l’art contemporain n’est pas si facile !alors voici quelques critères pour mieux le comprendre :dans cette page :
> jusqu’au 28 août 2023
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comprendre l’art plastique, illustré
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premier critère, ou deuxième après la beauté ? A chacun son point de vue, mais pensez-vous qu’une belle oeuvre décorative ait la même "valeur" qu’une oeuvre ayant un contenu et qui, de surcroît pourrait aussi être belle ?
Car un trait de l’art contemporain est le questionnement, le dérangement, la surprise ; votre premier exercice est donc de chercher la signification d’une œuvre. Picasso disait déjà en 1905 : "il faut savoir quand un artiste a fait telle œuvre, pourquoi, comment et dans quelles circonstances". L’analyse est parfois indispensable pour apprécier certaines œuvres ; elle implique que vous lisiez, recherchiez ; mais n’est-il pas de même en musique, en littérature ? En art contemporain, les musées, les bonnes galeries mettent à votre disposition ces informations sous forme de fiches ou de petits dossiers.
Une œuvre peut être significative de différentes manières : âpre (contestataire, revendicative, dénonciatrice), sarcastique (caricaturale, burlesque), poétique (symbolique, évocatrice), ou fait appel à un vocabulaire propre comme par exemple Miro. Plus difficiles à découvrir sont les œuvres apparemment insignifiantes mais résultant d’une démarche qui l’est ; alors il faut lire, écouter les artistes expliquer leurs démarches.
Attention aux apparences trompeuses : > cette oeuvre n’est pas une photo et n’a aucun caractère érotique, bien au contraire : |
Anahita Masoudi, ST, huile, 2012, 162x130 (courtoisie l’artiste) clic=zoom elle est représentée par la Galerie Nicolas Flamel |
> voyez aussi : comment observer et aussi analyse d’oeuvres et enfin des oeuvres provocatrices
et bien non ! depuis l’art moderne (1900-1940), la beauté n’est plus le seul motif qui anime l’art plastique, mais elle reste d’actualité car l’art plastique est sorti de l’emprise des théoriciens des années 60-80 où il était soumis au sectarisme ou à la politique ; il s’est d’ailleurs opéré depuis un retour vers la figuration.
Il faut distinguer la beauté plastique (qui faite pour réjouir l’oeil et peut-être uniquement lui), qui explique que certaines oeuvres ont un seul but décoratif, et la beauté contemplative où la méditation est un moyen de la percevoir. Par exemple Tapiès entre dans cette catégorie, bien que quelques autres clés soient utiles, son langage notamment où son symbole de la croix est à rapprocher de l’histoire de la guerre civile d’Espagne comme du doute à choisir sa voie. Autre exemple : l’art abstrait joue sur ces deux types de beautés, esthétique et méditative.
> voyez aussi : c’est pas beau ! et aussi l’art abstrait
c’est elle qui nous passionne peut-être le plus, cette libération, cet affranchissement des limites. Car depuis les rassurantes certitudes occidentales du 19è siècle, les artistes n’ont cessé de contester les canons académiques, de désavouer la société en guerre, de culbuter les interdits sociaux. Les certitudes ont fait place à la liberté : libération de l’expression, des thèmes, des styles, des moyens... !
S’il fallait un mot pour caractériser l’art contemporain, ce pourrait être la liberté faite au créateur. Mais en contrepartie l’artiste libéré doit faire preuve d’imagination, sans course aveugle au spectaculaire.
> voyez par exemple : la liberté par Fluxus, un bouleversement, les pops singuliers...
la recherche sur les seules formes est une démarche valable ; en premier rang viennent les abstraits géométriques ("l’art construit") ; d’autres artistes innovent la forme par l’usage de technologies nouvelles (traitements informatiques, matières non conventionnelles : gaz, caramel) pour obtenir des effets plastiques différents. Ces travaux peuvent dépasser le seul domaine visuel pour d’autres sensibilités : auditives, spatiales, temporelles comme par exemple des sculptures éphémères de glace. Par exemple Michel Blazy a trouvé dans les matériaux évolutifs et se dégradant (mousse, fruits en décomposition, etc), un nouveau type d’expression du caractère éphèmère de la vie.
