majeur et mineur font bon ménagecomment aujourd’hui faire la part entre l’art majeur et l’art mineur, celui-ci autrefois lié à des domaines connexes à l’art académique, comme la photo, le design, la décoration.
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l’art textile illustré par une exposition :> par son origine décorative, la tapisserie pourrait passer pour un art mineur, relevant de l’artisanat ; erreur : certains plasticiens l’ont adoptée comme medium principal ; ils préfèrent alors parler d’art "textile" d’autant que leur façon tient de la sculpture ; ces artistes montrent souvent une maîtrise technique remarquable, réalisant des pièces aussi bien minuscules que monumentales
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voir aussi :
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> achat-ventes de particulier à particulier
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l’explication tient dans l’histoire de l’art et de la décoration : > avant la Renaissance les arts majeurs -ceux du savoir- étaient distingués des arts mineurs -ceux des matériaux ; les "arts" étant pris au sens artisanat, celui des métiers, qui furent ainsi régis ; ce fut une séparation hiérarchique entre les activités intellectuelles (mathématique, peinture, poésie...) et celles de fabrication, ou arts appliqués, l’une étant tournée vers le concept l’autre vers le savoir-faire : cette distinction conduit encore notre perception. > jusqu’au milieu du XXè siècle dans le domaine des arts, la situation était encore claire : il y avait les arts majeurs (peinture, sculpture...) et les arts mineurs (design, décoration, mode...), chaque domaine ayant ses propres techniques, ses marchés, ses lois.
cette céramique de Claire Roger aurait été qualifiée autrefois d’artisanat décoratif >>
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> lors de la révolution industrielle, l’Académie a précisé cette classification en distinguant les Beaux Arts des Arts Décoratifs, un clivage encore symbolisé par des écoles distinctes et deux musées contigus à Paris : le musée du Louvre et celui des "Arts Décos". L’art majeur relève ainsi de la création libre d’une oeuvre d’art en exemplaire unique, pendant que l’art mineur concerne la production artisanale d’objets avec un souci esthétique.
<< cette installation architecturale à la galerie Le Borgne de Paris en 2008 du Hollandais Krijn de Koning n’est-elle pas inspirée du Bauhaus, cet artiste ayant été formé à l’Atelier 63 de Haarlem ?
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Mais bien sûr la frontière est floue entre arts mineurs et majeurs : d’abord par les matériaux utilisés (par exemple la céramique sert aussi bien en décoration qu’en art), puis par les quantités produites (les tirages lithographiques ou photographiques ne renvoient pas nécessairement l’oeuvre concernée dans l’artisanat). Aussi les domaines majeurs et mineurs doivent-ils plutôt être compris comme étant en continuité.
Carlton, 1981, de la série Memphis (courtoisie Memphis Milano) |
les premières tentatives d’envergure de réunir les deux types d’art furent d’une part le Constructivisme lors de la révolution russe de 1917, et le 1er Bauhaus de Weimar en 1919 ; puis on peut en citer d’autres plus ou moins connues comme de Stijl. Cette convergence art et décoration, pour reprendre notre exemple, s’est traduite au 20è siècle par une séparation de nature différente dans le domaine du design et de l’architecture, qu’on pourrait traduire par ces exemples : Autant l’un est éloigné de l’art, autant le deuxième peut y prétendre. |
vous convoitez une céramique à tirage limité et signée ? Une vidéo tournant en boucle sur l’écran de votre téléviseur ? Un sticker fantasmagorique collé au mur ? Vous êtes alors dans quel domaine ?
Car même les frontières techniques entre art et industrie sont tombées : les outils informatiques en art numérique, architecture ou vidéo sont très proches ; de même les cursus de formation ont des passerelles entre eux : la transversalité est un vecteur de la modernité.
Pour nous il subsiste clairement une distinction, qui dépend de l’intention du créateur :
> l’artiste est un libre créateur indépendant du système productif (ce qui ne veut pas dire des moyens de production) ; il est porteur d’un message et/ou d’une esthétique qui lui est propre ; il est contraint par ses propres moyens financiers de développement s’il n’est pas épaulé par un producteur (une grande galerie, un mécène, une subvention...) ; son art est "majeur"
> le designer ou l’artisan est lié au système de production, parfois à l’entreprise à laquelle il appartient (Ikéa, Citroën, un cabinet d’architecture, un studio de design, une micro-structure créatrice...) ; il est porteur d’une esthétique et soucieux de la diffuser pour le bien-être des gens ou pour emporter un marché, ou les deux ; il est contraint par les procédés industriels et ses donneurs d’ordre ; son art est "mineur".
