design au 21ème siècle : la ruée vers le luxe
en ce nouveau siècle le design artistique s’impose à toute la planète ! manifestations, foires, galeries, magasins prolifèrent... « tout est art » les frontières entre le design, le métier d’art, la mode (fashion) et l’architecture intérieure s’estompent ; toutes ces disciplines s’érigent en création artistique pour satisfaire les besoins d’originalité et de luxe des multiples grandes fortunes bde tous les pays. Si ce mouvement vers l’art total n’est pas nouveau, il est littéralement aspiré vers le luxe -devenu écologique-.
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cette page s’appuie aussi sur l’exposition Dialogue entre une Pieuvre et un Presse-Agrumes en 2024 au Mudac de Lausanne, qui illustre bien cette saga
le dérèglement climatique, prédit depuis des années, s’installe dans ce 21è siècle ; un nouveau langage nait : économie, récupération, recyclage, matières naturelles, développement durable, économie locale ; chercher des matières plus naturelles et d’autres manières de produire en économisant énergie, eau, matières, minimiser les déplacements ; retour à la nature : "bio sourcé" devient le terme à la mode que tout le monde comprend
S’y est ajouté le Covid, qui crée le besoin d’un environnement rassurant et confortable, d’un nouveau regard sur le décor de nos vies : le design est directement concerné ;
Swissvoice ePure Rouge 2011 plastique
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car le design exprime toutes ces valeurs comme porteuses d’authenticité : retour aux matières nobles ou éco-compatibles (le plastique issu des fossiles est banni), le patrimoine et l’artisanat sont valorisés, les valeurs sûres revisitées quelquefois même par ceux là qui les ont crées il y a 50 ans ! la décoration se fait plus minimaliste, les objets plus sobres et durables ; apparaît le "discret-luxury" (le luxe discret) < des industriels apprenent que le beau et amusant peut être compatible avec l’usage ; ce téléphone fonctionne, et sans fil ! un objet moderne, utile, beau, ludique, qui est aussi une évocation du pop-design des 70’s, produit par la marque Swissvoice issue de l’industrie des télécoms. Comment faire ? deux tendances s’affirment : innovation et réutilisation |
> achat-ventes de particulier à particulier
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la mondialisation rythme encore la consommation de masse sur un marché planétaire, avec une prépondérance économique de pays autrefois en développement (Moyen-Orient, Asie...). Des chaînes standardisées déversent sur la planète une fast fashion uniformisée, les meubles sont adaptables à tous les continents (IKEA...), les véhicules sont gris ou noirs et se ressemblent tous. Mais les SUV envahissent les villes, l’industrie développe des produits polluants, la sur-consommation règne avec un gâchis alimentaire, industriel, vestimentaire (H&M etc) > Philippe Starck est un précurseur : déjà en fin du siècle passé il alors s’élèvent des voix de plus en plus alarmistes pour cesser ce carnage ; des jeunes manifestent parfois violemment pour un retour à la raison |
Philippe Starck Max le Chinois 1988 inox laiton
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cette prise de conscience envahit toutes les sphères de la société ; elle s’accompagne de la promotion des savoirs-faire, de l’artisanat, du fait local, du réutilisable cher à nos grands-mères, en parallèle du développement du bio. Les artisans se rapprochent des artistes, sont recherchés, pris en charge et même formés par l’industrie du luxe qui veut faire du beau, désirable et durable
"Comme avant" ? la nostalgie du 20e siècle gagne les sphères de la créativité où tout semble avoir été inventé en art, design, architecture intérieure (le minimalisme, le « less is more », la cuisine ouverte...) ; > au début les ampoules écologiques étaient grosses et affreuses ; |
Adrien Rovero Saving Grace 2008 verre recyclé
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sur le plan du marché, les jeunes Y-Z sur internet sont influenceurs mais cela interpelle aussi des boomers saisis par la nostalgie des années vintage qu’ils ont vécues : c’est la "newstalgie"
