faux et usage de (presque) fauxun marché du faux se forme dès lors qu’une collection ancienne s’épuise, que peu de productions originales sont disponibles, que la mode s’en mêle, bref : dès qu’il est rentable de fabriquer des copies aussi "vraies" que l’original ;ce marché du faux reste lucratif... tant que le jeu ne finit pas au tribunal, ce qui est assez fréquent et ruineux pour les joueurs ; alors rien ne va plus !mais il n’y a pas que du faux, il y a aussi de la contrefaçon, du pastiche et du parasitisme... tout n’est pas préjudiciable.Dans cette page :
> dans l’exposition Surréalisme à
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copieurs ou inspirés ? vu dans une exposition :> sans vouloir plagier une oeuvre d’autrui, beaucoup d’artistes s’inspirent de leurs congénères sans demander leur avis (c’est toléré dans certaines limites) ; alors ci-dessous, qui a copié qui, Salvador Dali ou Leonora Carrington ?
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Carrington Leonora Autoportrait 1937 65x81
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Savador Dali Femme à tête de roses 1935 35x27
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> achat-ventes de particulier à particulier
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et vous, êtes-vous bien sûr qu’il n’y a aucun faux, contrefait ou pièce "discutable" dans votre collection d’art et design ? mmh ? pas de panique : une fake news prétend 30% de faux en art, 50% dans l’ancien (par un expert qui propose ses services...) : bien sûr c’est fantaisiste car à ce niveau le marché de l’art n’existerait tout simplement pas !
> vous avez un tel pot chez vous pour quelques Euros ? bien,
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faux : acte de proposer une oeuvre pour ce qu’elle n’est pas, avec intention frauduleuse ; mais il y a des nuances :
- il y a faux quand une oeuvre est signée non pas par son auteur imitateur mais par celle contrefaite de l’artiste qu’il veut imiter
- il y a contrefaçon ou pastiche quand il y a reproduction, imitation d’une oeuvre sans l’autorisation de son titulaire, sans forcément présence de signature, donnant confusion entre l’original et le contrefait
à gauche Cédric Teisseire, Alias,
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> ci-dessous : lequel est de Cédric Teisseir, lequel de Ian Davenport ? comme il est impossible de protéger un procédé, ces deux artistes ne peuvent pas s’attaquer ; tout de même on peut douter de l’honnêteé du second car le premier a évolué dans ses recherches abstraites, mais l’autre exploite la veine jusqu’à plus soif ; depuis, encore deux autres artistes utilisent ce même procédé… sachez aussi que celle de Cédric Teisseire est plus belle et... moins chère ! |
Quelle différence entre faux et contrefaçon ? le faux s’applique aux œuvres limitées et signées, la contrefaçon concerne plutôt les réalisations multiples non signées, comme le design par exemple ; les deux mettent en cause la propriété intellectuelle ou le droit d’auteur et portent préjudice aussi bien à l’auteur qu’au collectionneur
l’article 441-1 du Code pénal est assez général et se complète d’une jurisprudence abondante : |
"constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice, accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d’expression de la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juridiques" |
- il y a parasitisme lorsque quelqu’un tire indûment parti du savoir-faire technique d’un autre : personne n’a le droit de se nourrir de l’autre sans son autorisation ; mais c’est difficile à démontrer : l’exemple incroyable est le procès perdu de Xavier Veilhan contre Richard Orlinski, le Tribunal de Paris estimant en 2014 que les artistes avaient des univers distincts : que l’un est un artiste et l’autre un décorateur ! ; les parasites ont de beaux jours devant eux grâce à un laxisme juridique aussi scandaleux…
Xavier Veilhan, Lion (courtoisie
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> Xavier Veilhan est un artiste très créatif, Richard Orlinski est un décorateur people qui diffuse ses objets comme des lessives ; ça marche, les ventes affluent à prix d’or : en 2015, il est classé premier du Top 10 des "artistes" français les plus vendus dans le monde... effectivement il n’est pas l’artiste qu’il prétend : ce lion est disponible sur son site en 4 tailles, 10 couleurs et 131 façonnages différents que vous pouvez choisir... comme votre cuisine... un abus au collectionneur naïf |
Richard Orlinski
