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hyperréalisme ou la vérité plus que vraie

 

le bluff hyperréaliste

l’hyperréalisme ou "superrealism" est un genre (pas un mouvement) qui débute dans les 60’s aux USA, porté par la société de consommation clinquante et ses effets et par la popularité de la photographie couleur ; il concerne à l’origine surtout des peintres.

Très spectaculaire mais un peu incompris car concurrent de la photo réaliste, ce genre a décliné à la fin des années 70, sans se tarir complètement car des artistes y reviennent régulièrement

 

Dans cette page :

 

 

 

> jusqu’au 28 mai 2023
au Jeu de Paume

 

 

 

 

 

Demand Thomas
Gangway 2001 print 225x180
(courtoisie Jeu Paume)
clic = zoom

l’hyperréalisme illustré par une exposition :

> curieux : de loin, il semble que ce ne soit pas une photo mais une peinture très réalistes, voire hyperréaliste... effet qui s’estompe vite : elle semble artificielle, minimaliste ; tout faux ! (et dans tous les sens du terme) : 1. c’est bien une photo 2. non pas de la réalité mais d’une maquette en carton et en vraie grandeur, détruite en fin de parcours
> dans l’exposition bien nommée Le Bégaiement de l’Histoire, Thomas Demand transcende et fige la réalité en l’épurant de tout personnage, alors que justement le contexte de chaque oeuvre est un épisode fort de l’Histoire ; ici : la passerelle empruntée par Jean-Paul II se rendant en 1996 à Berlin après la réunification de l’Allemagne
> Thomas Demand explique ainsi sa démarche systématique : "’il s’agit de transformer le monde en maquette, de le refaire en lui ôtant sa part anecdotique, alors il devient allégorie et le projet métaphore" ; intéressant, on pourrait appliquer ce propos aux peintures hyperréalistes américaines des 60’s

 Thomas Demand artiste

> accueil d’Almanart

> sommaire thèmes

focus : l’hyperréalisme en art contemporain, les peintres l’hyperréalistes, la sculpture l’hyperréaliste / images : clic=zoom

 

 

l’hyperréalisme d’origine

 
le style hyperréaliste est une manière de représenter des scènes banales du monde contemporain, de façon quasi-photographique (d’ailleurs une photo sert parfois de modèle), ceci par des cadrages et accentuations influencés par le cinéma d’Hollywood, par des surfaces aseptisées à "l’airbrush" (aérographe) et souvent dépourvues de personnages : une sorte de glaciation

  Richard Estes artiste  
Richard Estes
Horn and Hardart Automat
122x152 huile 1967
(courtoisie l’artiste)
clic=zoom
Davis Cone
Thompson acrylic
1980 140x99
(courtoisie
Meisel Gallery)
clic=zoom
  Davis Cone artiste

> la base figurative est l’environnement "way of life" américain, en opposition au pop art influencé par la publicité ; ce qui produit comme disait Dali : "des photos peintes à la main" presque plus réelles que la réalité, de la surréalité, de la "carte postale" géante (Jean-Louis Pradel) dans une vision clinique :

  Ralph Goings artiste  
Ralph Goings
Still Life With Peppers
1981 93x132 huule
(courtoisie l’artiste)
clic=zoom
Robert Cottingham
Art-red
1992 117x116 print
(courtoisie l’artiste)
clic=zoom
  Robert Cottingham artiste

 

des natures mortes, de la statuaire ?

l’approche hyperréaliste contemporaine a peu de rapport avec les natures mortes traditionnelles qui, bien que traitées aussi de manière ressemblantes, n’étaient hyperréalistes ni dans la technique (qui n’évitaient pas les effets) ni dans l’intention (des arrangements symbolistes) ; pas plus qu’avec la sculpture antique, miroir de la divinité sur terre. S’y approchent peut-être : les trompe-l’œil décoratifs qui imitent les reliefs, comme eux l’hyperréalisme joue l’illusion.

la confrontation avec les sculptures de Maillol faite lors de l’exposition l’hiver 2022-23 montre la différence entre le réalisme et l’idéalisation faite par Aristide Maillol

