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Almanart : le public français a évolué vers l’art contemporain et le design ; qu’en est-il du côté des ventes aux enchères ?
J.P. Osenat : aujourd’hui la marchandise classique, le mobilier du XVIII, Napoléon III, etc, tout ce qui faisait la spécificité du marché français, ne marche plus autant parce que les gens n’ont plus envie de se meubler en ancien ; c’est une page qui se tourne (qui peut-être reviendra) mais toute une partie du patrimoine français qui faisait vivre les commissaires-priseurs a baissé énormément ; donc il faut pousser les professionnels du marché de l’art, les commissaires-priseurs, à vendre plus d’art contemporain.
Comme il faut chercher autre chose à mettre sous les marteaux, l’art contemporain est une source de marchandise sans fin, que les commissaires-priseurs doivent intégrer dans leur département.
Et c’est une vraie démarche à continuer en France car en 2006 seuls 10% des commissaires-priseurs ont fait des ventes contemporaines, et actuellement l’amélioration est lente ; et il faut aussi motiver les acheteurs !
At : ne faut-il pas aussi montrer plus d’œuvres contemporaines ?
JPO : ça ne sert à rien de montrer l’art contemporain sans l’expliquer pour comprendre la démarche de l’artiste ; voir ne suffit pas pour séduire un nouveau public et c’est dommage, parce qu’il y une demande.
At : et du coté des artistes ?
JPO : il faut aussi que les artistes changent : depuis quelques années on constate des prix dérisoires en France... L’artiste français le plus coté doit être Combas, aux environs de 30’000 € en moyenne, c’est loin d’un Maurizio Cattelan ou d’un Miguel Barcélo ; à qui la faute ?
Par exemple les conservateurs ont toujours su organiser des expositions d’américains, d’espagnols, mais ne s’occupent que depuis peu des français. Et puis... l’art contemporain français est parti dans des directions conceptuelles il y a quelques années, ainsi que vers les installations, s’étant détaché pendant des années des pinceaux ; heureusement la peinture est maintenant revenue car il faut de l’art qui puisse être exposé et vendu (ndlr : les installations prolifèrent toujours).
Mais un décalage s’est produit entre les artistes et le grand public, notamment depuis l’intervention des techniques nouvelles comme la vidéo ou l’art numérique.
At : et du coté du marché ?
JPO : dans les salles ventes aussi iI faut réconcilier le public avec l’art contemporain, en plus du public d’initiés, toujours les mêmes, qui s’y intéresse déjà ; il faut séduire ce public : alors que depuis des années on le provoque, il faut chercher à le faire réfléchir, la séduction est désormais une urgence.
De plus, le niveau de prix est très élevé pour le grand public, il y a souvent de la spéculation et parfois un faux marché ; il n’y a pas suffisamment de places de marché pour mettre en vente ce que vous avez acheté : il faut développer cela, et je pense que les commissaires-priseurs ont leur rôle, comme les artistes.
(ndlr : ce sont les ventes sur internet qui ont en partie comblé ce vide puisque les transactions d’art s’y situent à un niveau plus bas ; le problème est les faux et l’absence de caution artistique et financière)
At : merci de cette opinion complémentaire à toutes les autres !
Interview réalisée en 2007 par Alessandra Quaglia, remis à jour en 2009
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(Almanart est annonceur, pas place de marché)
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