> voyez aussi : l’art construit, l’art numérique...
si nous apprécions beaucoup le travail qui a engendré une œuvre, cela est-il du ’travail bien fait" ? car le bâclage a peu de chance d’être retenu par l’histoire. Mais que veut dire "bien fait" ?
Expliquons-nous par deux exemples : avez-vu ce fameux film de Clouzot montrant en 1966 Picasso créant en quelque 10 secondes un gracieux oiseau en terre cuite ? mais ses gestes d’une précision extrême sont le résultat de plusieurs dizaines d’années de travail ! Autre cas : l’on sait depuis De Kooning que les bavures ou les coulages de peintures ne sont pas le résultat d’un travail bâclé, mais l’expression de leur peu d’importance, l’essentiel résidant dans la démarche de négation de la peinture léchée comme seul moyen d’expression ; la qualité de ce travail réside ici dans sa contradiction formelle par rapport à l’histoire de la peinture.
Certes la qualité du travail lors de son accomplissement, la finition, sont des critères importants ; mais posez-vous aussi la question de savoir combien de temps tel artiste a préalablement réfléchi, essayé, hésité, quelles ont été les études intermédiaires aboutissant à la réalisation de telle œuvre ; la maturation fait partie du travail de création.
> Dirk Verdoorn, Peintre de la Marine, doit son succès à son art hyperréaliste de scènes elles-mêmes très crédibles de la vie marine ; l’hyperréaliste implique une technique irréprochable
Dirk Verdoorn
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Une oeuvre mérite d’être bien finie (la notion de finition étant très subjective) ; nous constatons sur ce plan un laxisme qui va en sens inverse de la qualité des matériaux et de la finition que vous constatez dans le domaine du design. Un exemple simple : puisque les tableaux contemporains se passent de cadre, pourquoi beaucoup d’artistes laissent-ils ses côtés moches, nus, non peints et les agraphes visibles
dans le même ordre d’idée (la maturation), approfondissez le travail de l’artiste en prenant un peu de recul pour comprendre la démarche globale de l’artiste, qui concerne non pas une oeuvre mais l’ensemble de son travail et son évolution, par rapport à ce qu’il veut obtenir. Tentez d’apprécier ses réflexions, ses expérimentations, ses recherches, voyez les moyens qu’il se donne pour les concrétiser. Alors peut-être que même une première impression négative s’éclairera, à moins au contraire que ne vous constatiez que du creux...
Bien sûr la meilleure chose est de pouvoir discuter avec l’artiste, sinon son représentant (agent, galerie), et aussi de lire sa documentation | ((Thomas Hirsschorn, artiste) "l’art est aussi un mouvement de résistance" |
1° nous désavouons l’usage immodéré du marketing : quelques artistes introduisent dans leur démarche la recherche de l’étonnant, du détonnant, voire du clinquant (c’est comme à la télé, il y a un public pour ça). A vous de séparer le flatteur du sincère, sachant qu’une démarche commerciale est tout de même nécessaire dans notre société
2° la liberté d’expression et des parcours de vie (absence d’étude...) donne à chacun la chance d’être artiste, avec un risque : celui que l’histoire de l’art reste inconnue à cet artiste improvisé... ; bravo disait-on en 68, depuis on en est bien revenu... L’ignorance, sorte de virginité douteuse, ne peut être un caractère positif dans un monde artistique aussi riche et divers que le nôtre : combien avez-vous vu d’œuvres "qui vous rappellent quelque-chose" étant à la limite du plagiat par ignorance ? combien d’artistes ignorent l’histoire de l’art ? Sachons différencier l’inspiration qui est un des nerfs de l’art, de la copie et de la redécouverte de l’eau chaude…
En gardant à l’idée que toute règle a ses exceptions, exemples : l’apport de l’art brut (sur Rousseau...) ou de l’art premier (sur Picasso...) ; ne généralisons pas, le génie existe bien que rare. | (Gérard Fromanger, artiste) : "si vous n’aimez pas l’art contemporain, n’en dégoûtez pas les autres" |
il n’empêche que le principal critère, le plus sincère, le plus motivant, est le plaisir que procure la contemplation, la présence de l’œuvre, la joie de l’avoir découverte puis celle de la comprendre et enfin de l’apprivoiser. Cela nous est strictement personnel et indiscutable !
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