alors le 21è siècle revisite et modernise les années 50 puis 60 jusqu’aux 80 ! on reprend les épures des meubles du Bauhaus, on dégote des inédits cachés, des icônes passées aux oubliettes. On abandonne le bon marché jetable pour du vertueux et durable... du moins pour les urbains qui peuvent se les offrir. Les industriels revisitent leurs archives accompagnés parfois des créateurs d’origine, devenus octogénaires… qui réinterprètent ce qu’ils produisaient il y a 50 ans (ce qui pose des problèmes de droit d’auteur) ; sortent des cartons de l’histoire (Jean Prouvé, Charlotte Perriand...) redevenus stars ; des professionnels chinent les vide-greniers et les fonds d’usine ; les objets marqueurs de style alimentent la frénésie des collectionneurs… jusqu’aux véhicules de collection qui s’arrachent ;
le design intérieur (objets, meubles, aménagements, fashion) étant à la mode et rentable, apparaissent des jeunes studios, designers indépendants, "DA" (Directeurs Artistiques), ils innovent en jouant sur les nouvelles matières synthétiques recyclées ou recyclables voire de source biologique (biosourcées), sur des procédés révolutionnaires comme la fabrication 3D, sur des composants nouveaux comme les LED, greffent de la technologie numérique et connectent ce qu’ils peuvent
Mais ce n’est pas toujours évident : beaucoup de formes ont déjà été inventées, et les nouvelles matières sont encore assez onéreuses à mettre en oeuvre, les filières de recyclage se mettent juste en place ; il y a des dérives lorsqu’on se risque à créer des objets inconfortables, fragiles ou inutilisables… c’est acceptable pour les plus luxueux, rares et chers tels des icônes : est-ce de l’art ou du design ? la question devient presque obsolète...
les frontières tombent entre métiers d’art et de design, entre artisans d’art et artistes (ex. Bouroullec les canapés et la céramique) voire créateurs de mode : ainsi les grandes maisons de mode font défiler leurs artisans, un salon des métiers d’art est crée à Paris, on glorifie le « travail de la main ».
Lesage chaises Oops brodées
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Tous ces concepts sont pris en charge et développés par les grandes maisons du luxe qui, s’ajoutant aux grandes galeries internationales (ex. Perrotin pour l’art, Carpenter’s pour le design), financent des productions, mécènent des expositions, aident et forment des artisans et artistes ; car le secteur du luxe est le vecteur économique qui réunit toutes ces professions cousines, c’est le luxe qui a la puissance de diffusion et d’information au niveau planétaire et bénéficie d’immenses réseaux de professionnels, clients, collectionneurs, fans... < en 2019 Chanel ouvre à Paris le 19M, son quartier général des métiers d’art réunissant 700 artisans et experts qui travaillent pour la maison : Lesage (broderie), Montex (décoration), Massaro (bottier), Lemarié (plumassier) , Maison Michel (modiste), Lognon (plisseur), Paloma (couturier) et Eres (maillots de bain)... bar et expositions publiques accompagnent et diffusent le mouvement ; |
Les fondations en font partie ; elles se sont beaucoup développées, aidées par une défiscalisation partielle ; elles offrent un moyen de communication, d’image de marque, sont outil de production d’oeuvres, d’événements et de promotions de créateurs ; leurs moyens dépassent désormais ceux des grandes institutions publiques !
deux tendances prennent la relève :
> de jeunes créateurs l’indépendants alimentent les petits magasins fashion des quartiers bobos en pièces originales, relativement libres de toute tendance, en série forcément limitées voire pièces uniques
> un retour au style des années 60-80, dans la même mouvance que le design : le vintage commence à se vendre dans des boutiques spécialisées de l’occasion de luxe, puis est imité dans le neuf par certaines grandes marques
et... vint des horreurs : les jeans déchirés, la "taille basse" qui, incompatible avec la malbouffe, révéla ces hanches empâtées, bidous gras, fesses molles et autres gracieusetés à subir le nez dessus dans le métro... une mode populaire signe du déclin, un avant-goût de populisme ?
