1960, les années sans complexe
le rythme de la vie s’accélère : il faut être moderne, l’avenir du design est en plastique ! Ces années 60, heureuses, insouciantes, inventives, voient l’avènement de la société de consommation et le triomphe du design plastique, de l’ustensile à son environnement ; cela commence en 1958 par la démontration de Jacques Tati dans Mon Oncle...
<< la Villa Arpel de Jacques Lagrange pour le film Mon Oncle, 1958
|
La tradition fonctionnaliste des designers doit alors intégrer de nouveaux paramètres : esthétisme, confort, innovation et se soumettre à une technicité industrielle : ce compromis passera par le plastique moulé.
le Danois Verner Panton, ancien collaborateur de Jacobsen le père de la Fourmi et de l’Oeuf (voir les 50’s), commercialise en 1960 la 1ère chaise en plastique moulé d’un seul tenant, s’inspirant de l’audacieux zigzag dessiné en 1932 par le Néerlandais Gerrit Thomas Rietveld : le bois cassant, prend les douces formes du plastique.
Un défi technique car il aura fallu 8 ans à Verner Panton, avec l’éditeur Vitra, pour élaborer cette chaise qui devait être stable et résistante : la Panton Chair, aujourd’hui une référence.
<< Verner Panton,
|
Eero Saarinen, déjà célèbre avant guerre pour avoir intégré le polyester dans la coque de sa fameuse chaise Tulip, va s’emparer du plastique pour revisiter des créations devenues déjà classiques, tout comme charles Eames.
Il n’est pas le seul : une palette de couleurs pétantes devient l’emblème de ces années.
les tenants de feu le Bauhaus, tous émigrés aux USA, illustrent la rigoureuse et conformiste "american way of life" ; celle-ci influence le Japon occupé par les USA, qui adopte cet idéal de pureté de forme, finalement assez conforme à sa propre culture.
L’esprit de géométrie du Bahaus s’exprime dans la juxtaposition brutale de couleurs complémentaires directement issue des travaux de Johannes Itten en 1910, où la dissonance et l’illusion d’optique suggèrent la 3è dimension.
en Europe l’industrie relève doucement la tête et le nouvel idéal s’introduit dans la maison : Moulinex "libère la femme" avec son robot culte "Marie" inspiré des ustensiles de cuisine US que propagent les films.
Les créations de Andrée Putman, papesse du noir et blanc) sont vendues par Prisunic et les fameux meubles "Levitan" lancent une gamme créée par l’agence parisienne de Raymond Loewy (pape du design automobile US). Pierre Paulin décore l’Elysée avec Agam, un des pères de l’art cinétique... << en raison des droits, nous ne montrons que le livre
|
Les objets en plastique brillant et acide subissent l’influence des artistes de l’art optique "op art", graphismes géants inspirés de la culture populaire. Vasarely inspire de nombreuses créations, aussi bien en décoration intérieure revisitée que dans la mode comme le tapis Géométrie de Verner Panton, 1960
<< le tapis Géométrie est édité par Unika-Vaev |
Toutes ces merveilles sont popularisées par la nouvelle revue CREE : Création et recherches Esthétiques Européennes.
l’automobile par sa popularité mondiale, est à partir des années 60 un intéressant marqueur de style.
Devenue objet courant en Europe, elle reste encore aux mains de designers purement fonctionnels, sauf chez Citroën et quelques Italiens ; elle n’est encore témoin que de la technologie. C’est aux riches USA qu’elle s’offre aux délires.
Cadillac 6200 1960 |
Opel Kapitan 1960 |
Renault Dauphine 1960 |
Remarquez la folle audace américaine pour ce haut de gamme, reprise partiellement mais prétentieusement par la firme allemande, mais pas du tout par Renault qui fait office d’oginalité esthétique pour cette voiture populaire.
Si le plastique peut être massif, il peut devenir léger, par exemple sous forme d’enveloppe qu’on gonfle et dégonfle à volonté : l’air devient le matériau constitutif de l’objet ; ainsi un quatuor d’Italiens créé le fauteuil Blow en 1967, vendu à plat comme une bouée dégonflée et à prix modique ; le français Quasar non plus ne manque pas d’air avec sa gamme de sièges, tables, et même luminaires gonflables.
plusieurs mouvements se créent, s’opposent et rythment la vie sociale urbaine.
