, l’industrie, empruntant les chemins de l’artisanat, améliore l’esthétique et la qualité de la production en série. Le terme design qui signifiait alors "plans d’ouvrages d’art", s’élargit sous la pression de Arts and Crafts, alors qu’aux USA il se définit comme une "conception décorative étendue aux objets utilitaires".
les anglais font des émules sur le continent : sur les traces de Charles Robert Ashbee, ou Charles Rennie Mackintosh, les Ateliers Réunis Munichois ouvrent en 1897 et prônent déjà l’unité de la création artistique et la réalisation de qualité à des prix accessibles. Vienne joue aussi un rôle central dans l’avènement du modernisme, où Josef Hoffman crée les Ateliers Viennois en 1903. Partout en Europe la révolution industrielle fascine ou inquiète mais ne laisse aucun créateur indifférent aux nouvelles possibilités du travail du fer, du verre ou du bois ; d’où une prolifération de mouvements et d’écoles destinés à s’affranchir des modèles du passé : Modern Style en Grande Bretagne, Art Nouveau en Belgique et en France, Jugenstill en Allemagne, Nieuwe Kunst en Hollande, Liberty en Italie, Modernismo en Espagne, Sezession en Autriche et Tiffany aux Etats-Unis. |
Joseph Hoffmann
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Les USA, détachés de références culturelles passéistes, donnent au contraire à la production industrielle les moyens radicaux de la grande série ; même Louis Comfort Tiffany s’y prête. La recherche y est plus avancée en architecture avec la fondation de la Prairie School par Frank Lloyd Wright, qui dessine des Maisons des Prairies longues et linéaires, très dépouillées, bien proches de l’Art Déco qui viendra bien plus tard en Europe !
Pureté des lignes, sobriété des formes élémentaires par rapport à la fonction de l’objet, ou au contraire formes complexes du "style nouille" : tous ces mouvements européens tentent de réconcilier l’homme avec son univers, son monde végétal, en essayant d’ignorer le travail mécanisé de l’industrie, tandis que celle-ci trace sa voie sur les progrès de la technologie.
Le Modernismo catalan est une version de l’Art nouveau, également avec des représentations animales et végétales, qui concernent l’architecture et les arts décoratifs ; il débute vers 1880 et rayonnera longtemps en Espagne.
> son architecte le plus connu est Gaudi (Antoni Gaudi i Cornet ) ; né près de Barcelone il y entreprend dès 1878 une oeuvre totalement originale, inspirée d’une nature exubérante ; par une vision esthétique hors du commun, il intègre aux technologies de construction un travail étroit avec les artisans : fer forgé, vitrail, mosaïque, céramique, mobilier. Novateur en tout, Gaudi décore ses immeubles de couleurs vives, édifie entre 1900 et 1914 le parc Guell (un jardin magique de sculptures et céramiques), la Casa Batllo (une réalisation "d’art total" dans sa conception, mobilier et décoration), et la célèbre Sagrada Familia : un temple gigantesque encore en cours de construction pour des dizaines d’années, car des disciples s’y relaient depuis son décès pour faire progresser ce chef d’oeuvre emblématique. |
Antoni Gaudi : Parc Guell, Barcelona, 1914
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le Grand Duc de Hesse fonde en 1899 une colonie d’artistes à Darmstadt qui devient une force de proposition, avec Joseph Maria Olbrich et Peter Behrens.
Muthesius publie en 1905 un plaidoyer pour "laisser l’esprit humain créer des formes que la machine soit capable de fabriquer", ajoutant : "de telles formes auront droit au qualificatif d’artistiques". Puis il crée en 1907 la société Le lien pour l’Oeuvre, qui unit les artistes et les manufactures pour ennoblir par association, le travail, la technique et le goût, au moyen de l’éducation et de la propagande". Le principe de l’art décoratif est posé et s’appuie sur l’éducation artistique des populations.
Alors l’exposition de Cologne en 1914 fait éclater la polémique : si le théâtre est construit par Van de Velde, une usine est construite par Gropius avec Adolf Meyer ; le grand sujet de la standardisation oppose violemment les deux camps ! Cette période est traversée par de farouches "critiques destructives" qui occultent sa grande richesse, puisqu’elle aura vu naître le Surréalisme, l’Abstraction, et le Modernisme !
