les quatre vies de Jean Helion

rétrospective Jean Helion : La Prose du Monde, au MAMVP

jusqu’au 18/08/24

quartier de l’Alma

Musée d’Art Moderne de Paris

15 €

11 av du Président Wilson

> accueil d’Almanart

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focus : Jean Helion, peintre coloriste, art moderne ; peinture moderne abstrait et figurative / images : courtoisie MAMVP

cette grande rétrospective du magnifique Jean Helion (1904-1987) intitulée La Prose du Monde au MAMVP, montre que sa riche démarche artistique évolue en 4 grandes périodes : abstraction, figuration genre Nabis, doute, figuration en synthèse

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une période abstraite de transition

après guerre, l’abstraction fut un mouvement puissant dans lequel toute une population de peintres s’engouffrèrent : il fallait y être -ou y être farouchement opposé ! Helion en fut, adhérent même à Art Concret puis Abstraction-Création

> il s’y distingue par une série bien nommée Equilibre, dont cette Composition de 1935 s’approche ; vous y remarquez déjà son code des couleurs douces, bien établi : roses, verts pâles, bleus pâles, gris pâles, blancs cassés et toutes leurs nuances -on pense à Gleizer-

Jean Helion Composition 1935 huile
(Fond.Guggenheim) ... clic=zoom

< puis en 1939 il réalise cette curieuse huile, qui montre son passage au figuratif par un motif qui tient de l’abstraction et du cubisme, mais montre clairement une forme humaine tombée près d’une chaise : "ce tableau est un monument à la chute en moi de l’abstraction" dit-il

Jean Helion
Figure Tombée 1939 huile
(Centre Pompidou) ... clic=zoom

la période figurative dite "des années 40"

cette 2è période est frappante par le génie qu’à eu Jean Helion d’un style figuratif nouveau, qui a choqué à l’époque les bons esprits américains ; bien que conservant la même palette des couleurs, cette manière dite "des années 40" lui est caractéristique : c’est la plus reconnue, montrée et recherchée par les collectionneurs ;

< il a créé un tracé facile à lire, aimé des amateurs de la "ligne pure" en BD (Hergé avait déjà sorti ses albums, voir ici) ; comme ici, souvent il peint des scènes du mouvement de la vie de tous les jours ;
y apparaissent déjà ses objets fétiches : parapluies, chapeaux et mannequins

Jean Helion
L’Escalier 1944 huile
(Gal. Applicat-Prazan) ... clic=zoom

> la fin de cette huile splendide et typée est marquée par ce tableau qui "résume son cheminement, suggérant que son exploration de l’abstraction a abouti à la figuration" [DP] (voyez à gauche un Equilibre) ; il évoque tous les contrastes : homme/femme, fermé/ouvert, intérieur/extérieur, endroit/envers, figuratif/abstrait ;
et représente aussi le peintre et son modèle de manière érotique, un bon souvenir, peut-être ?

Jean Helion
A Rebours 1947 huile
(Centre Pompidou) ... clic=zoom

une longue période de doute

les années 60 à 70 sont empruntes d’un doute, comme si Jean Helion avait progressé trop vite... il reste bien dans son spectre colorié, mais avec moins d’aplats et des délimitations des couleurs un peu bâclées ; le style de ses tableaux devient assez commun, comme à gauche ce Borsalino qui réunit toutefois les fétiches du peintre ;
tout-de-même pointent quelques chefs-d’oeuvre comme un grand triptyque et cet énigmatique énorme Chou, placé sous une lucarne comme une sculpture montée sur socle : un objet de la vie courante, comme il aime à montrer :

Jean Helion Un Borsalino pour Emile 1981 acrylique
( Frac) ... clic=zoom

Jean Helion Chou sous la Lucarne1960 acrylique
(collection particulière) ... clic=zoom

la figuration en synthèse

dans les années 80 Jean Helion entreprend un travail de synthèse en se recentrant sur son style :

< ainsi cet extraordinaire triptyque Jugement des Choses revient sur ses objets, personnages et motifs comme une "immense vanité", une oeuvre testamentaire ;
clic = zoom sur le panneau central, dont les protagonistes sont remplacés par des mannequins... comme un mausolée ?

Jean Helion
Jugement dernier des Choses 1979 acrylique
(Mayor Gallery) ... clic=zoom

> Jean Helion revient aussi sur des auto-portraits, dont ce Requiem dramatique au visage brisé, rétréci, vieilli...,
comment l’interpréter ? évocation de sa vue fortement décliante, regard direct sur la mort qui s’approche ?