Les graphistes Suisses Gottfried Honegger, Max Schmid..., comme les Américains émigrés issus de l’école rigoureuse du Bauhaus, communiquent par un message simple, clair, sans superflu ; ils s’opposent alors à la frivolité latine incarnée par les générations montantes qui se révoltent précisément contre cet univers rationnel, dénué de toute sensibilité.
En 1962 Roland Topor fonde avec Arrabal l’anti-mouvement Panique ; avec lui, des illustrateurs (Reiser, Siné et Wolinski…) bousculent l’ordre établi par une insolente liberté de ton au sein de supports nouveaux : Hara Kiri (contestataire), Pilote (jeunesse), et même le guide du routard et bien sûr la BD belge.
Si la BD pour adultes sonne le glas du journal de papa, les nouveaux illustrateurs introduisent aussi de la poésie dans leur message, ouvrant la voie à Folon : en 1967 la grande exposition "Bande dessinée et figuration narrative’ du Musée des Arts décoratifs la consacre Art à part entière. Des journalistes-écrivains engagés font sortir la politique de son carcan, comme l’Express de Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber. L’érotisme sort des ténèbres grâce à Jean-Jacques Pauwels et sa revue Plexus, autour de la "belle année 69" bien sûr ! couverture de la Revue Plexus
|
La mode prend le pouvoir : Courrèges crée le choc en 1964 avec ses tenues "spatiales", Pierre Cardin créé une haute-couture déjantée mais aussi invente le prêt à porter, Brigitte Bardot libère la femme, Françoise Sagan brûle la vie, Mary Quant coupe ses robes au ras des fesses ! Un monde de stylistes va révolutionner la mode en ouvrant ses propres boutiques.Le tout immortalisé par des photographes-icônes tels Richard Avedon, Bailey, Newton, Beaton ou de Depardon qui parle des "années déclic" et crée en 1967 l’Agence Gamma : le photographe veut se reconnaître comme artiste, ouvrant la voie à certains abus... << André Courreges, série en métal poli, photo parue
|
en 1961 la Foire de Milan ouvre la porte de la fantaisie et du geste avec l’émergence des designers Ettore Sottsass, Gae Aulenti, Marco Zanuso, Joe Colombo… un foisonnement de création qui caractérise le miracle du design italien. Déjà la marque Olivetti y resplendit.
Vont émerger en Italie les incontournables éditeurs Cassina, Kartell, Saporitti, Castelli, Poltronova… qui avec rigueur et sérieux font appel aux plus célèbres designers du moment, Gae Aulenti, Mario Bellini, Joe Cesar Colombo… et diffuser leur créations en Europe (revue Casabella).
Ettore Sottsass (déjà lui : voir les années 80), inspiré par Picasso et le pop art US, va marier construction rigoureuse digne du Bahaus, folle coloration et art tantrique, influencé par ses séjours en Inde.
la célébrisime machine à écrire Valentine
|
il semble que tout ait été inventé : qu’allait-on encore pouvoir trouver dans la décennie suivante ?
plus d’infos : |
> les Années 60 d’Anne Bony (Ed du Regard) |
> achat-ventes de particulier à particulier
|
> sommaire histoire du design |
> histoire 1850-1914 |
> histoire 1917-39 |
> histoire 1950 |
> histoire 1970 |
> histoire 1980 |
> histoire 1990+ |
cette "Femme surréaliste à l’oiseau" de Alain Virmaux est dans la tradition surréaliste influencée par l’art brut et l’art africain une belle pièce abordable |
le Jardin des métiers d’Art et du Design accueille des artisans d’art et designers pour créer en binôme, une démarche novatrice une expo captivante l’explique |
le surréalisme si bien expliqué au Centre Pompidou voit un énorme succès, à ne pas manquer mise en jambe ou visite préalable |
achetez art, design, décoration |
(Almanart est annonceur, pas place de marché)
utilisez ces fonctions : Plan du site | Imprimer | Contact | Favoris | Aide | Lien coupé | Envoyer à un ami | RSS 2.0
Copie ou utilisation non autorisée contenu ou style, est contrefaçon ; site déposé à l'APP ; Almanart est une marque déposée, lire la suite... Réalisation Jmtconseils