La Grande Guerre vient interrompre cette querelle de dogmatistes, mais leurs idées ont posé le fondement théorique et pratique du design industriel
au début du XXe siècle Vienne, capitale austro-hongroise, fourmille d’activités culturelles, musicales, plastiques ; Freud publie l’Interprétation des rêves, le boulevard le Ring se construit, mais l’académisme règne.
le Musée de la Secession à Vienne |
Pour s’en libérer, Gustav Klimt et les architectes Josef Maria Olbrich et Josef Hoffmann fondent en 1897 la "Sezession" et exposent au Pavillon de la Sécession : conçu par Olbrich, décoré par Klimt (une frise en hommage à Beethoven), avec une scenographie du peintre Koloman Moser ; ils publient la revue Ver Sacrum. Puis les peintres Oskar Kokoschka et Egon Schiele se joignent au groupe. Si le style de Schiele est très décoratif, tous sont assez violents, souvent érotiques, désabusés, rompant avec l’académisme riche et pompeux. L’objet est aussi d’abolir la séparation entre arts majeurs et mineurs et, allant dans ce sens, Moser et Hoffmann fondent en 1903 les Ateliers viennois pour produire bijoux, meubles et décoration. |
la création artistique oscille aussi entre les deux tendances :
> le rationalisme à vocation démocratique de l’Art Nouveau (le modèle allemand), qui échoue au départ, faute d’adhésion de la population ; les apports à l’art social sont contestés avec vigueur par les passéistes de tous bords : malgré son succès public à l’Exposition Universelle de Paris de 1900, c’est l’échec commercial ; il est aussi violemment condamné à l’exposition des arts décoratifs de Turin en 1902
> alors que triomphe partout un style Art déco inspiré par la tradition, plus élitiste (modèle Viennois).
Heureusement une décennie plus tard l’Art nouveau connait une renaissance, mais avec un décor floral plus épuré et associé aux possibilités des structures métalliques ; alors des splendeurs naissent : la maison de Victor Horta à Bruxelles (1899 à 1902), le Théâtre des Champs Elysées (1913) de Henry Van de Velde aidé d’Auguste Perret pour le tout nouveau béton armé… Tony Garnier, adepte du rationalisme, fait des projets de "cités industrielles" résultant d’une analyse des fonctions urbaines ; Hector Guimard, grand architecte, réalise ses immeubles d’un Art Nouveau stylisé et ses fameuses entrées du métro parisien. |
cache-pot de Hector Guimard,
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Le célèbre couturier Paul Poiret en 1907 s’inscrit à sa manière dans la réalisation d’une oeuvre d’art totale : voyant que la révolution industrielle modifie les comportements, il révolutionne le vêtement des femmes ; en épurant la ligne, il impose fluidité et simplicité des formes. Il s’entoure d’artistes pour dessiner ses modèles (Paul Iribe, Maurice Gruau, Erté, Georges Lepape), rencontre a Vienne Hoffmann avec qui il crée une école "d’objets de décoration" parrainée par des artistes connus, dont les créations sont présentées au Salon d’automne de 1912. Il invite Emilie Flöge, l’épouse de Klimt, à venir présenter ses créations ; il confie à Raoul Dufy des dessins sur textile… Et pour ses fêtes célèbres de 1911, il fait aussi appel à Van Dongen et Dunoyer de Segonzac. Le couturier Jacques Doucet, la couturière Jeanne Lanvin et quelques riches amateurs confient la décoration de leurs appartements aux meilleurs du moment : Armand-Albert Rateau, Georges Hoentschel en 1907, Louis Süe, André Mare, Rulhmann, Mallet Stevens, Victor Prouvé, Louis Majorelle, Gallé… tous sont aussi d’ardents collectionneurs d’art. rode dite Sorbet, de Paul Poiret, 1912 |
aboutissement : sous la pression de l’industrie qui péfère la simplicité aux volutes, le passage de l’Art nouveau à l’Art déco se fait progressivement, dès 1910, mais se révélera dans toute sa créativité après la Grande Guerre de 14-18 et se généralisera dans les années 20 : la guerre aura précipité le mouvement vers le dépouillement de l’ornement.
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plus d’informations : |
> Paris à la Belle Epoque
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