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> mais il peut y avoir copie sans intention de nuire : un copiste peut réaliser une reproduction d’un tableau (avec ou sans sa propre signature) et la déclarer comme telle ; ainsi font des ateliers spécialisés appréciés des collectionneurs qui mettent en sécurité l’original et accrochent au mur la parfaite copie ; le copiste doit bien sûr respecter le droit de l’auteur original
heureusement l’humour est préservé ! la parodie, une imitation satirique ou comique, est tolérée au nom de la liberté d’expression. Mais elle n’est pas à l’abri d’une sanction si elle est destinée à ridiculiser ou humilier sans fondement > cette Joconde du célèbre Fernando Botero,
Fernando Botero
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> pour le haut de gamme : réunissez un faisceau suffisant d’informations, clé d’une bonne analyse de l’authenticité : étudiez l’artiste et ses oeuvres, vérifiez les documentations, sollicitez un, voire deux experts ; le plus important est la provenance, puis l’existence d’une documentation : certificat (que peut-on en attendre) et factures, catalogue raisonné, témoignages de proches de l’artiste, traçage des transactions, etc
<< analyse d’une oeuvre devant être de Fernand Léger, par le laboratoire Fine Arts Expert Institute installé dans le Port Franc de Genève (reportage) > pour le moyen de gamme, vous pouvez être moins méticuleux (car cela prend du temps et de l’argent) : la garantie de la galerie et un certificat peuvent suffire ; aux enchères une pré-sélection experte est toujours faite en avant-vente et en cas de problème vous avez un recours pouvant aller jusqu’à l’annulation de la vente ; demandez la documentation fournie par l’étude > pour le bas de gamme (une collection de multiples…), ne gâchez pas votre spontanéité, suivez simplement des règles simples et de bon sens… et nos conseils en bas de page > pour les tableaux anciens, voici quelques trucs |
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un original est identifié par la signature et la provenance, mais… :
1/ les textes légaux ne sont pas très clairs pour établir sans contestation l’authenticité d’une oeuvre, le droit n’en donne qu’une définition générale complété par le décret du 3 mars 1981 qui définit les appellations du genre "oeuvre de, signé par, attribué à, atelier d’époque, style de…" et par des décisions de la Cour de Cassation qui font jurisprudence ; c’est donc une affaire de juristes spécialisés en art et design...
> ainsi ne sont pas fausses, les oeuvres produites par des peintres qui se déclarent (ou que l’expert déclare) faire partie d’un genre ou d’un mouvement ou d’un style ; ils s’inscrivent dans une mouvance ce qui, forcément, tant à l’uniformité visuelle des oeuvres ; comme par exemple les peintres inspirés par l’Ecole de Barbizon | (Daniel Buren, artiste) : "si le public pense que ceci n’est pas une oeuvre de moi, alors je peux même être d’accord" mais méfiez-vous : Buren veille à ses droits d’auteur ! |
2/ les formulations du type "à la manière de ", "attribué à" etc peuvent être ambiguës pour l’amateur à qui on ne demande pas d’être juriste, pourtant dans ces cas l’oeuvre n’est pas fausse, simplement l’expert reconnaît ainsi son doute tout en cernant la provenance
3/ il n’y a pas d’experts officiels, ils sont seulement "reconnus" ; de plus ils sont spécialisés ; alors l’amateur ne sait pas forcément à qui s’adresser
Sachez que les maisons de vente sollicitent des rabatteurs pour leur trouver des objets à vendre ; autant dire que la provenance ou l’histoire d’un objet peuvent être authentifiées, disons, un peu rapidement ; il y a risque d’annulation si le lot est contesté même après la vente, mais il ne faut pas attendre pour contester
la meilleure précaution est de s’adresser à des intermédiaires dignes de confiance :
le Syndicat des Maisons de Ventes Volontaires (SVV) édite une norme de reconnaissance internationale pour la qualité de vérification des oeuvres et leur traçabilité ; les maisons de vente adhérent à ce label exigeant
certaines grandes foire pratiquent un vetting pour tout acquéreur d’une oeuvre de prix :
qu’est-ce que le vetting : ("vérification") |
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consultez les assureurs, confrontés régulièrement au problème, ils délivrent des conseils bienvenus
adressez-vous à l’artiste ou ses ayant-droits qui peuvent authentifier les oeuvres ou aux fondations qui veillent, comme la Fondation Picasso ou la Fondation Giacometti qui, en traquant les contrefaçons, en recensent chaque année plusieurs milliers sur des sites de vente...
