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Cette exposition au Musée du Sénat (Musée du Luxembourg) était la 1ère rétrospective mondiale d’Arcimboldo ! Pour témoigner du style maniériste et de l’engouement de collection d’objets exotiques de l’époque, elle a rassemblé non seulement les oeuvres les plus diverses de l’artiste, mais des objets, tableaux et sculptures d’autres artistes, présentés dans l’esprit d’un cabinet de curiosités qui, à ce moment de découverte d’autres civilisations, était une sorte de recueil scientifique.
Vertumne ou Rodolphe II, 1590 ... clic=zoom
Le roi et bienfaiteur d’Arcimboldo est représenté en Vertumne, Dieu champêtre, pour louer ses vertus ; ce sont ces portraits qui, une fois répandus par la cour, firent la réputation internationale de l’artiste. |
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Pourquoi donc vous convier à vous intéresser à Guiseppe Arcimboldo, artiste du 16è siècle ? Voici 4 raisons :
> le modernisme de sa démarche : au 20è siècle il aurait été "pop" ; au 21è par son éclectisme artistique et son sens de l’autopromotion, il serait un acteur majeur de la nouvelle scène, jouant sur tous les nouveaux médias, le spectacle vivant, l’organisation de spectacles, le design, etc > il a été redécouvert par les surréalistes qui l’ont reconnu comme un de leur précurseur et on été inspirés par la partie (minoritaire) de son oeuvre qui procède de l’anamorphose et de l’anthropomorphisme > la leçon de vanité : amuseur public autant que peintre (d’ailleurs parfois mauvais), "pipole-star" de l’époque, il a disparu avec elle, très vite... Qu’en sera-t-il de certains contemporains plus amuseurs-communicateurs qu’artistes ? > la confrontation faite avec Bernard Pras, un contemporain qui à notre avis, est encore plus intéressant ; vous trouverez ses oeuvres en visitant le café du musée, à gauche avant d’entrer au musée. |
L’exposition a malicieusement rapproché les anamorphoses ludiques de l’Ancien et du Contemporain, en demandant à Bernard Pras une oeuvre originale à l’entrée, en préambule de l’exposition :
Ainsi en est-il du splendide affameur qu’est Louis XIV, constitué de paquets de chips et de PQ...
Louis XIV, 2003, tirage Cibachrome, 160x120 (courtesy M.Lucembourg) |
Si l’art d’Arcimboldo et celui de Pras se rejoignent par l’anamorphose et l’emploi de matériaux antinomiques, à notre avis Bernard Pras va plus loin qu’un simple effet (même génial), par la signification de ses oeuvres où il cherche à révéler un caractère d’un personnage, ou à mettre en avant les contradictions entre son apparence et son action, sa place dans la société.
Mao, 2003, sérigraphie, 160x120 ........... (courtesy GMA) |
les portraits à base de légumes et plantes (dont Arcimboldo avait fait un savant inventaire) sont les plus réputés ; toutefois certains tableaux comme celui-ci sont moins complaisants et plus critiques. le Juriste, 1566, ne représenterait non pas Calvin (disaient les mauvaises langues) mais Ulrich Zasius, atteint de la syphilis |
Le bon travail de trompe-l’oeil valorise ce tableau, qui risquait de tomber dans la facilité étant plus proche de la caricature que du portrait. Mais c’est une performance du commissaire que d’avoir réuni ces oeuvres, car le choix est restreint de celles encore existantes et acceptées comme authentiques : ainsi seulement une quinzaine de portraits "surréalistes" ; rappelons aussi qu’à l’époque les Maîtres s’entouraient de plusieurs assistants et se contentaient parfois de dicter le concept, de retoucher les maladresses puis de signer les toiles... Et Arcimboldo a peint plus de tableaux classiques (ni forcément intéressants ni beaux) et fait beaucoup de dessins, outre ses activités principales d’organisateur de fêtes. le Bibliothécaire, 1562, représenterait Wolfgang Lzius |
sourire :"- qu’ont-ils tous à vouloir être défigurés ? - la mode, mon cher ! répondit Arcimboldo à son assistant - mais où est l’art dans cette parodie ? - c’est la demande qui fait l’art et non l’art qui crée la demande des amateurs, n’oublie jamais et tu feras une belle carrière - je préférerais faire une belle oeuvre... - les deux ne sont pas compatibles, n’en suis-je pas la preuve ?"Ce succulent dialogue vient de la plume d’Henri Troyat qui, dans son récent recueil de nouvelles "l’Eternel Contretemps" (Albin Michel), brosse la vie d’Arcimboldo comme les moeurs de la cour de l’Empire germaino-hongrois du 16è. |
en savoir plus :
> ce livre d’Henri Troyat, donc |
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