le bluff hyperréalistel’hyperréalisme ou "superrealism" est un genre (pas un mouvement) qui débute dans les 60’s aux USA, porté par la société de consommation clinquante et ses effets et par la popularité de la photographie couleur ; il concerne à l’origine surtout des peintres.
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le style hyperréaliste est une manière de représenter des scènes banales du monde contemporain, de façon quasi-photographique (d’ailleurs une photo sert parfois de modèle), ceci par des cadrages et accentuations influencés par le cinéma d’Hollywood, par des surfaces aseptisées à "l’airbrush" (aérographe) et souvent dépourvues de personnages : une sorte de glaciation
Richard Estes
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Davis Cone
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> la base figurative est l’environnement "way of life" américain, en opposition au pop art influencé par la publicité ; ce qui produit comme disait Dali : "des photos peintes à la main" presque plus réelles que la réalité, de la surréalité, de la "carte postale" géante (Jean-Louis Pradel) dans une vision clinique :
Ralph Goings
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Robert Cottingham
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l’approche hyperréaliste contemporaine a peu de rapport avec les natures mortes traditionnelles qui, bien que traitées aussi de manière ressemblantes, n’étaient hyperréalistes ni dans la technique (qui n’évitaient pas les effets) ni dans l’intention (des arrangements symbolistes) ; pas plus qu’avec la sculpture antique, miroir de la divinité sur terre. S’y approchent peut-être : les trompe-l’œil décoratifs qui imitent les reliefs, comme eux l’hyperréalisme joue l’illusion.
la confrontation avec les sculptures de Maillol faite lors de l’exposition l’hiver 2022-23 montre la différence entre le réalisme et l’idéalisation faite par Aristide Maillol
Les principaux peintres américains à l’origine de ce genre sont notamment : Robert Bechter avec ses scènes familiales, Richard Estes qui joue sur les reflets, Robert Cottingham spécialiste des enseignes lumineuses, Davis Cone et ses théâtres Art Déco, Ralph Goings pour des natures mortes à caractère publicitaire.
Quelques sculpteurs s’en sont fait une spécialité, comme John De Andrea avec ses nus et Duane Hanson avec ses personnages en situation, tous en grandeur nature
cette partie s’appuie sur l’exposition Hyperréalisme Ceci n’est pas un Corps, au Musée Maillol (hiver 2022-23)
Si aux USA quelques peintres célèbres explorent cette veine avec succès (business is...), l’hyperréaliste actuel s’exprime beaucoup sous forme de sculptures et d’installations. Dans cette discipline le corps est évidemment le centre d’intérêt, comme miroir de la condition humaine :
Duane Hanson
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Sam Jinks
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En hyperréalisme le corps est présenté dans sa stricte vérité, soit harmonieuse (les Nageuses de Carole Feuerman), soit dans une intimité gênante pour le spectateur devenu voyeur (les nus en vrai grandeur de John De Andrea), soit dans leur environnement de travail (Two Workers de Duane Hanson). Contrairement à l’environnement urbain de l’hyperréalisme original, ces personnages ne sont ni idéalisés ni aseptisés mais des humains crédibles, par exemple des enfants ou des seniors (Woman and Child de Sam Jinks, Marc Sijan...
l’émotion n’est pas absente du réalisme et celle-ci peut être exacerbée aussi bien par des personnages miniaturisés (Ron Mueck) ou rendus géants (Sam Jinks), que par une sorte de dérive en marge de l’hyperréalisme, frisant la fantasmagorie par "difformations" ou hybridations (The Comforter de Patricia Piccinini), ou par usage de l’humour grinçant (Gilles Barbier) par dérision, solitude, absurdité (Maurizio Cattelan, par son célèbre pape de la Nona Ora), par la vie et la mort (de Bruychere), l’érotisme (Mel Ramos) ou plus simplement par l’émotion pure (Marc Sijan Embrace)...
Peter Land
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Marc Sijan
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... ou encore par une nouvelle forme de caricature : < bien que cette Chiquita Banana de Mel Ramos soit plus pop que réaliste, elle est proche de l’hyperréalisme ; si elle choque les incultes wokistes, cette série critique est une dénonciation de la publicité qui utilise les corps féminins pour faire vendre et souligne un second degré de consommation entre le symbole phallique et la femme objet qui se croque
Mel Ramos
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En s’éloignant de la raison d’être du genre hyperréaliste original, les artistes actuels cherchent par la sculpture à sortir de la seule vérité du paraitre pour tenter de révéler celle du "moi intérieur" dissimulé derrière l’enveloppe charnelle ; ils y réussissent souvent : Sam Jinks : "le rêve est de faire une oeuvre qui a le même pouvoir qu’une oeuvre religieuse, sans lien avec la religion".
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