une Brève Histoire de l’Avenir au Louvre
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toutes images, courtoisie Le Louvre et Fondation Attali sauf mention
Jacques Attali projette sa Brève Histoire de l’Avenir
> au Louvre, jusqu’au 4 janvier 2016
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cette exposition dépasse le domaine artistique pour servir de support à une réflexion poétique, historique, économique et philosophique qui nous concerne tous, ouvrant autant de lectures. Mettant en scène le livre de Jacques Attali "Une Brève Histoire de l’Avenir" par les commissaires Dominique de Font-Réaulx (conservatrice au Louvre) et Jean de Loisy (président du Palais de Tokyo), elle reflète bien la vocation du Louvre : être universel en termes de culture, en posant "que disent les oeuvres du passé sur notre futur ?" Le Louvre est aussi vigie de notre avenir
> le monde en équilibre instable saura-t-il se contorsionner pour maîtriser son destin ? est la question finale de cet événement, bien illustrée par cette image de Rhona Bitner
Rhona Bitner, 94125FL, série Circus,
1994, courtoisie Fondation Neuflize Vie
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Une Brève Histoire de l’Avenir : un livre, une exposition
le livre de Jacques Attali n’est pas une prédiction mais une thèse, laissant le champ libre à l’interprétation ; pas d’extrapolation d’éléments statistiques ou techniques, mais une vue originale des prochaines années basées sur des invariants historiques observables depuis les débuts de l’humanité, comme par exemple le nécessaire équilibre des échanges, la confrontation nomadisme-sédentarité, la communication ennemie du pouvoir, le manque qui est moteur... autant d’invariants semblant banals mais ici étayés ; son illustration se lit comme une exploration de nos racines par le dialogue entre artistes contemporains et anciens ;
de "ces invariants fondateurs du passé et structurants pour l’avenir", l’auteur tire des principes de développement qui conditionnent le futur, le principal étant (en substance) : "l’Histoire obéit à quelques règles simples depuis que la démocratie et le marché sont apparus : l’évolution va dans une direction unique, elle généralise la liberté politique et canalise les désirs vers leur expression marchande".
C’est sur cette base qu’il bâtit des scénarios du possible sur "les chances ou périls du futur"
> l’entrée pose immédiatement le propos : la Roue du Dharma symbolise le destin, tandis que l’installation de Geoffrey Farmer traduit les oeuvres de l’histoire de l’art en marionnettes.
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Geoffrey Farmer, 2013, papiers découpés courtoisie Geoffrey Fanner et Casey Kaplan
Roue de la loi (dharmacakra), Thaïlande, vers VIllème siècle, courtoisie Musée Guimet
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L’exposition illustre cette thèse par le levier d’oeuvres de toutes époques et toutes provenances ; elle est un récit épique : la parcourir est un plaisir, mais la déchiffrer demande une lecture préalable du livre, sous risque de passer à côté du propos ; parcours de quelques thèmes :
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> quelle différence entre l’exposition et le livre ?
à notre sens, du livre sourd un certain pessimisme pour ne pas dire une angoisse, alors que l’ambiance de l’exposition laisse plus d’espoirs ; est-ce dû aux personnalités de l’auteur et des commissaires ?
Les structures diffèrent, l’exposition n’est pas l’illustration du livre : "elle fait dialoguer des œuvres du passé avec des créations contemporaines afin de retracer au présent un récit du passé susceptible d’éclairer notre regard sur l’avenir" [DP]
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l’ordonnancement du monde
d’un côté la sédentarisation conduit à créer des villes et une organisation sociale royale, spirituelle et militaire ; de l’autre le nomadisme pousse les échanges et leurs instruments, monnaies, comptabilité et écriture
> plus de 3000 ans séparent ces oeuvres : un fragment de statue géante et des ouvriers bâtisseurs magnifiés par Fernand Léger ; l’art est aussi un transmetteur
poing colossal, Egypte vers1260avJC
Fernand Léger, tapisserie d’Aubusson, 1951, courtoisie Musée FL Biot
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la transmission des savoirs
"le petit d’homme est vierge de culture, de savoir ; seules la conservation des traditions ainsi que l’éducation offrent de construire ; sans ce passage de relais entre civilisations, pas d’espoir de développement" [DP]
> passage de relais illustré de manière poétique par ce tableau de Constable, avec cette mention : "J’aime les nuages, les nuages qui passent, là-bas..." de Beaudelaire dans L’étranger
John Constable, Etude de nuages... 11 sept 1821, huile, 24x30
courtoisie Royal Academy Londres
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l’élargissement du monde
...vient de l’exploration de nouvelles contrées, phénomène qui décentre les lieux de pouvoir, offre de nouveaux points de vue, de nouvelles rencontres et exalte la curiosité scientifique
> ce dessin panoramique d’Eugène Ehrmann, Les Zones terrestres, a été créé pour l’Exposition Universelle de Paris 1855
Eugène Ehrmann, Les Zones terrestres, dessin édité par la Manufacture Zuber, 1855
courtoisie Musée des Arts décoratifs Paris
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les sociétés modernes
l’exposition comme le livre confirment que l’accroissement de la productivité -fortement due aux innovations- a toujours provoqué un bouleversement des situations, un regroupement des richesses en peu de mains, de plus grandes libertés aux consommateurs et citoyens, une plus grande aliénation des travailleurs
> Philippe Jacques de Loutberbourg, Vue de Coalbrookdale de nuit, l801, Science Museum London
Philippe Jacques de Loutberbourg, Vue de Coalbrookdale de nuit, l801, Science Museum London
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ce fragment de l’Ombre de Rodin (vers 1886) a été retrouvé sous le World Trade Center NY en 2001 ; il est issu d’un travail préparatoire pour Les Ombres qui devaient orner La Porte de l’Enfer, symbole du désespoir des damnés, incarnant "vous qui entrez, laissez toute espérance" de Dante
> un étonnant échos à l’attentat de 2001 !
Rodin- fragment de l’Ombre v1886
sous le World Trade Center NY en 2001
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en conclusion, un forum :
l’exposition s’achève sur des bases de colonnes formant amphithéâtre, à la fois sculptures et assises pour débattre ; cette oeuvre de Ai Weiwei exprime une question ouverte : "des socles de colonnes sur lesquelles on peut fonder l’avenir, ou ruines ?" [Dominique de Font-Réaulx] Jacques Attali précise en conférence de presse : c’est au spectateur "décider si ce sont des ruines ou des fondations" même si Ai Weiwei donne sa réponse dans le titre de l’oeuvre
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> au dessus de Foundation de Ai Weiwei, un beau petit film de Edgar Varèse et Iannis Xenakis : Le Poème électronique, créé pour l’Exposition Universelle de Bruxelles en 1958
Ai Weiwei, Foundation, 2015, courtoisie l’artiste et film de Edgar Varèse et Iannis Xenakis, Le Poème électronique, 1958, courtoisie Philips BV
Jean de Loisy, Jacques Attali et Dominique
de Font-Réaulx en débat, sur les bases de
colonnes de Ai Weiwei (photo GMA)
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Le livre aussi laisse la porte (entre)ouverte entre 2050 et 2060 sur le combat éternel du bien et du mal, entre un hyperconflit et une hyperdémocratie, tous aussi utopiques l’un que l’autre, mais possibles ; qui vivra verra...