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Emmanuel Perrotin : l’art pour élite

 

 

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Emmanuel Perrotin

est un galeriste français des plus dynamique : il était dès 2001 parmi les pionniers du quartier Tolbiac qui ont promus l’avant-garde, puis en 2004 a ouvert un espace à Miami (refermé depuis), en 2005 il est venu dans le Marais rue de Turenne puis ouvre en 2007 un 2è espace juste derrière, rue St-Claude ; enfin en 2012 il ouvre une galerie à Hong-Kong puis une à New York ; un découvreur pointu de ces artistes qui font la loi sur la scène contemporaine internationale et qu’il aura aidé, pour plusieurs, à produire des pièces

 

 

 

Almanart : le français a-t-il désormais bien intégré l’art contemporain ?
Emmanuel Perrotin : cette difficulté était réelle il y a 20 ans, quand tout ce qui était ancien était fantastique à travers le filtre de l’histoire, et le nouveau suspect ; on était confronté à un retard d’intérêt, souvent de la parts de gens qui avaient des moyens ; il faut dire que le monde de l’art avait comme philosophie "vivons heureux, vivons cachés", il ne communiquait pas, ne voulait pas de public dans les galeries pour ne pas perdre son temps avec des gens sans moyen...
Mais aujourd’hui les bourgeois français ont remis en question à la fois leurs collections et leurs intérieurs, d’où l’essor très fort de l’art et du design contemporains.

 

At : Aujourd’hui encore, l’art contemporain concerne essentiellement une élite ?
EP : il faut pas se tromper : le milieu de l’art est au minimum celui de la middle class ! (ndlr : et l’inflation des prix en témoigne bien !)
Mais l’ouverture des élites s’est accomplie, bien que plus doucement que dans d’autres pays, alors soyons positifs : ça s’est amélioré ! Les galeries d’art moderne s’intéressent aussi à l’art contemporain et les médias grand public en parlent ; mais il y a encore beaucoup de travail ; et n’oublions pas qu’il ne faut pas forcement en posséder pour se passionner d’art contemporain ; d’ailleurs je me bats pour avoir de plus en plus de presse grand public.

 

At  : et l’on vous suis sur ce terrain ?
EP : oui, malgré quelques perversités bien françaises qui restent, comme par exemple la collaboration avec les institutions ; à l’étranger, surtout en Angleterre, les institutions travaillent main dans la main avec les galeries, mais en France la synergie public/privé est encore assez mauvaise.
Il y a là une responsabilité commune de nous tous ; mais moi, je suis satisfait lorsque je montre un jeune artiste dans ma galerie et que deux ans après il obtienne une exposition personnelle dans une institution

 

At  : que faire encore pour aller à la rencontre d’un plus grand public ?
EP : on pourrait profiter de l’intérêt qu’il a de la mode vestimentaire pour donner un supplément d’art ; des gens ont lutté contre cette approche par snobisme pendant des années et se réveillent avec la gueule de bois parce que c’est à l’étranger qu’on en a profité ! Il faut remercier le milieu de la mode qui a fait cet effort, qui a donné les moyens pour produire des œuvres d’art avec un petit peu plus de glamour.
Maintenant il y a une bien, meilleure intégration de la mode de haut niveau et de l’art plastique.

Mais il y a toujours cette contradiction, qui est à craindre : si l’art contemporain a une audience très large, ça le rend synonyme de "pas sérieux", on commence à la voir ; alors un cercle vicieux pourrait reprendre... (ndlr : on l’a vu depuis 2006 où le Palais de Tokyo entre autres s’est quelque peu transformé en cirque)

 

At : merci de cette opinion vigoureuse !

 

 

Interview réalisée en 2006 par Alessandra Quaglia, remis à jour en 2008

 



 

 

 

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