> achat-ventes de particulier à particulier
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les historiens de l’art ont noté les caractéristiques formelles des œuvres brutes, outre les dispositions sociales et psychologiques de leurs auteurs ; ces caractères ne sont pas systématiques, mais souvent présents soit de manière isolée dans une oeuvre, soit de manière combinée ; par exemple :
> des matériaux particuliers : naturels (papier, carton, bois... : ce qu’ils trouvent facilement), ou recyclés (comme Paul Amar et ses bigorneaux et moules, Guillaume Pujolle et ses produits pharmaceutiques récupérés à l‘asile) ou de supports improbables (comme le mur de la chambre de Clément Fraisse, interné en hôpital). Etant hors du miilieu artistique, il est rare qu’un artiste brut ou singulier monte une toile sur un chassis, sauf apport extérieur (comme Séraphine par son mécène et marchand)
> la simplicité des techniques artistiques, très fréquente du fait que la quasi-totalité des artistes bruts ou singuliers n’ont pas suivi de cours pratiques d’art et encore moins d’Ecole d’art
> la naïveté apparente des motifs et compositions : voir ci-dessous ;
un exercice difficile car il y a peu de frontières bien délimitées entre les genres et styles en art plastique
l’art brut est souvent confondu avec l’art primitif, l’art naïf ou encore l’art populaire.
Si des masques bruts rappellent l’art premier, si des contours ou des aplats de couleurs ou des traits enfantins évoquent l’art naïf (Alfred Wallis, ci-dessous) , il y a entre eux et l’art brut une différence fondamentale qui réside dans l’intention de l’artiste ; s’il y a une parenté de forme, ce n’est pas le cas sur le fond :
> l’artiste brut est un individu isolé d’une société dans laquelle il vit mais en marge, sans s’y intégrer ; Adolf Wölfi dit même qu’il "peint du Wölfi" pour la société mais garde pour lui ses oeuvres authentiques ; |
Alfred Wallis (1855-1942) : |
> l’artiste brut lui aussi répond à un besoin vital de s’exprimer ; mais plusieurs d’entre eux ne se considèrent pas comme artistes ; il crée sans souci de reconnaissance ou d’exposition, il entrepose ses œuvres là où il vit ; ce sont des tiers, psychiatres éclairés, collectionneurs ou amateurs passionnés qui dévoilent ses créations, pas lui
> l’artiste populaire ou naïf n’a pas ces ambitions ésotériques ; c’est "peinture spontanée, qui sort, qui jaillit souvent du coeur... ces artistes normaux font de belles choses, de facture agréable et figuratives ; ils racontent la vie" disait simplement Jacques Dubois (spécialiste d’art naïf)
> l’artiste premier ou primitif est attaché à une cause collective, admis par la communauté où il s’intègre avec ses codes : c’est un processus créatif à l’opposé de la démarche solitaire et spontanée de l’artiste brut ou singulier ; pour ce dernier ; . même si sa démarche solitaire est le produit d’une inspiration qui pourrait se rapprocher de l’art primitif, elle n’est pas inclue dans un rituel collectif d’une société normée
Le galeriste Christian Berst précise : "les différences avec l’art populaire, l’art naïf, l’art primitif sont une question d’intention dans le processus d’élaboration ; le terme "brut" exprime le caractère non fondu d’œuvres produites sans contrainte, comme un diamant non-taillé. L’art populaire et l’art naïf sont, eux, très normés ; ils font référence à des codes internes à la communauté à laquelle ils appartiennent" [interview par Almanart, 2011].
s’il est nécessaire de connaître l’histoire de l’art pour comprendre ses différents courants, est-il nécessaire de connaître la vie des auteurs d’art brut pour entrer dans leur univers ?
Les avis sont opposés :
> plusieurs spécialistes disent que c’est notamment ce qui différencie les artistes bruts des autres, que s’il est possible de s’intéresser à une oeuvre contemporaine sans connaître son créateur, il est impératif de considérer la vie de ces artistes bruts pour les comprendre > d’autres, comme Martine Lusardy directrice de la Halle Saint-Pierre à Paris, préfèrent qu’on s’intéresse d’abord aux oeuvres sans considérer leur provenance, quitte à se documenter ensuite : voir son interview |
voici que le menuisier ghanéen Ataa Oko (1919-2009) est, à 88 ans, visité par les esprits ! il se met à dessiner aux crayons de splendides cercueils emprunts de la tradition spirituelle africaine, présentés à Lausanne en 2010 ST, 2008, crayons, 30x42, donation Regula Tschumi |
si ces oeuvres intérieures nous touchent, connaître l’histoire de celui ou celle qui les a produites peut devenir une nécessité et permettre la compréhension de l’oeuvre qui, sinon, pourrait être regardée de loin. Encore faut-il qu’ils puissent ou veuillent nous éclairer sur leur vie, car ces artistes restent parfois inaccessibles, volontairement ou non.
bien des artistes "autres" ont été découverts par des artistes "normaux" ; le plus célèbre est Dubuffet qui a fortement soutenu Gaston Chaissac, mais aussi Picasso, Tinguely, Klee....
Beaucoup d’artistes contemporains se sont inspirés d’artistes bruts : Notamment le plasticien autrichien Arnulf Reiner (voir son musée à Baden) collectionne les artistes bruts, s’en inspire et les a même fait intervenir dans ses propres oeuvres ! la liberté qu’il a prise en se dégageant des canons de l’art, la répétition obsessionnelle du motif, en font un artiste actuel bien proche de l’esprit art brut. Arnulf Rainer, ST (série Beautiful Ladies), 2009, 82x59 |
Même l’art d’avant-garde sans le vouloir imite parfois l’art singulier, lorsqu’il se veut destructurant, contestataire et souvent original à outrance quitte à faire un "travail de cochon" (souhait formulé par... Dubuffet) ; on trouve réglièrement des similitudes avec l’art singulier, mais elles sont de surface ; donc si les démarches n’ont rien à voir, il y a bien des passerelles entre eux.
l’enrichissement de l’art contemporain par l’art brut ou singulier est donc évident mais l’inverse n’est pas vrai : c’est peut-être cela qui les différencie vraiment. Il faudrait pour cela que ces artistes "autres" aient une connaissance de l’art officiel, ce qui leur est impossible tant qu’ils restent dans leur isolement, physique ou psychologique.
> sommaire de l’art brut | > caractériser l’art brut | > le marché de l’art brut |
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