< exemple : dans cette parodie, Norman Rockwell a-t-il peint un "vrai" Pollock ? la réponse est ici !
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- dans le haut de gamme, les faux concernent des oeuvres qui circulent peu dans les ventes et donc sont peu documentées
> une manip connue est de proposer le faux aux enchères pour le "certifier", faire vrai, le cataloguer, mais on le retire juste avant l’adjudication pour éviter les contestations ultérieures puis on le revend en direct à un naïf ! c’est une sorte de blanchiment
- il y a aussi des "redécouvertes" miraculeuses découvertes dans un placard... exception : ce vrai Van Gogh a été trouvé dans un grenier...
- dans le moyen de gamme les faux sont surtout des lithographies ou des photos
> quand donc les oiseaux feront-ils un procès à |
Tadashi Kawamata, installation au Donjon de Vez (courtoisie) / clic=zoom |
> même les musées se sont fait refilés des toiles douteuses, surtout à une époque où les moyens d’investigation étaient plus réduits ; désormais ils sont devenus extrêmement méfiants !
le design est à la mode, les prix s’envolent (dans le haut de gamme, des pièces multiples rejoignent ceux des oeuvres d’art uniques)… donc, tentations :
- la première étant de vendre des rééditions à prix exagérés… c’est très courant : des meubles de designer modernes célèbres (Perriand, Jeanneret...) et produits en petites séries à leur époque, sont allégrement réédités sans qu’ils soient toujours répertoriés comme rééditions légales
- du mobilier d’époque produit industriellement (Prouvé...), est rendu rare en le stockant longtemps puis les diffusant à petite dose…
- le vintage grandes signatures est partout au point où l’on se demande d’où viennent les pièces ?
- le filon des fauteuils inspirés du célèbrissime Lounge Chair de Charles Eames : ils ne sont ni faux ni contrefaits s’ils émanent d’éditeurs qui ont le droit de re-production par l’auteur ou ses ayant-droits, comme Vitra ; la question de l’authenticité est ici déplacée sur le plan du droit d’auteur, qui court (pour cet exemple) jusqu’en 2026 (soit la date de création 1956 + 70 ans)
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< l’industriel Emile Gallé a produit vers 1900 des vases, lampes etc à différents niveaux : rares ou à grand tirage : il vous faut distinguer les pièces de prestiges parfois uniques et de qualité muséale, des productions en séries ; après son décès la fabrication a continué ; puis des rééditions ont été faites en Roumanie où un savoir-faire existe en verrerie : celles-ci se distinguent par une petite marque "tip" sur le verre, comme c’est le cas de cette pièce (de bonne "qualité série") et signée Gallé ; on est à la limite de la copie légale les signatures de Gallé ont évolué, |
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notez qu’à leur époque, les frères Auguste et Antonin Daum et Emile Gallé, verriers célèbres d’Art Nouveau à Nancy, se sont sans cesse accusés mutuellement de plagiat quant à leurs techniques de fabrication !
dans ce domaine l’ambiguïté est cultivée, trois exemples :
> une sculpture de Camille Claudel en bronze sur socle onyx, se voit réeditée 100 ans plus tard entièrement en bronze par surmoulage ; paf : procès pour reproduction illicite ! et là, les avis des cours divergent : sur les "présumées intentions premières de l’artiste", sur l’originalité de l’oeuvre non faite à partir du modèle en plâtre mais d’un surmoulage…
> l’atelier Valsuani, éditeur de l’animalier François Pompon, fondait parait-il à tout va pour payer ses ouvriers : résultat ? quantité d’animaux de Pompon non numérotés, non autorisés… mais au moins ils sont de qualité et venaient du "bon" fondeur ; donc avec tampon du bon fondeur mais sans signature de l’artiste, s’ils sont vendus à prix abordable, ce peut être un achat valable pour ce qu’il est
> le musée Rodin exploite cette veine tout à fait légalement, grâce à une disposition signée par l’artiste ; ça aide beaucoup le budget du lieu !
