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art minimal contre art conceptuel, chez Lambert

 

Ceci est une archive d’une exposition exceptionnelle

Note sur les visuels : si les droits liés à l’expo sont échus, ne restent que des imagettes de faible définition à titre de mémoire, sans agrandissement possible ; celles agrandissables ont obtenu un accord ou sont libres ; en cas d’erreur, les vues générales sont libres ; svp nous en faire part et, suite vérification, le visuel sera retiré ou mis en imagette-mémoire ; merci !
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art minimal et art conceptuel, des frères jumeaux ?
> ...à la Galerie Lambert, de mi-février au 9 mars 2013

 

en 1970 Yvon Lambert fait découvrir en France l’art conceptuel et l’art minimal, avec Lawrence Weiner, Sol LeWitt, Carl Andre et Robert Barry ; la Galerie Lambert de Paris y revient aujourd’hui en montrant des correspondances entre art minimal et art conceptuel, avec des pièces majeures des 60’s et d’autres d’artistes actuels.

 

Par définition l’art minimal et l’art conceptuel paraissent opposés : le premier insiste sur la matérialité de l’objet d’art, le second affirme l’ascendance de l’idée sur la forme, son exécution étant "chose superficielle" (Paragraphs on Conceptual Art, Sol LeWitt, Artforum, juin 1967) ; l’art minimal est fermé à toute signification extrinsèque tandis que l’art conceptuel refuse les préoccupations formelles [DP de l’exposition "A Stone Left Unturned"]...

 

vue générale d’une salle d’exposition
  art minimal conceptuel

...mais la réalité semble plus nuancée : loin d’être mutuellement exclusives, satisfactions formelles et considérations intellectuelles animent à la fois l’art minimal et l’art conceptuel par un enchevêtrement complexe [DP].

 

 

l’art minimal :

> mouvement abstrait né dans les années 60 en Italie par Enrico Castellani, Piero Manzoni et Lucio Fontana, puis les groupes allemand Zéro et néerlandais Nul, puis aux USA avec Ad Reinhardt, Frank Stella, Donald Judd, Carl Andre et Dan Flavin
> il hérite du principe "Less is more" de l’architecte Mies Van der Rohe [Speaking about restraint in design, New York Herald Tribune, 28/06/1959] et des recherches de Malevitch dès 1914 avec ses Carrés
> si l’art minimal porte sur l’économie des moyens et du résultat, il est aussi une réflexion sur la perception des oeuvres dans l’espace où elles sont présentées et qu’elles révélent lorqu’elles sont créées in-situ
> plus d’info

 


l’art conceptuel :

> mouvement intellectuel né dans les années 60 aux USA, en sens inverse du pop art, par détachement de la représentation réelle, mettant en avant le concept de l’oeuvre plutôt que sa réalisation ; ce concept peut être scientifique, philosophique, politique, poétique
> le concept peut s’appliquer à l’oeuvre et à son environnement, lorsqu’elle est créée in-situ
> il hérite des Ready-made de Marcel Duchamp qui mettent en cause la notion d’oeuvre d’art traditionnelle
> des artistes de tous pays et de toutes époques s’y rattachent par certaines de leurs oeuvres, comme Bernar Venet, Sol Le Witt, Tapies, Soulage...
> plus d’info

 

 

comment reconnaître une oeuvre conceptuelle d’une minimaliste ?

pas facile, d’autant que vous voyez de mêmes artistes dans chaque mouvement, puisqu’ils se connaissaient tous, échangaient entre eux. Par exemple cette image est un piège de l’excellente scénographie, qui met ici en dialogue un ensemble récent de tableaux de Benjamin Horns et une "sculpture" ancienne de Charles Ray ; à priori un jugement rapide pourrait classer la planche dans le minimalisme et les tableaux dans le conceptuel... pas du tout :

Bench de Charles Ray à côté de What time is it de Benjamin Horns
  Benjamin Horns

> Bench de Charles Ray est une planche de banc : apparemment pas de concept, un titre clair ; en fait l’explication de l’artiste est autre : cette planche a été en interraction avec lui puisqu’il s’est assis dessus, lors d’une performance (il en est donc une mémorisation) où il est opposé avec quelqu’un d’autre ; pour lui ce serait un geste évoquant le Baisé de Brancusi où ceux qui s’embrassent sont séparés par un objet qui les en empêche... Tordu ? certainement ! et du pur conceptuel

  Charles Ray
Charles Ray, Bench, 1974, 30x305x4 (coll.particulière NY)

> quant à What time is it de Benjamin Horns à gauche, on ne voit pas trop comment le classer (un abstrait, simplement, par absence de concept apparent mais pas très minimaliste non-plus ?), d’ailleurs faut-il le classer ?

 

  Richard Artschwager Table  

> par contre cette Table de Artschwager est à l’évidence une oeuvre purement minimaliste : c’est un dessin d’une table et sa nappe réalisé en plaqué-laminé, sa techique préférée ; ceci sur un simple cube de bois, typique du minimalisme qui utilise des formes géométriques basiques (cube, cercle, bande...)

 

 

Richard Artschwager, Table, 2008, laminé-sur-bois,
79x94x94 (courtoisie Gagosian gallery)

> à peine perceptibles ces rayures blanches de Buren (image ci-dessous) suivent son concept bien connu des bandes de 8,7 cm espacée d’autant, qu’il a décrit dans un mode d’emploi qui est un outil de production d’oeuvres d’art ; il est donc totalement dans le conceptuel (un excellent digest sur Daniel Buren)

  John McCracken Mac Cracken  

> cette planche de McCracken, superbe par sa fibre laquée, semble n’être qu’une oeuvre minimaliste soignée, mais son titre Link intrigue ; un lien avec quoi ? souvent avec rien : les différents titres de ses "Planks" sont tirées de publicités, le seul rapprochement étant le flashy des pubs et les couleurs de ces planches.
Pourtant c’est bien une pièce conceptuelle car, dit-il : "elles lient deux mondes : le plancher physique des objets et le mur, qui représente celui de l’imagination, de l’espace d’illusion et mental"... on vous l’a dit, sans le mode d’emploi...

 

John McCracken, Link, 2000, fibres sur bois, 231x38x7
Daniel Buren, sérigraphie collée in situ, 2013

 

En fait ces deux genres ont bien des points communs :
> comme l’oeuvre conceptuelle est un moyen d’exprimer une idée, sa matérialité est souvent très simple… le paradoxe étant qu’alors elle rejoint le principe d’une oeuvre minimaliste
> elles sont parfois réalisée in-situ, la description de la fabrication de la pièce (par exemple par des tiers) et de son emplacement font intégralement partie de l’oeuvre
> toutes deux peuvent être à priori rejetées par le regardeur peu armé en histoire de l’art ; leur simplicité peut tourner au simplisme, ou au contraire à la totale incompréhension
> ces travaux intellectuels sont difficiles à vendre, quand ils ne sont pas d’ un artiste célèbre ; l’on reproche d’ailleurs aux artistes européens d’être trop théoriques et ainsi mal représentés sur le marché de l’art mondial

 

 

>

 

 

plus d’infos :

> le dossier de l’exposition

> que signifie l’art conceptuel ?

 



 

 

 

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