le pop art, révolution classique :tous nous connaissons le pop art, ou pensons le connaître car la révolution pop date tout-de-même de soixante ans dans un contexte aux USA très différent du nôtre : boom de la consommation sans considération écologique, révolution sexuelle non féministe, ségrégation raciale, guerre du Vietnam, révoltes "peace and love" de la jeunesse, mondialisation du soft-power US... alors pourquoi le pop art est-il encore si vif et universel, alors que ses concepts originaux semblent un peu datés ?Dans cette page :
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le pop art illustré par une oeuvre :> cette sculpture au néon est très américaine et pop dans son style, pourtant elle est d’un artiste français :Martial Raysse America America
néon métal peint 240x165x45
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cette page s’appuie sur l’exposition "Pop Forever, Tom Wesselmann &..."à la Fondation Vuitton en 2024-25, qui comprend une introduction pop par une trentaine d’artistes et une grande rétrospective Wesselmann à voir ici
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le pop art est populaire par ses thèmes : pour la première fois des peintres privilégient les objets de la grande consommation dans la civilisation urbaine, par les archétypes de l’american way of life des années 60 : pin-up, cow-boys, voitures, pub, cinéma... d’autant plus populaire que l’humour y est fréquent :
gauche : Marjorie Strider Tripych 1963 acry polystyrène 175x419x15 |
le pop art prend à contre-pied la peinture traditionnelle et ses codes ; par exemple face au culte de l’original, les oeuvres pop proposent la répétition et la grande diffusion, ignorent la perspective (les pubs sont-elles en 3D ?)...
< il y a peu de sculptures pop ; celle de Marisol (Maria Sol Escobar) l’est assurément par son cow-boy célèbre tourné en... bourrique ; et Marjorie Strider (souvent influencée par Wahrol et Wesselman) moque l’obsession américaine des gros seins en les faisant jaillir hors des tableaux par des intrusions polystyrènes (comme le font certaines en vrai...) |
Robert Rauschenberg Canyon 1959 |
le pop art est un genre par son style : couleurs vives venant de la publicité, collage d’images et de slogans venant des journaux et affiches, incrustation d’objets quotidiens... c’est une peinture débridée, décomplexée, ludique, qui attire l’oeil parfois par provocation
< ce Canyon de Robert Rauschenberg est un de ses premiers (1959 !) Combine paintings, qui inspireront les artistes pop (à part cela, Rauschenberg se situe hors du pop art ; comme on peut le voir ici, à la même époque ses tableaux sont très différents) pour son travail innovant (et fortement poussé par la diplomatie US...) Robert Rauschenberg remporte le Grand Prix de peinture à la Biennale de Venise de 1964 : voir "les américains qui ont renversé l’Europe" |
Andy Wahrol Campbells soup cans 1962 |
le pop art est un mouvement car il a été adopté par toute une génération de plasticiens anglais et surtout américains : peintres, sculpteurs, vidéastes... tous emportés par une société avide de consommation et des médias |
Ainsi à la fin des années 1950, le Pop Art déferle naturellement dans le monde anglo-saxon, ces royaumes de la bande dessinée, publicité, cinéma et célébrités ; l’Europe continentale, elle, reste alors très traditionnelle, innovant plutôt dans l’abstraction
Puis dans les 60-70’s le puissant mouvement pop américain s’étend en Grande-Bretagne (Paolozzi), en Allemagne (Polke) et le reste de l’Europe ; son style a aussi influencé les Nouveaux Réalistes français et la Figuration Narrative de la même époque > ainsi, Daniel Spoerri a-t-il crée ses Tableaux-Pièges, Daniel Spoerri |
les années 60 rock’d roll voient le vrai décollage du pop art, en parallèle de l’hyperréalisme (qui restera limité) ; pour l’illustrer, voici quelques grandes références :
Roy Lichtenstein |
les expositions pop citées sur Almanart : < de la publicité à la bande dessinée il n’y qu’un pas, qui a fait la célébrité de Roy Lichtenstein |
et les autres grands événements pop à Paris : |
le pop subsiste, tellement son style est immédiatement visible pour l’amateur et son socle, et la société de consommation est toujours d’actualité avec sa pub omniprésente ; mais son esprit révolutionnaire s’est dissous, son originalité banalisée : comme le blue-jean, il "fait jeune" sans l’être, un art lui-même devenu ustensile de consommation courante, proche de la décoration ; on l’a cité plus haut : même son militantisme est daté avec ses femmes-objet plutôt que libres, sa consommation sans retenue, etc.
Mais sur les artistes actuels l’influence du pop art reste forte en matière de style, sans mimétisme, simplement par la clarté d’expression qu’il permet en usant d’aplats, de couleurs fortes, d’insertion de phrases ou photos, de mélange d’images (venant cette fois d’internet)... > ce tableau de Derrick Adams adopte tout-à-fait le style et la technique pop des objets de consommation : acrylique, peinture au latex, collage de tissu sur panneau ; mais il n’est pas que décoratif : les couleurs viennent du drapeau "africainaméricain" (popularisé par l’artiste David Hammons) noir, vert et rouge : ici, il détourne l’image des super-héros virils blancs, hétérosexuels et patriotiques par des "contre-images" qui suggèrent un caractère factice au rêve américain Derrick Adams |
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