êtes-vous tenté de fabriquer quelques faux ? pas si facile ! produire des faux de haut niveau entraîne des coûts de production élevés : des historiens pour "tracer" la production de l’artiste, des recherches sur l’origine des matériaux, des alliages d’époque, des manières de les "vieillir", des teintes introuvables sans analyse pour arriver à une "patte" plus vraie que nature…
> l’Office central de lutte contre le trafic de |
ainsi prolfèrent des antiquités patinées à l’acide ou au brou de noix, trous de ver inclus (cela se voit : les vers ne creusent pas en ligne droite), des photos vintage reproduites en petite série après la mort du photographe, des céramiques vieillies sous la cendre, des bronzes enterrés pour faire vieillir, des dessins affinés avec du thé, marc de café, chicorée…
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> une gravure de Rembrandt "authentique" pour 900€
> une lithographie de Chagall, une autre de Picasso, avec signature et numéro de tirage rajoutés pour la transformer en édition limitée
> de petites sculptures de Calder en édition limitée… sur un thème qu’il n’a jamais abordé !
> des photographies contemporaines dites originales mais tirées en plusieurs formats pour contourner la limite légale, pourtant déjà légalement trop élevée (voir ici)…
> des imitations de vases dits de Gallé, une profusion de céramiques de faux Sèvres
> des Andy Warhol en pagaille à des prix exorbitants, de "provenance des Etats-Unis" : allez donc vérifier…
acheter une oeuvre d’un artiste actuel, vivant, permet de vérifier à sa source même ; si l’artiste n’est pas célébrisime il est souvent joignable sur son site ou sur facebook ou linkedin ; mais attention : par contrat certains artistes n’ont pas le droit de vendre en direct ; si l’un accepte sur paiement en espèce et sans émettre de certificat, il vous sera un jour difficile de revendre l’oeuvre achetée et démunie de documentation...
pour un artiste dit contemporain (définition de ces termes), il est aisé de vérifier son travail, sa documentation, les matériaux utilisés, les interventions sur l’oeuvre par un restaurateur, l’originalité des teintes utilisées, la provenance… si l’artiste n’est plus vivant, contacter ses ayant-droits ; sinon faire comme ci-après
pour les artistes modernes où les certificats sont plus rares : achetez à une source fiable qui a étudié son sujet et peut vous renseigner sur une provenance vérifiable de l’oeuvre ; ici, la galerie est la voie la plus sûre, mais évitez celles qui sont marchandes de toutes sortes d’art, sollicitez celles qui sont spécialisées
soyez logique ! les statistiques des ventes, les cotes publiées, les catalogues vous renseignent sur la valeur moyenne des oeuvres et indiquent des fourchettes de prix ; si vous doutez du prix proposé, fouillez les catalogues et bases des données des cotes ; pour une somme faible et un peu de temps, vous pouvez lever votre doute (quelques conseils) méfiez-vous des périodes troublées : les guerres, désordres dans des pays peu accessibles font la joie de faussaires qui prétendent avoir accès à des sources rares et confidentielles que personne ne peut contrôler ; mais il peut y avoir des expériences innovantes si vous avez un bon faisceau de connaissances qui vous rassurent |
comme ce sont les tableaux anciens qui présentent la proportion la plus élevée de suspicion (mais pas forcément de "faux"), car ils ne sont pas toujours signés et bien des oeuvres ont été produites par des élèves d’un maître au sein de son école, alors le doute est facile à exprimer
plus d’infos : |
> il existe plusieurs listes rouges d’oeuvres volées ou fausses, dont celle d’Interpol > la prévention des vols de l’OCBC > les faux en art |
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