les collections d’art brut et d’art singulier sont encore majoritairement celles d’amateurs passionnés, souvent exlusifs, très connaisseurs, parfois capables de raconter la vie de ces artistes car leur art est fortement lié à leur parcours ; il en est ainsi des collections de Arnulf Rainer (artiste lui-même) ou par exemple de Charlotte Zander.
Actuellement des amateurs d’art contemporain intègrent l’art brut au sein de leurs collections, comme Antoine de Galbert le fait depuis longtemps : ceci d’autant qu’est devenu à la mode l’élargissement des collections aux arts contemporains lointains, jugés autrefois exotiques (africains, de l’Orient...)
l’art brut et singulier peut toucher tout amateur d’art, dès lors que son contact avec les oeuvres établit une relation intime, quelque chose d’inexplicable en lui ; cela devient une histoire entre eux ;
Adolf Wölfli (1864-1930) une des plus hautes
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> achat-ventes de particulier à particulier
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les ventes aux enchères spécifiques sont relativement rares, sans doute par le fait que les collectionneurs spécialisés ne veulent pas se séparer de leurs pièces. Et l’histoire des ventes est assez récente : La 1ère grande vente spécialisée en Europe fut celle d’Artcurial en juin 2004 ; mais l’ouverture du LAM à Lille en septembre 2010 à ensuite suscité d’autres sessions
> les salons et foires d’art brut ou singulier sont aussi rares ; la plus célèbre est l’Outsider Art Fair à New York et Paris ; citons aussi à Paris un Festival d’Art Naïf, ainsi que d’autres petites foires
> les galeristes spécialisés et qui comptent sont peu nombreux en Europe, par exemple :
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August Walla (1936-2001), un des artistes historiques qui remplit ses dessins à saturation, est relativement sous-coté, entre 1000 et 5000€ |
Christian Berst, galeriste à Paris [interview d’Almanart] : > "je collectionne ces œuvres depuis 25 ans ; j’avais ouvert ma galerie à un moment où il y avait une recherche de sens et la galerie est (encore) le moyen par lequel j’assouvis un besoin de découvrir toujours plus d’œuvres et d’artistes brut, de vivre ma passion" > un paradoxe car "la vente n’est pas dans l’intention de ces artistes : ils sont dans l’immédiateté, dans l’hic et nunc, se foutent du passé ; mais le marché est un canal par lequel ces artistes sont valorisés, qui leur permet de sortir leurs œuvres de l’ombre, de les sauver et de les faire entrer dans les institutions pour qu’elles soient reconnues. |
l’art brut est devenu visible : les galeries spécialisées s’en occupent bien, les musées communiquent mieux, de bonnes expositions se montent.
Comme les artistes bruts créent sans volonté d’être au devant de la scène ni de vendre, ce sont forcément des acteurs externes qui les représentent. Mais une contradiction se pose sur l’acte de vente : celle de vouloir créer dans l’insouciance et se voir tout de même sous les projecteurs !
Dans les ventes aux enchères qui ne sont pas spécialisées sur le genre "brut", ces différents styles sont souvent présentés ensemble, car pouvant intéresser le même public. Car le marché du seul art brut reste assez fermé, pour deux raisons :
> les oeuvres sont peu compréhensibles au large public, du fait du monde particulier dans lequel vivent ces artistes ; bien des gens ne sont pas attirés, voire dérangés par ce type d’art
> les passionnés d’art brut se sont mis eux-mêmes dans un contexte fermé, ce qu’avance la journaliste-écrivain Roxana Azimi [AMA, 27 novembre 2014] : "le problème de ceux qui ont défendu l’art brut est qu’ils ont mis des barrières de sécurité... ces créateurs sont des êtres fragiles qu’on ne peut pas traiter à la légère, mais cette protection s’est
transformée en ghetto" ; cf son livre La Folie de l’art brut, 2014, éd. Séguier
> statistiquement (2013) presque 40% des pièces sur le second marché sont vendues moins de 1000 €, puis une même proportion se situe entre 1’000 et 10’000 €, probablement parce que les pièces historiques ne sortent pas des musées ; toutefois la tendance est à la hausse
> exemples : certains artistes connus ne sont pas cotés au second marché, mais les "fondateurs" sont hauts depuis longtemps, comme Adolf Wölfli (1864-1930) qui est coté entre 10 et 60’000 € ou Fleury Joseph Crépin (1875-1948) entre 7 et 30’000 € ; beaucoup de moins connus sont aussi sur le marché comme Dwight Macintosh (1906-1999) qui cote entre 1000 et 2000 € ; enfin d’autres sont sous-cotés comme Séraphine Louis dite de Senlis (1864-1942) qui est entre 2 et 3000 €, peut-être en raison d’une trop récente célébrité sur le marché grand public.
Un marché cahotique donc, sans doute pour deux raisons : le cercle assez fermé de ses collectionneurs qui conservent leurs trésors et le fait que les plus grands artistes soient dans les musées, pas ailleurs.
En tous cas, il y a un effet de marché : cet art qui existe depuis un temps indéfini, est depuis quelques années sujet à un intérêt grandissant car le marché de l’art est à la recherche de toute nouveauté, ce qui explique que l’art brut ait ressurgit de ses ténèbres
par essence il n’est pas en soi une mode puisque c’est un genre, donc sans début ni fin, et que selon Jean Cocteau : "la mode, c’est ce qui se démode" ; elle est limitée dans le temps, contrairement aux genres : transposant ce qu’a dit Coco Chanel : "la mode se démode, le style jamais".
Christian Berst, galeriste à Paris [interview d’Almanart, 2011] ajoute avec humour :
"il n’est pas possible qu’il devienne une mode car le spectre formel de l’art brut est extrêmement large, presque impossible à définir"
le phénomène est connu : le marché de l’art découvre de nouveaux artistes bruts, voire un peu trop, et les promeut ; une mise en lumière qui crée l’envie chez les collectionneurs. Mais ces artistes sont incapables par nature de répondre à une augmentation de production ; donc les vraies oeuvres brutes restent relativement rares et les prix augmentent avec le nombre d’amateurs nouveaux. Donc si l’on cherche, on trouve, en y mettant le prix...
> Christian Berts met en garde : "avec l’avènement de l’art brut dans l’art contemporain, il y a des productions qui singent l’art brut, mais qui relèvent, en fait, d’un art banal ; c’est un regard bien aiguisé qui fait la différence“
> la conservatrice Martine Lusardy dit de même [interview d’Almanart 2011] : "...c’est devenu un miracle de trouver un nouvel artiste ; un jour l’art brut risque d’être banalisé, il risque de se transformer en ’art d’aéroport’ comme l’art naïf dans les années 80 ... on risque de trouver des artistes peu authentiques voire des copistes ... désormais ce sera difficile de trier entre les artistes authentiques et ceux qui jouent à le faire"
> l’artiste à la fois brut et contemporain Michel Nedjar fulmine [Artension HSn°4 sept 2010] : "dès qu’un clodo un peu excité ou un cinglé branché-débranché fait le moindre graffiti, maintenant il se trouve une bonne âme versée dans l’humanitaire pour déclarer qu’elle a trouvé un artiste brut !"
Concluez comme vous voulez...
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