en fait toute cette première décennie se caractérise par un mauvais-goût-bling-bling : couleurs violentes ou flashys saupoudrées de paillettes, laçages... le style Y2K (year 2 K) brille sans discrétion ; c’est le règne de quelques créateurs-vedette qui signent un style où la provocation sert de ligne créatrice, l’élégance est réservée aux quadra+ qui ont accès aux grands et/ou jeunes créateurs moins emblématiques
les créateurs (hors les stars de grandes marques) ne savent plus quel style inventer, comme les artistes, de sorte qu’il n’y a pas de courant ou de style prépondérant ; toutes les maisons revisitent leurs archives ;
l’éclectisme règne, dans la rue la mode à bas-coût devient affreuse voire ridicule (ce qui hélas ne tue pas) : le jogging ose apparaître en ville, la taille basse sévit (gros plans sur la raie des fesses...) doublée du cul-bas (impliquant une démarche... douteuse) ; le prêt-à-porter est pollué par des pantalons tuyau-de-poêle déversés de Chine et qui envahissent même les marques établies, mais le jeans classique reste populaire (faisant soi-disant moderne alors qu’il a... 140 ans !) ; pire : les stars des GAFAMs qui paradent en sweat-shirts (quelle élégance...) créent un mouvement général : tous les jeunes (hélas les moins jeunes bedonnants aussi) en portent...
Des innovations décisives : le "street wear" emprunte au sport de nouveaux usages par des matières légères, chaudes et transpirantes ; c’est un succès mondial par ces confortables doudounes à capuche, ces jeans joggings collants se complètant d’une mini-jupe (le retour !), ces méga-chaussures type "rangers" qui arpentent les trottoirs des villes de la planète...
Et l’on voit repoindre le velours côtelé, les bottes élégantes, les cardigans et même des duffle-coat !
Nouveau : le marché a trouvé un (presque) nouveau créneau prometteur : la mode pour homme ; peut-être motivée par la triste uniformité des tee-shirts grisâtres+jeans+baskets, les grandes marques lancent force défilés de parures genrées voire androgynes où pointe la créativité, l’originalité, les couleurs et la fantaisie, espérant -comme nous- que les acheteurs suivent.
Côté luxe la tendance générale est aux accessoires (très rentables) : sacs, bijoux, foulards, parfums, lunettes, que les marques déclinent en abondance ; ainsi tout le monde peut s’offrir quelque chose dans leurs splendides flags shops ; certains sollicitent même la contribution d’artistes plasticiens > les sacs Vuitton confient à des artistes de revisiter les codes Vuitton sac mini-Capucines Ziping Wang
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découvrez dans cette "histoire de la mode (fashion)" ses relations avec l’art
> rappel : dès la page de l’histoire des années 60, nous avons pris l’automobile comme un marqueur de style de vie
Quid du design automobile ? affligeant en ces années 2000... jamais elles ne furent aussi conventionnelles, sauf exception... toutes grises ou noires et en coupe d’engin de course : nez raz du sol, cul haut, yeux en amande et, pire encore aux années 10-20 : ces découpages hideux, complexes et ridicules en vaisseaux furtifs... symptomatique : la racée Jaguar n’est plus, remplacée par ce succédané asiatique d’une banalité confondante ;
surgit alors la nostalgie du passé, encore elle, concrétisée aussi par les rééditions modernisées (et réussies) de la Coccinelle, du Combi-WV, de la Fiat 500, avant la R5 électrisée
la banalité : Jaguar-xf 2023 |
WV coccinelle New Beetle 2006 |
Austin Mini Countryman 2013 |
L’avénement rapide de la voiture 100% électrique chamboule l’esthétique auto : le radiateur disparaissent, et l’agressif calandre aussi, ou plutôt devrait l’être ..mais les habitudes freinent... Tesla fait sauter ce verrou et pousse l’innovation jusqu’à remplacer tous les boutons et manettes électro-mécaniques par un écran tactile géant qui pilote tout (et fait disparaître des km de cablerie, simplifiant la production), et comme son esthétique minimaliste distingue, c’est un immense succès ! les autres constructeurs suivront, en retard.
plus d’infos : |
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