> achat-ventes de particulier à particulier
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art des fous, de médiumniques et autodidactes, art spontanné, art modeste, art enfantin, art marginal, artistes hors-les-normes, outsiders, art naïf, populaire ou art singulier, "peinture rustique-moderne" (Dubuffet), art en marge... ouf...
trop d’appellations définitives s’entrechoquent, qui font passer ces artistes pour des charlatans : l’amateur d’art n’y comprend rien... ; alors, quelle est l’origine de l’art brut, est-ce un art encore actuel, quels liens avec l’art contemporain ? > Henry Darger (1892-1973) pose des enfants nus dans des lieux paradisiaques terrifiants, au sein d’un énorme récit nommé " The Story of the Vivian Girls, in What is known as the Realms of the Unreal, of the Glandeco-Angelinnian War Storm, Caused by the Child Slave Rebellion", une oeuvre découverte après sa mort. Son caractère solitaire et singulier le fit interner dans sa jeunesse Henry Darger In the Realms
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Jean Dubuffet a été le premier à définir en 1949 ces créations comme des "ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique ... de sorte que leurs auteurs tirent tout de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou à la mode". Trop osé ? car il rétropédalera en 1968 : "l’homme sans culture -associable donc- bien entendu n’existe pas, c’est une vue de l’esprit" [Asphyxiante culture]. Dès le départ, c’était compliqué.
Pour Michel Thévoz ex-conservateur de la Collection d’art brut de Dubuffet à Lausanne, les auteurs d’art brut "ne veulent rien recevoir de la culture, rien lui donner ; ils n’aspirent pas à communiquer, en tout cas pas selon les procédures marchandes et publicitaires" [l’Art brut, psychose et médiumnité, 1990].
Martine Lusardy, qui a rendu l’art brut visible à la Halle St-Pierre à Paris, va dans le même sens (interview par Almanart) : "c’est l’art de ceux qui sont restés solitaires, hors des codes de l’art traditionnel, à l’abri du bruit du monde de l’art"
Dubuffet déja révélait la difficulté de définir des caractéristiques formelles et stylistiques, face à la variété de matériaux et à la multitude d’univers personnels de ces créateurs : "j’ai donné le nom d’art brut à toutes les productions qui s’écartent de l’art culturel, or les manières de s’en écarter sont en nombre infini" [lettre adressée à Andréas Franzke, 1980].
S’ils s’expriment souvent par dessins et peintures -moyens de portée facile- certains créateurs bruts sont sculpteurs ou installateurs : > Joseph Ferdinand Cheval, connu sous le nom du Facteur Cheval (1836-1924), a bâti pendant 33 ans son Palais Idéal fait de pierres trouvées à Hauterives, un chef-d’oeuvre classé en 1969 Le Palais idéal de Cheval
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> Marco Decorpeliada (1947-2006) a créé des installations humoristiques appelées Schizomètres : voir notre article
La différenciation stylistique à but de définition est donc une impasse ; mais Almanart relève certaines caractéristiques de regroupement des artistes bruts par leurs sources d’inspiration :
> l’inspiration psychopathologique :ceux-ci ont des dispositions sociales et psychologiques particulières : minutieux, dotés d’affections psychiatriques ou de handicap mental qui les conduit jusqu’à l’internat ; ils sont imprévisibles et marginaux dans la société < Carlo Zinelli (1916-1974) : commence à graver sur les murs de son hôpital, avant qu’il en rejoigne l’atelier où il produit des milliers de dessins, d’une écriture particulière à la gouache et aux crayons de couleurs Carlo Zinelli dessin gouache crayon 70x50 date inconnue
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"n’aie crainte, nous sommes près de toi... un jour, tu sera peintre" : c’est dans les mines du Pas-de-Calais, qu’Augustin Lesage entend cette voix qui le guidera dans toutes ses créations !
Donald Pass ST (anges) 2005
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Ceux-là ont reçu la lumière : ils sont messagers, intermédiaires entre un dieu, un mort, un au-delà et ici ; leur main ne fait que retranscrire ce qu’on leur dicte ; ils ne se considèrent pas comme auteurs mais comme trait d’union entre leur univers -qui nous est imperceptible- et le monde extérieur < Donald Pass (1930- 2010) eut une révélation de la résurrection qui le conduisit à la représenter sans cesse.
On peut citer aussi Madge Gill guidée par Myrninerest, Paul Amar qui l’est par ses visions, Nek Chan qui voit dans ses rêves, Frank Jones qui communique avec les esprits, José Virgili le messager de Dieu qui prêche l’amour, la fusion, l’union et Fleury Joseph Crépin... |
ce sont des anticonformistes ou associaux, décalés, qui refusent les normes de la société ; ces marginaux éclairés embellissent leur quotidien en créant un univers fantastique, enchanteur ou sombre…
Autodidactes, ouvriers, facteurs, paysans ou maçons, ils bâtissent leur monde imaginaire dans l’isolement et l’anonymat, à partir d’éléments banals, du quotidien ou jetés au rebut : "leurs créations hors-normes sont le fruit d’une imagination infinie d’hommes et de femmes hors du commun" disait Alain Bourdonnais, co-commissaire des Singuliers de l’art au MAMVP en 1978 et fondateur de la Fabuloserie < Bill Traylor (1854-1949) a vécu dans les plantations du Middle West, un milieu isolé de l’art, où il peint des personnages de la vie courante
Dans cette catégorie : Gaston Chaissac (qui a été dès les années 60 reconnu par le marché de l’art), Roger Chomeaux dit Chomo, Willem Van Geek, Helga Goetze, l’Abbé Fouré, Hipkiss, Ida Buchman, Rosemarie Kocz, Helene Reiman et la célèbre Séraphine Louis dite de Senlis...
