la Nouvelle Objectivité, Allemagne années 20

jusqu’au 05/09/22

quartier de Beaubourg

Centre Pompidou

14 €

place Georges-Pompidou

> accueil d’Almanart

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toutes images : exposition Allemagne 1920 Nouvelle Objectivité, Centre Pompidou (courtoisie C. Pompidou et Adagp)

Panorama exceptionnel sur l’art et la culture de l’Allemagne des années 1920 à 1930, appuyée des clichés vernaculaires de August Sander, cette grande exposition de la Nouvelle Objectivité qui vous est exposée ci-dessous est un moment d’Histoire, d’art plastique, de design et d’architecture. Cela mérite de prendre votre temps sur le parcours un peu compliqué de l’exposition.
Vous voyez poindre dans ce récit les fondations du fascisme de la décennie suivante.

Raoul Hausmann
Tête Mécanique 1921
C. Pompidou (courtoisie)
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naissance de la Nouvelle Objectivité

En Allemagne, la lourde défaite 14-18 puis l’échec de la révolution de 1919 ont eu raison de l’expressionnisme fondé sur l’individu dans un style exacerbé souvent apocalyptique. En 1925 une première exposition à Mannheim rassemble 32 artistes dont Otto Dix, George Grosz, Alexander Kanoldt, Georg Scholz, Georg Schrimpf etc sous le nom de Nouvelle Objectivité, qui détermine l’esthétique de toute l’époque, fondée sur la sobriété, la rationalité, la standardisation et le fonctionnalisme, ceci dans tous les arts.

Ainsi les artistes se tournent vers le réel, dans un "style figuratif plus neutre, moins expressif, tendant vers une froide objectivité et fondé plutôt sur la classe sociale

< cet autoportrait de Carl Grossberg est typique de ce style ; le fond de site industriel moderniste décrit avec précision est un trait de cet artiste qui, bien qu’il ne soit pas lui-même technicien, est un admirateur du progrès

Carl Grossberg
Autoportrait 1928 70x60
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Dans la société, les catégories socio-professionnelles prennent de l’mportance ; alors des artistes s’intéressent aux genres humains ce qui conduit parfois au racisme, ainsi qu’au rôle de la Nouvelle Femme émancipée

< August Sander photographie systématiquement les catégories socio-professionnelles

August Sander
Maîtres artisants v1925
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> Otto Dix exécute à la limite de la grossière caricature le portrait du marchand d’art juif Alfred Flechtheim

Otto Dix, Le marchand d’art Alfred Flechtheim
1926 120x80 (courtoisie Staatliche Museen Berlin)
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vers une standardisation rationnelle

La reconstruction mène à de grands ensembles immobiliers préfabriqués identiques ; les aménagements et le mobilier deviennent industriels ; l’art et l’artisanat se mélangent selon les principes du Bauhaus : le fonctionnalisme triomphe et l’objet est mis en valeur ;

< les lignes pures et la nouvelle ville sont encensées, ici par Karl Völker

Karl Völker, Béton, vers 1924
(courtoisie Moritzburg Kunstmuseum)
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La standardisation et l’industrialisation (inspirée par le taylorisme venant d’Amérique) conduisent naturellement à la rationalité, notamment dans le climat d’après-guerre de crise économique et d’inflation forte ; ce mode de production s’immisce dans les spectacles, le design, les arts ; le concept d’utilité favorise l’émergence d’oeuvres didactiques destinées à un large public : on innove : le graphiste Paul Renner invente la police de caractères Futura,...

Marcel Breuer 1927
appartement de Mme Piscator
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< ... le designer Marcel Breuer crée un mobilier épuré peu encombrant, comme pour cet appartement avec an 1er plan sa fameuse chaise B32,...

> ... l’architecte Margarete Schütte-Lihotzky conçoit une cuisine moderne fonctionnelle, où les trajets de la "ménagère" sont minimisés

Margarete Schütte-Lihotzky
maquette cuisine fonctionnelle 1926
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La rationalité implique aussi productivité, performances,

> ce que dénonce Oskar Nerlinger par ce collage (une technique en grande mode, aussi bien en photo qu’en art plastique) nommé Vite, Encore une Bouchée ! (sur le même ton grinçant, Charlie Chaplin ne produira Les Temps modernes qu’en 1936)

Oskar Nerlinger,
Vite encore une bouchée vers
1928 collage avec tempera
(courtoisie Academie der Künste Berlin)
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contradictions

La société allemande est divisée entre modernisme et tradition, entrainant des contradictions qui s’opposent, par exemple :

l’après-guerre voit une émancipation des femmes, laquelle influence la mode vers la masculinité : cheveux courts, chemise, cravate et torse plat

< on voit des femmes actives dans tous les domaines techniques réservés auparavant aux héros masculins, comme le montrent ces couvertures de magazines.

couverture de revues
1929-1931
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Mais... ce sont des exceptions réservées à une certaine haute société urbaine car la femme traditionnelle reste KKK (Kirchen, Küchen, Kinders : église, cuisine, enfants).

C’est aussi l’époque d’une libération des moeurs, où Jeanne Mammen dessine des rencontres lesbiennes et Christian Schad des garçons amoureusement enlacés…
Mais... un courant inverse nait vers un déterminisme biologique de l’homosexualité, des artistes font des rappels violents à la norme et Rudolf Schlichter, Karl Hubbuch ou Otto Dix par exemple multiplient les représentations de crimes sexuels par des malades : l’émancipation féminine est perçue comme une menace.

Avec le recul, on sait comment le national-socialisme va mettre "de l’ordre" dans tout cela : à la suite de la crise mondiale qui frappe l’Allemagne en 1929, les nazis mettent fin au régime de la République de Weimar et placent Hitler à la chancellerie en 1933.

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