Par contre une hiérarchie de créativité entre ces deux domaines est moins d’actualité ; si les motivations de l’artiste et du créateur designer diffèrent, les collectionneurs de l’un ou l’autre peuvent aussi l’être des deux.
Un créateur peut aussi aborder plusieurs domaines : Raoul Dufy (1877-1953) a fait des décors et des tissus (ce qui à l’époque l’a déconsidéré), Picasso a créé de nombreux objets de terre cuite à Vallauris. Quant aux contemporains, voici quelques exemples : (clic=zoom)
Noart, table PN375, 2006
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Charles Fazzino, New-York Minute, 2001
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Beatriz Milhazes en 2009, Fondation Cartier
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Noart (son nom d’artiste) créer aussi bien des oeuvres uniques comme ses incroyables et ludiques machines à ne rien faire d’utile, que des mobiliers en quelques exemplaires, ou de l’habillage in-situ qu’il appelle "design d’environnement".
Charles Fazzino reprend les procédés initialisés il y a 50 ans par Warhol (qui s’en est très bien porté...) : ses tableaux 3D sont esquissés de sa main, puis chaque petit élément est fabriqué et collé par ses assistants (en de multiples exemplaires qui figurent dans différentes oeuvres) ; par sa forte médiatisation et son procédé presque industriel, des tirages à 100 ex., il est à la frontière des deux types d’art.
Les immenses panneaux en arabesques de la brésilienne Beatriz Milhazes s’inspirent des motifs décoratifs issus de la culture populaire latino-américaine : décoration ?
Christophe Leroux crée aussi bien des oeuvres d’art que des pièces de design ; dans tous les cas il est artiste puisque toutes ses pièces sont uniques et librement inventées.
Alors : artistes ou décorateurs ? disons plutôt : plasticiens ET designers ! qu’importe, si ces créations artistiques ont un sens, génèrent de l’émotion et plaisent à leurs collectionneurs.
dans l’ambiance euphorique d’avant la crise, l’affaiblissement des frontières entre art majeur et art mineur a généralisé l’aphorisme "tout est art" ; en exagérant à peine, tout le monde se prétendait "artiste". Dès lors : la mode, le design, la cuisine, le cirque... ce serait de l’art ! un mixagequi banalise l’art lui-même.
Les vrais amateurs d’art n’ont pas apprécié certaines initiatives ; exemples : vers 2005 le magazine Beaux-Arts avait succombé à cette mode qui lui a coûté un revirement d’urgence ; à l’arrivée pétaradante de Marc-Olivier Wahler en 2007 les expositions du Palais de Tokyo ont dégouté nombre d’amateurs d’art qui l’ont fuit ; la Force de l’Art 2009 au Grand Palais a montré pléthore d’installations plus proches de l’amusement que de l’art...
Comme ces dérives commerciales ont abondé en cette période de folie, l’amateur sans recul était menacé d’acquérir de l’art bidon ; la crise économique a eu cette vertu de modérer les excès : le marché de l’art est revenu aux valeurs plus fondamentales, c’est-à-dire... aux arts majeurs > les chinois se sont empressés de nous fourguer ce genre de décoration, que des arrivistes ont payé très cher ces choses qui ne vallent pas plus que leur poids de plastique... certains "artistes" occidentaux ont exploité ce filon bling-bling, en particulier Richard Orlinsky qui en fait des montagnes de fric "oeuvre d’art" rencontrée à Montelimar...
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mais la ligne de démarcation est moins floue qu’il ne semble, car la première loi de séparation est... la loi ! notamment celle qui distingue une oeuvre originale d’une oeuvre qui, administrativement, ne l’est pas ; c’est de portée européenne et fiscale. La deuxième est la raison : à vous d’écarter les oeuvres décoratives, les tirages exagérés, les inspirations copistes, etc ; elles peuvent plaire, mais doivent rester bon marché et ne pas prétendre à l’art majeur ; on ne peut placer toutes les créations sur le haut de l’échelle.
La qualité du travail n’est pas un critère : une excellente maîtrise n’est pas incompatible avec l’art mineur ni la décoration ; même les artisans d’art sont souvent techiquement excellents mais ne prétedent pas à être artistes.
A titre d’exemple : chez Almanart, nous nous restreignons à la photo plasticienne et au design artistique, pour rester dans les arts majeurs.
A la frontière, le multiple : jamais aussi rare qu’une pièce unique, il appartient au domaine de l’art majeur s’il respecte certains codes ; car s’il est une copie d’un tableau ou tiré à nombre trop élevé, il tombe dans l’art mineur.
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tableau en vente chez les Atamanes
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