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certains l’ont ainsi appelé car ce sont des écrits de psychiatres qui découvrent ces artistes, notamment Hans Prinzhorn [Expression de la folie, 1922] ; une Maison des artistes fut ouverte à Gugging en Autriche en 1981 par Leo Navratil, dans un hôpital psychiatrique. Ce à quoi Jean Dubuffet s’oppose : "pas plus d’art des fous que d’art de malades du genou" [Honneur aux valeurs sauvages, 1951].
Ce sont surtout d’indomptables artistes habités par "la folle du logis" comme disait le théologien français Malebranche. Martine Lusardy : "quelques handicapés mentaux, autistes et trisomiques éprouvent une nécessité intérieure de dévoiler un invisible à travers leur imaginaire ; avec l’art brut, émotions et intellectualité sont rééquilibrés" > Adolf Wöfli (1864-1930), après une jeunesse épouvantable, passe sa vie en internat où il produit une oeuvre mélangeant délires et dessins complexes ; mais comme le montre cette image, il ne fut pas imperméable à l’art "extérieur" ; artiste brut emblématique, il est visible notamment au Kunstmuseum de Bern
Adolf Wöfli, Campbells Tomato Soup, 1929
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aux amalgames : la pratique de l’art dans les hôpitaux psychiatriques est une thérapie qui n’a rien à voir avec le fait qu’il y ait des artistes bruts dans des hospices
ces artistes sont seuls ; ils affrontent leurs violences internes, ils créent pour satisfaire une pulsion irraisonnée, commandée par leur imaginaire. Cette folie est lumière d’un monde qui nous est inconnu, en désaccord avec la morale et les normes, qu’on serait tenté de qualifier d’insensé : ils sont isolés dans leurs bulles. Marginaux dans la société, leur art représente leurs univers intimes, chacun dans son monde, spontanément, indépendamment de tout et de tous.
Françoise Monnin, historienne d’art [Artension HS n°4 sept 2010] : "l’artiste brut se sent coupable ; il pense qu’il n’a pas le droit d’être un artiste et que, par conséquent, sa pratique relève de l’interdit".
l’histoire est traversée de mouvements de durée et d’espace limités ; or l’art brut n’est pas limité en naissance ni en durée et donc n’est pas un mouvement, mais un genre qui accompagne silencieusement l’art classique ; d’où la difficulté de son entrée dans le calendrier de l’histoire officielle de l’art.
C’est la multiplication des expositions, des lieux et galeries consacrés à cet art depuis les années 80, qui l’ont fait entrer dans l’histoire ; il aura suivi la règle : quand un genre dépasse sa première visiblité, quand nous sommes habitués à son originalité, il est reconnu et l’histoire tente alors de le caractériser, le théoriser. Ses "créateurs" sont alors devenus des "artistes" !
la classification initiale "art brut" est parfois trop restrictive, car où placer un artiste mondialement connu comme Jean Joseph Sanfourche qui présente les caractères inverses de cette classification ? formé à l’art, il a tenu des emplois dans la société, a eu des liens épistolaires avec Dubuffet, se déclare artiste ; s’il a été un temps interné, c’est comme mystique qui croit aux talismans. De même pour le célèbre Gaston Chaissac qui, s’il vivait en solitaire, était un érudit entretenant une correspondance avec Dubuffet. Et l’atypique Michel Nedjar (image ci-dessous) qui a eu une vie troublée mais pas recluse ?
Enfin que dire de certains graffitistes qui, tout aussi dépourvus d’enseignement d’art, vivent en zone et exercent leur art des rues de manière anonyme et cachée ?
Lucienne Peiry, directrice de la Collection de l’Art Brut à Lausanne (détentrice de celle de Dubuffet) [Artension HSn°4 sept 2010] : "nos critères pour enrichir notre collection se fondent sur un large corpus des oeuvres pour évaluer le système d’expression, la syntaxe plastique, les motivations de l’auteur et les conditions de sa création" ; c’est une analyse assez ouverte.
Michel Nedjar
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Jean-Denis Bonan
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Antonio Olé
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Bruno Descharme, grand collectionneur et fondateur du centre de diffusion ABCD : "l’artiste singulier s’appuie sur son style et le brut sur ses trippes, son âme" ; mais alors, comment le savoir sans connaître la vie de l’artiste, comment croire que l’artiste singulier, lui, n’ait pas (un peu) d’âme ? impasse des définitions...
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