Les principaux peintres américains à l’origine de ce genre sont notamment : Robert Bechter avec ses scènes familiales, Richard Estes qui joue sur les reflets, Robert Cottingham spécialiste des enseignes lumineuses, Davis Cone et ses théâtres Art Déco, Ralph Goings pour des natures mortes à caractère publicitaire.
Quelques sculpteurs s’en sont fait une spécialité, comme John De Andrea avec ses nus et Duane Hanson avec ses personnages en situation, tous en grandeur nature

 

 

l’hyperréalisme actuel

 

cette partie s’appuie sur l’exposition Hyperréalisme Ceci n’est pas un Corps, au Musée Maillol (hiver 2022-23)

Si aux USA quelques peintres célèbres explorent cette veine avec succès (business is...), l’hyperréaliste actuel s’exprime beaucoup sous forme de sculptures et d’installations. Dans cette discipline le corps est évidemment le centre d’intérêt, comme miroir de la condition humaine :

  Duane Hanson artiste  
Duane Hanson
Two Workers 1993
(courtoisie Maison de l’Histoire Allemagne)
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Sam Jinks
Woman and Child 2010
(courtoisie Musée Maillol)
clic=zoom
  Sam Jinks artiste

En hyperréalisme le corps est présenté dans sa stricte vérité, soit harmonieuse (les Nageuses de Carole Feuerman), soit dans une intimité gênante pour le spectateur devenu voyeur (les nus en vrai grandeur de John De Andrea), soit dans leur environnement de travail (Two Workers de Duane Hanson). Contrairement à l’environnement urbain de l’hyperréalisme original, ces personnages ne sont ni idéalisés ni aseptisés mais des humains crédibles, par exemple des enfants ou des seniors (Woman and Child de Sam Jinks, Marc Sijan...

 
> on se rappelle à ce sujet l’oeuvre frappante des chinois
Sun Yuan et Peng Yu où de vieux dictateurs, plus vrais
que nature, tournoyaient sur leurs chaises électriques,
parés des attributs de leur ancien pouvoir ; c’était
à la Conciergerie en 2013 (collection Pinault) la
preuve que l’hyperréalisme s’est répandu sur la planète

 
Sun Yuan et Peng Yu
Old Persons Home 2007
(courtoisie Galerie Continua)
clic=zoom
  Sun Yuan et Peng Yu artistes

 

des natures mortes, de la statuaire ?

l’émotion n’est pas absente du réalisme et celle-ci peut être exacerbée aussi bien par des personnages miniaturisés (Ron Mueck) ou rendus géants (Sam Jinks), que par une sorte de dérive en marge de l’hyperréalisme, frisant la fantasmagorie par "difformations" ou hybridations (The Comforter de Patricia Piccinini), ou par usage de l’humour grinçant (Gilles Barbier) par dérision, solitude, absurdité (Maurizio Cattelan, par son célèbre pape de la Nona Ora), par la vie et la mort (de Bruychere), l’érotisme (Mel Ramos) ou plus simplement par l’émotion pure (Marc Sijan Embrace)...

  Peter Land  artiste  
Peter Land
Back to square
installation 2015
(courtoisie Galleri Wallner)
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Marc Sijan
Embrace 2014 79x94x79
(courtoisie l’artiste)
clic=zoom
  Marc Sijan  artiste

 

Davis Cone artiste

 

... ou encore par une nouvelle forme de caricature :

< bien que cette Chiquita Banana de Mel Ramos soit plus pop que réaliste, elle est proche de l’hyperréalisme ; si elle choque les incultes wokistes, cette série critique est une dénonciation de la publicité qui utilise les corps féminins pour faire vendre et souligne un second degré de consommation entre le symbole phallique et la femme objet qui se croque

 

Mel Ramos
Chiquita Banana 2007
170x110x110 6ex
(courtoisie Galerie Hilger)
clic=zoom

 

En s’éloignant de la raison d’être du genre hyperréaliste original, les artistes actuels cherchent par la sculpture à sortir de la seule vérité du paraitre pour tenter de révéler celle du "moi intérieur" dissimulé derrière l’enveloppe charnelle ; ils y réussissent souvent : Sam Jinks : "le rêve est de faire une oeuvre qui a le même pouvoir qu’une oeuvre religieuse, sans lien avec la religion".

 

 

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